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Chronique d'Enguerrand de Monstrelet - index
L.I-232 - [Comment les deux roys de France et d'Angleterre et les deux roynes, après la reddition de Meleun, retournèrent à Paris, et la proposicion faicte contre le Daulphin et les coulpables de la mort du duc Jehan de Bourgongne.]

tem, après les besongnes dessusdictes, le roy d'Angleterre et le duc de Bourgongne donnèrent congié à aucuns de leurs gens, et se partirent à tout leur ost de devant Meleun, prenans leur chemin à Corbueil où estoit le roy de France et les deux roynes de France et d'Angleterre, qui tous ensemble alèrent de Corbueil a Paris. C'est assavoir les deux roys et avec eulx les ducs de Clarence, de Bourgongne et de Bethfort et d'Excestre, les contes de Varvich, de Hontiton, de Salebery et plusieurs autres grans seigneurs. Au devant desquels roys et princes alèrent à l'encontre les bourgois de Paris, eu grant nombre et en moult belle ordonnance. Et lors estoient les rues couvertes et parées parmy Paris en plusieurs lieux de tapis et draps de parement moult riches. A l'entrée desquelz fut crié Noël par le peuple de carrefour en quarrefour, par tout où ilz passoient. Et chevaulchoient les deux roys de front l'un emprès l'autre, vestus moult richement, le roy de France au dextre costé, et après eulx estoient les ducs de Clarence et de Bethfort, frères au roy d'Angleterre. Et à l'autre costé de la rue en main se-nestre chevauchoit le duc de Bourgongne vestu de noir, et après lui estoient les chevaliers et escuiers de son ostel. Et les autres princes et chevaliers suivoient les deux rois assez près. Et ainsi chevauchant parmi les rues encontrèrent les gens d'église qui venoient en procession, lesquelz s'arrestèrent par les quarrefours où ilz devoient passer. Et adonc fut présenté aux deux roys à baiser les sainctes reliques que portoient iceulx gens d'église, et premièrement au roy de France, lequel se tourna vers le roy d'Angleterre eu lui faisant signe qu'il voulsist premier baiser, et le roy d'Angleterre en mectant main à son chaperon, faisant révérence au roy de France, lui fist signe qu'il baisast. Et en ce faisant, baisa ledit roy de France, et après lui le roy d'Angleterre. Et fut celle manière par eulx tout du long de la ville jusques à l'église Nostre-Dame, en laquelle les deux roys et les princes dessusdiz entrèrent et firent leur oroison devant le grant autel, et après remontèrent à cheval et s'en alèrent chascun en son logis, c'est assavoir le roy de France et avecques lui le duc de Bourgongne, en son hostel de Saint-Pol, et de là ledit duc de Bourgongne après qu'il eust convoyé le roy de France, ala loger en son hostel d'Artois. Et le roy d'Angleterre et ses deux frères se logèrent au chastel du Louvre, et leurs gens en plusieurs lieux par la ville, si non des gens d'armes qui se logèrent ès villages d'entour Paris.
  Et lendemain vindrent dedens Paris les deux roynes de France et d'Angleterre, à l'encontre desquelles vindrent le duc de Bourgongne et plusieurs grans seigneurs d'Angleterre et aussi les bourgois de Paris, en pareille ordonnance qu'ilz avoient esté le jour devant. Et fut de rechef faicte toute joye dedens Paris à la venue desdictes roynes. Quant est à parler des dons et présens qui furent fais dedens Paris aux dessusdis roys et par espécial au roy d'Angleterre et à sa femme la royne, il seroit trop long à réciter chascun à par soy. Et par espécial, tout le jour et toute la nuit découroit vin en aucuns carrefours habondamment par robinetz d'arain et autres conduis faiz ingénieusement, afin que chascun en prist pleinement à sa voulenté. En oultre par toute la ville de Paris généralement fut faicte grant liesse pour la paix finale des deux roys, plus que langue ne pourroit raconter.
  En après, lesdiz roys de France et d'Angleterre et leurs princes venus audit lieu de Paris, aucuns peu de jours ensuivans, fut faicte grant clameur et grant pleinte par le duc Phelippe de Bourgongne et le procureur de la duchesse sa mère, de la piteuse mort de feu Jehan duc de Bourgongne. Et pour ycelles complaintes oyr se sey le roy de France comme juge en son hostel de Saint-Pol, en la salle basse, et là estoit assis sur le mesme banc où séoit le roy de France, le roy Henry d'Angleterre, et aux piez du roy de France se séoit maistre Jehan Leclerc, chancelier de France, et assez près de lui estoit maistre Phelippe de Morviller, premier président en parlement, et plusieurs autres notables hommes du conseil du roy de France. Et d'autre costé, vers le milieu de la sale, séoit sur ung banc le duc de Bourgongne, et avecques lui pour l'accompaigner, les ducs de Clarence et de Bethfort, les évesques de Thérouenne, de Tournay, de Beauvais et d'Amiens, messire Jehan de Lucembourg et plusieurs autres chevaliers et escuiers de son conseil.
  Et adonc maistre Nicole Raolin, advocat en parlement, là estant pour le duc de Bourgongne et la duchesse sa mère, demanda aux deux roys audience de parler pour iceulx, comme il est de coustume, et après la licence obtenue proposa icellui advocat le félon homicide fait en la personne de Jehan duc de Bourgongne naguères occis, contre Charles soy disant Daulphin de Vienne, le viconte de Narbonne, le seigneur de Barbasan, Tanegui Duchastel, Guillaume Batiller, Jehan Louvet président de Prouvence, messire Robert de Loire, Olivier Laiet et tous les coulpables dudit homicide, contre lesquelz et chascun d'eulx ledit advocat concluoit à fin qu'ilz feussent mis en tumbereaulx et menez par tous les quarrefours de Paris, nues testes, par trois jours de samedi ou de festes, et tenist chascun ung cierge ardant en sa main, en disant à haulte voix qu'ilz avoient occis mauvaisement, faulsement, dampnablement et par envie le duc de Bourgongne, sans quelconque cause raisonnable ; et ce fait, feussent admenez où ilz perpétrèrent ledit homicide, c'est assavoir à Monstereau ou fault Yonne, et là deissent et représentassent lesdictes paroles ; en oultre, ou lieu où ilz l'occirent, feust faicte et édifiée une église, et là feussent ordonnez douze chanoines, six chappellains et six clers, pour y faire perdurablement le divin service, et feussent pourveuz de tous vestemens sacrez, de tables, de livres, de calices, de chappes et de toutes autres choses nécessaires et afférens. Et feussent les douze chanoines fondez chascun de deux cens livres parisis, lesdiz chappellains de cent, et les clers de cinquante, monnoye devant dicte, aux despens dudit Daulphin et de ses complices. Et aussi que la cause pour quoy seroit faicte ladicte église feust escrite de grosse lectre et entaillée en pierre ou portail d'icelle. Et pareillement en chascune des villes qui s'ensuivent, feust faicte une pareille église et ainsi pourveue, c'est assavoir à Paris, à Romme, à Gand, à Digon, à Saint-Jaques de Compostelle et en Jhérusalem où Nostre Seigneur Jhésu Crist souffry mort et passion.
  Après laquelle proposicion fut de rechef proposé par maistre Pierre de Marigny, advocat du roy en parlement, en prenant conclusions criminelles contre les dessusdiz homicides.
  En oultre, maistre Jehan Larcher, docteur en théologie, nommé par le recteur de l'Université de Paris, proposa aussi moult bien et auctentiquement devant les deux roys, en les exhortant qu'ilz feissent justice et puneissent les coulpables des crimes, et là déclaira moult de loanges, auctoritez et dignitez de justice, en exortant, comme dit est, par moult de manières lesdiz roys qu'ilz escoustassent bénignement et entendissent aux requestes et prières dudit duc, et que icelles requestes voulussent mectre à effect.
  Après lesquelles proposicions, fut respondu de par le roy de France par la bouche de son chancelier, que de la mort dudit Jehan de Bourgongne, de ceulx qui si criminellement l'avoient occis et des requestes contre eulx à lui présentement faictes de par le duc de Bourgongne son fils, il leur feroit, par la grace de Dieu et le bon advis et aide de son fils, Henry, roy d'Angleterre, régent de France et héritier, là estant, bon acomplissement de justice de toutes les choses dictes et proposées, sans faillir. Et ce fait, les deux rois et tous les autres retournèrent chascun à leur logis.

                                                 


Source : La chronique d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)

Notes :
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