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Chronique d'Enguerrand de Monstrelet - index
L.II-106 - Comment le concille fu remis et ordonné a Basle par l'ennort et induction de l'empereur d'Alemaigne.

n cest an, fut par notre saint père le pape et par l'église universelle constitué à tenir un concille général en la ville de Basle, lequel avoit esté promu à estre assamblé durant le pape Martin (1). Laquelle ville de Basle est une cité assez puissant et plantureuse de biens, située et assise sur la rivière du Rin. Auquel lieu se commencèrent à assambler les députés de pluiseurs estudes et nacions. Entre lesquelz y vindrent, en notable et sollempnelle compaignie, ceulx de l'Université de Paris, les ambassadeurs de l'empereur d'Alemaigne, de pluiseurs rois, princes, prélatz et coliéges en grand nombre. Si advint que le pape Eugène volt délayer de remettre ycelui concille jusques à an et demi ensuivant, et le translater à Boulongne la Crasse, que les Grigois (2) y peussent venir. Mais pour ce que l'empereur ly escripvi moult instamment ses lettres, touchant en ycelle l'entretenement dudit concille, demeura ycelui en son estat. Desquelles lettres ou en substance la teneur s'ensuit.

                            

  Premièrement, contenoient les lettres de l'empereur, qu'il désiroit moult que le concilie de Basle ne fust dissipé, ne retardé pour l'espérance de Grieux. Car on avoit moult de fois labouré sans effect pour les atraire à l'union de nostre mère saincte Eglise, mais consilloit mieulx de arrachier et extirper les hérésies régnans. Item, car ceulx du concilie avoient escript à ceulx de Praghe (3) appelles Housses, qu'ilz venissent au présent concille, et l'empereur leur en avoit escript pareillement, et pour y venir, donné saufconduit. Et sambloit qu'ilz avoient intencion de y venir, car ilz avoient eu grand perte entre les Hongres, et si avoient esté repoussés par deux fois du duc d'Osterice (4). Item, pour ce que les Pragois sçavoient que le saint concille estoit principalment tenu pour détruire et abolir leurs hérésies, povoit-on espérer que par informacion, sans disputacion, on les convertirait à bonne créance. Item, s'il advenist qu'ilz ne se volsissent consentir, ni condescendre à raison, ceulx du concille, estans de tous pays, admonesteroient ceulx de leurs contrées à venir destruire ces Pragois. Item, pour ce qu'ilz veulent approuver leur secte par sainte escripture, se on délaissoit le concille, ilz diroient qu'on ne sçauroit que respondre à leurs raisons et que riens n'estoit du concille, et parainsi se enhardiraient en leurs faulses créances et pervers erreurs. Item, par ce que renommée couroit que le saint concilie estoit assamblé présentement pour réformer les meurs du peuple chrestien et aussi l'estat de l'Eglise, si estoit à doubter que les gens lais, qui moult parloient sur leur estat, diraient que s'en assambloit et puis qu'on départesist le concille ainsi qu'on avoit jà fait à Pise et à Constance, que c'estoit sans utilité et prouffit, et que ce n'estoit que une moquerie et confusion. Item, estoit le concille commencé pour appaisier les discencions qui par espécial estoient en la foy entre clercs et laiz, pour quoy ceulx du concille avoient jà escript et mandé aulcunes villes de venir au concille, et par espécial aulcunes villes en Saxongne, dont l'une ville est assavoir Mayerborc (5), avoit bouté hors son évesque avec le clergié, et aultres s'estoient rebellés à leurs évesques. Et pour ce qu'ilz estoient enclins aux Pragois, estoit à doubter, ou cas que le concille se départesist, que ceulx ci et aultres se metteroient avec yceulx Pragois, tant qu'à grand peine on y porroit remédier. Item, jà soit que pluiseurs princes et villes situées et assises entour les Pragois avoient fait trièves avec yceulx, toutefois la grigneur partie se tenoient encore fermemment à yceulx, espérant sur la provision du concille, mais se ilz sçavoient le département d'ycelui, si feraient aussi trièves comme les aultres, dont il s'ensuiveroit qu'ilz se ahorderoient avec les Pragois. Item, avoit on eu advis sur le concille de pacifier plusieurs rois, princes et aultres, et en ce commencé à trouver moyens de paix. Mais se le concille estoit séparé, yceulx princes estoient bien taillés d'eulx employer à guerroyer et continuer en guerre et ne remandroit (6) nulle espérance de assambler le concille, pour les sédicions et cruaultés qui advendroient. Et aussi seroient atargiés plusieurs provisions et moyens servans au prouffit commun de la chrestienté. Si advendroient grans esclandres et destructions, qui plus évidamment apparroient qu'on ne les porroit escripre, lesquelles considéracions déclarées en l'espitre de l'empereur, si estoit la conclusion en ycelle comme il s'ensuit. « Pour quoy, nous requérons à votre saincteté que incontinent escripvés au président et à ceulx du saint concille, que en nulle manière ne se départent, mais béneuréement accomplissent ce qu'ilz ont commencié et ce pour quoy ilz sont au nom de Nostre Seigneur assemblés, en rappellant et adnichillant, se aulcunes choses avez escriptes au contraire. Et vueillez considérer que les hérésies armées acroissent, se vous le faites, et déchera l'église en très piesme estat, si qu'on n'y pourra remédier par nulle puissance, par nul conseil, ne par nul engien. Et certainement, ceulx qui vous ont conseillé le département du concille n'entendoient mie les griefs maulx qui en pourraient naistre. Pleust à Dieu qu'ilz assavourassent et entendissent la fin, comme l'attente et retargement en cest cas soit moult périlleux et nullement à souffrir. Et se on doubtoit que par aventure, par les lais, peust estre usurpée aulcune chose contre l'estat de l'Eglise, pour ce qu'ilz ne doibvent jetter leur fauch en aultrui champs ou fruis. Mais pour vray, ces subtilités de retarder le saint coucille feront foursener les lais contre l'Eglise et clergié, laquelle chose on pourrait par bonne manière destourner, c'est assavoir par entretenir le concille, en quoy les lais seroient refrenés, quand ilz verraient que les clergies entenderoient au commun prouffit. Item, devez considérer qu'il est à supposer que le salut concille à ce département ne se vouldra nullement consentir, et les suivront la plus grande partie des rois, princes, prélatz et communes. Et vostre Saincteté, laquelle jusques à présent a esté bonne en sainte Eglise, sans tache, cherra par telles euvres en suspection, souspeçon et rouyl (7), et par ce département, sans royalle cause, corromperez vostre innocence. Car on pourra dire que vous nourrissiez les hérésies et occasions en terre entre les chrestiens, et persévérance de malvaix meurs et de péchiés ou peuple. Pour quoy est à doubter grandement inobédience, esclandre et discencion en l'Eglise de Dieu. Car aulcuns vous imposeront que vous avez donné matère et occasion de ces choses, et est à présumer que on trouvera assez de ceulx qui se accorderont à ce. Item, se vostre sainteté vouloit en propre personne estre présent au saint concille, ce serait bon et utile. Mais s'il ne pouvoit estre, si commandez hastivement qu'il soit entretenu ainsi qu'il est encommencié. Car ces choses, qui touchent sang et ne pueent estre sans bleceure de chrestienté, ne quièrent et ne demandent nul retardement. Item, se vostre saincteté désire au temps advenir à entendre au fait des Grigois ou autres choses, lesquelles ne quièrent mie si grand haste, si pourra bien estre célébré un autre concille, qui sera chose plus advenant et plus acceptable, que ne serait pour le présent le ralongement de cestui concille. Car il est bien à doubter, se ce concille se départ, qu'on ne pourra faire nulle assamblée dedans ung an et demi, pour les inconvéniens qui advenroient. Item, toutes lesquelles choses vuelle vostre saincteté diligamment considérer, si que ledit concille soit tantost restorré, et voelliez nostre admonicion retenir paternellement et débonnairement. Car ad ce nous constraint nostre conscience, et noz derraines nécessitez, en quoy nous véons estre mise l'Eglise de Dieu. Et aussi vostre magnificence ne vouldroit point voulentiers que de ce naquist souspeçon contre vostre saincteté, si comme plus clèrement vous donrons à congnoistre quand nous serons par devers vous. Ce que nous espérons qui sera briefment. »

  Lesquelles considéracions desus touchées, par nostredit saint père, il restora et restablit le saint concille dessusdit. Où se rassamblèrent pluiseurs seigneurs ecclésiastiques et séculiers, ambassadeurs d'estudes, prélatz et princes, en grand nombre et en grand multitude.

                                                 


Source : La chronique d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860).

Notes :
1 Le pape Martin V mourut d'un coup d'apoplexie dans la nuit du 20 au 21 février de l'an 1431. Il avait indiqué, d'abord à Pavie, puis à Sienne, enfin à Bâle, le fameux concile qui se tint dans cette dernière ville, et dont l'ouverture se fit le 23 juillet. Il eut pour successeur Eugène IV.

2 Les Grecs.

3 Prague. Elle était alors au pouvoir des Hussites.

4 Albert, duc d'Autriche.

5 Vérard écrit Mayocborg. C'est Magdebourg.

6 Remandroit, remaneroit, pour resterait.

7 Ruine.


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