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20 avril 2024  

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Chronique des Cordeliers de Paris - index
Folio 497-98

n ce temps arrivèrent Engloix au Pont-l'Evesque emprès Noyon, et là furent ung jour assalis de la garnison de Compiengne et aultres au nombre de IIIIm (1) hommes dont la Pucelle avoit le nom d'estre cappitaine. Là se deffendirent Engloix très grandement, qui n'estoient que XIIc (2) hommes; mais ils euissent eu fort tamps se il n'euissent esté secourus de monseigneur de Saveuses, qui se tenoit à Saint-Eloy de Noyon atout VIIIc hommes qui reboutèrent leurs anemis.

  Le XXI° jour de may, fu le siege mis d'un lez par deça la ville de Compiengne, là où arrivèrent les contes d'Outiton (3) et de Arondel à belle compaignie d'Engloix, lesquelx furent devant ladite ville par grande espace de tamps, et firent carpenter pons, bastilles et habillemens pour enclore ladicte ville. Lequel siege durant, firent ceulx de dedens pluiseurs saillies à très grant puissance ; car par delà l'iauwe environ Paris leur povoit venir secours de gens et de vivres sans nul dangier. Et si avoient fait une forte bastille par decha l'iaue, leur ilz alloient et se retournoient en la ville toutesfois qu'il leur plaisoit par les fossés. Et y avoit dedens celle bastille en terre pluiseurs cambres et logis de gens d'armes qui moult faisoient de maulx en l'ost des Bourguignons et des Engloix; mais communément les saillies se faisoient plus sur les Engloix que sur les Piccars.
  Dedens Compiengne se tenoit la Pucelle à grant compaignie de gens, et tous jours yssoit elle au front devant et faisoit merveilles de son corps et de ses parolles en donnant cuer à ses gens de bien faire le besongne ; et tant que le xxvii° jour de may, à une saillie que elle fist elle et le lieutenant Willaume de Flavy, pour lors cappitaine de Soissons, firent merveilles d'armes. Et estoient bien XVc (4) hommes. Là y survint messire Jehan de Luxembourg en personne au secours des Engloix qui estoient fort assallis, et y eust crueulx estour et estequis ; mais en fin fu la Pucelle prise et détenue par le bastard de Vendomme et Anthoine de Bournoville, qui estoient de la compaignie et de l'ostel dudit de Luxembourg. Et pareillement fu pris ledit lieutenant et pluiseurs hommes d'armes, et les aultres furent reboutés dedens Compiengne (5).
  De la prise de la Pucelle fu moult grant renommée partout ; en furent moult joyeux ceulx du party de Bourgongne, et ceulx des autres moult dolans ; car les uns avoient espérance et les aultres doubtoient de son fait. Se fu en fin amenée prisonnière à Beaurevoir, là où elle fu par grant espace de temps, et tant que par son malice elle en quida escapper par les fenestres; mais ce à quoy alle s'avaloit, rompy (6); si quey jus de mont aval et se rompy près les rains et le dos. De lequelle blechure elle fu long tamps malade ; et depuis ce qu'elle fu garie, fu elle delivrée aux Engloix par aucuns moyens et traitiés d'argent et fu menée à Rouen, là où on luy fist son procès tout du long. Et enfin fu condempnée comme sera dit tantost cy après quant tamps ou lieu sera.
..

                                 

                                                         

  « En ce temps, les Anglais arrivèrent au Pont-l'Évêque, près de Noyon. Là ils furent un jour assaillis par les hommes de la garnison de Compiègne et par d'autres, formant une armée de quatre mille hommes, dont on disait que la Pucelle était capitaine. Les Anglais, qui n'étaient que douze cents hommes, se défendirent très grandement ; mais ils auraient eu rude besogne s'ils n'eussent été secourus par Mgr de Saveuse qui se tenait à Saint-Éloy-de-Noyon, avec huit cents hommes qui repoussèrent les ennemis.

  Le XXIe jour de mai, le siège fut mis d'un côté, par deçà de l'Oise, devant Compiègne, où les comtes d'Houtiton, d'Arondel, vinrent avec nombreuse compagnie d'Anglais. Ils furent longtemps devant la ville; et ils firent charpenter ponts, bastilles et autres appareils pour enclore la place. Les assiégés, pendant que durait le siège, firent plusieurs sorties avec de très grandes forces ; car ils pouvaient sans nul danger recevoir secours d'hommes et de vivres de par delà l'Oise, du côté de Paris. Ils avaient fait une forte bastille par delà l'Oise, par laquelle ils allaient et revenaient en la ville par les fossés tant qu'il leur plaisait. En cette bastille en terre se trouvaient plusieurs chambres et logis pour les hommes d'armes qui faisaient grands maux en l'armée des Bourguignons et des Anglais ; mais communément la sortie se faisait surtout sur les Anglais, plus que sur les Picards.
  La Pucelle se tenait dans Compiègne avec grande compagnie de gens ; tous les jours elle faisait des sorties, au front des assaillants ; elle accomplissait des merveilles par ses coups et ses paroles, donnant coeur à ses gens de bien faire leur devoir, si bien que le 27 mai (7), à une sortie qu'elle fit, elle et le lieutenant (de) Guillaume de Flavy, pour lors capitaine de Soissons, ils firent des prodiges de valeur. Ils étaient bien seize cents hommes. Messire Jean de Luxembourg survenant en personne au secours des Anglais, il y eut une rude mêlée, mais la Pucelle finit par être prise et retenue par le bâtard de Vendônne et Antoine de Bournonville, tous deux de la compagnie et de la maison dudit Luxembourg. Pareillement furent pris le ledit lieutenant et plusieurs autres hommes d'armes. Le reste des combattants fut repoussé dans Compiègne.

  Il fut partout grand bruit de la prise de la Pucelle; ce fut un grand sujet de joie pour le parti bourguignon, de grande douleur pour le parti opposé ; car ceux-ci fondaient sur elle grande espérance, tandis que les autres en avaient grande frayeur. Elle fut enfin amenée prisonnière à Beaurevoir, où elle fut détenue grand espace de temps, au point que par ses ruses elle faillit s'en échapper par les fenêtres ; mais ce par quoi elle se glissait rompit; et elle chut de haut à terre. Elle se rompit presque les reins et le dos, et fut longtemps malade de ses blessures. Lorsqu'elle fut guérie, elle fut mise entre les mains des Anglais à la suite de négociations ; et par contrat d'argent elle fut menée à Rouen où son procès lui fut fait tout au long. Elle fut condamnée, ainsi qu'il sera dit ci-après, en temps et lieu.


                                                 


Source : édition Jules Quicherat - 1882.
Mise en Français plus moderne : J.-B.-J. Ayroles "La vraie Jeanne d'Arc - t.III.


Notes :
1 Quatre mille.

2 1200.

3 Huntingdon.

4 Mille cinq cents hommes.

5 Erreur du narrateur, Guillaume de Flavy ne fut pas pris dans cette "saillie".

6 Ndlr : La chronique des Cordeliers est la seule à présenter ainsi la tentative d'évasion de Beaurevoir. Cette version ne tient pas la critique. En effet :
- Dans le procès de condamnation, Jeanne est accusée d'avoir voulu se suicider pour échapper aux Anglais en "se précipitant du sommet d'une haute tour" du chateau de Beaurevoir. Jeanne aurait très facilement fait tomber cette accusation si elle avait réellement tenté de s'échapper "en se laissant glisser etc..." or elle nie avoir voulu se suicider mais avoir voulu seulement "sauter en se recommandant à Dieu et à Notre-Dame" pour aller porter secours à ses amis de Compiègne
(interr. du 3 mars, du 14 mars, art.41 du réquisitoire d'accusation).
- Il est douteux que sur une tour d'un chateau médiéval, face à l'extérieur, il y ait une fenêtre ou même une ouverture assez large pour laisser passer Jeanne. Ce sont habituellement de simples meurtrières permettant de tirer à travers. Pour la même raison, le saut n'a effectivement pu avoir lieu que du "haut de la tour" soit au moins 10 mètres. D'ailleurs cette chronique ne précise pas "tour" ou "donjon" alors qu'il est clairement déclaré dans le procès qu'elle sauta du donjon.
  Ce qui nous laisse très impressionné, d'une part par l'extraordinaire courage physique de et moral cette gamine de 18 ans qui n'a pas hésité à sauter d'une hauteur incroyable pour s'évader et d'autre part par ce qu'on appellera selon que l'on est croyant ou non "la protection divine" ou la "bonne étoile" de Jeanne qui s'en est sortie avec un gros choc traumatique mais sans fracture et sans séquelles !

7 C'était le 23 mai.




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