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Chronique de la Pucelle - index
17 - Démêlés entre les héritiers d'Armagnac

n ce temps advint un grand brouillis en Rouergue, en la comté d'Armagnac, dont fussent venus plusieurs inconvéniens, s'il n'y eust esté mis remède, car la mère du comte d'Armagnac et du seigneur de Perdriac, son frère, avoit plus grand amour à Perdriac moinsné (1) que à l'aisné, et eust bien voulu tant faire que l'aisné eust laissé la comté à Perdriac ou qu'il eust bien largement de la succession du père.
  Le mareschal de Séverac qui estoit lors puissant de gens, estoit de cette volonté, et tendoit à cela ; le dit de Perdriac l'appelloit son père et Séverac l'appeloit son fils , et disoit qu'il seroit son héritier ; et est vray que le dit de Séverac estoit subjet et vassal du comte d'Armagnac. Finalement ils firent tant que le dit comte d'Armagnac, avec sa mère et Séverac, vinrent aux Cordeliers de Rodès hors la ville, et le tinrent là comme prisonnier, par aucun temps, et le vouloient induire à consentir à aucunes choses à luy bien préjudiciables, et cependant on gardoit les entrées des maisons des dits Cordeliers, tellement que personne n'y entroit sans le congé du dit Séverac.
  Le comte d'Armagnac fit tant, qu'il trouva un compaignon qui alla vers le seigneur d'Alpajon, luy requérir qu'il vint parler à luy, et y alla le message, et luy dit les manières qu'on tenoit au dit comte ; et le dit Alpajon comme bon et loyal serviteur et vassal, en eut grand déplaisance et vint ausdits Cordeliers, et fit tant qu'il y entra et parla au comte, lequel luy dit les choses qu'on luy faisoit et vouloit faire, et spécialement le dit de Séverac.
  Alors eut hautes paroles entre le dit d'Alpajon et Séverac ; et le dit d'Alpajon en s'en allant dehors, dit que Séverac, en faisant ce qu'il faisoit estoit faux et mauvais traistre et desloyal ; puis il monta à cheval et s'en alla. Le dit seigneur de Séverac se sentit fort injurié et s'en alla aussi, et par ce moyen tout fut rompu : et assez tost après il envoya un poursuyvant vers le dit d'Alpajon avec lettres de deffiances parties par a, b, c, c'est à sçavoir, qu'elles estoient escrites dessus et dessous d'une feuille de papier, et au milieu estoient trois lettres parmy coupées, contenans deffiances (2). Le dit d'Alpajon ne faillit pas à faire response, et tellement que guerre mortelle estoit ouverte ; et tous les deux disoient et maintenoient qu'ils pouvoient en Guyenne faire guerre l'un et l'autre de leur propre auctorité et qu'ils en avoient usé au temps passé.
  La chose vint à la cognoissance du roy, lequel leur envoya diligemment deffendre la voye de faict, et ordonna qu'on les adjournast tous deux en Parlement, pour comparoir en personne pour faire telles demandes qu'ils vouloient l'un contre l'autre, fust en gage de bataille ou autrement ; car en craignoit fort la division au pays de par de là, veue la guerre qui y estoit. Les parties comparurent au jour assigné ou autres dépendans, par plusieurs et diverses fois , et y eut ès matières de grands plaidoyers et escritures longues et prolixes ; et le roy et autres leur parloient souvent d'accorder, leur remonstrant que les paroles avoient esté chaudement dites ; mais remède ne s'y pouvoit trouver, combien qu'il s'entre-aimassent auparavant comme frères.
  Or advint une fois que tous deux estoient à Meun sur Yèvre (3), et Séverac estoit en la chambre du roy et en vouloit issir, et le seigneur d'Alpajon ignorant qu'il y fust, cuidoit y entrer, et se rencontrèrent l'un l'autre et heurtèrent des poitrines et s'acolèrent et baisèrent soudainement, pleurans à chaudes larmes, et pardonnèrent l'un à l'autre tous mal-talens, et furent bons amis ensemble, qui fut un grand bien, car ils pouvoient fort ayder au roy et résister aux ennemis, ce qu'ils firent, et laissèrent la division qui sembloit bien périlleuse ceux qui cognoissoient l'estat du royaume.

                                                 


Source : édition Vallet de Viriville - éd.1859

Notes :
1 Puîné.

2 Ce genre de pièces est connu des diplomates sous le nom de chartes parties, particles ou endentures. Ce procédé avait pour but de constater avec certitude l'origine commune des deux copies.

3 L'une des résidences habituelles du Roi.



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