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Chronique de la Pucelle - index
52 - Comment François recouvrèrent le pont de Mehung sur Loire et Baugency

e mercredy, quinziesme jour de juin mille quatre cent vingt-neuf, Jean, duc d'Alençon, lieutenant général de l'armée du roy, accompaigné de la Pucelle et de plusieurs haults seigneurs, barons et nobles, entre lesquels estoient Monseigneur Louys de Bourbon, comte de Vendosme ; le sire de Rays, le sire de Laval, le sire de Lohéac, le vidame de Chartres, le sire de la Tour, et autres seigneurs, à tout grand nombre de gens de pied et grand charroy chargé de vivres et d'appareil de guerre, se partirent d'Orléans pour mettre le siège devant quelques places angloises. Tenans leur voye droit à Baugency, ils s'arrestèrent devant le pont de Meun, que Anglois avoient fortifié et fort garny, et tantost à leur venue, fut prins par assault et garny de bonnes gens. Et ce fait, François n'arrestèrent point ; mais pensans que les sires de Tallebot et de Scales se fussent retrais, ils allèrent devant Baugency. Pour la venue desquels Anglois abandonnèrent la ville, et se retrairent sur le pont et au chasteau. Adoncques François entrèrent dedans ladicte ville et assiégèrent le pont et le chasteau par devers Beausse ; si dressèrent et assortirent là canons et bombardes, dont il battirent fort ledict chasteau (1).

  Le comte de Richemont, connestable de France, vint en cestuy siège, à grand chevalerie ; et avec luy estoient le comte de Perdriac, Jacques de Dinan, frère du seigneur de Chasteaubriant, le seigneur de Beaumanoir, et autres. Et d'autant que ledict connestable estoit dans l'indignation du roy, et à ceste cause tenu pour suspect, il se mist en toute humilité devant ladicte Pucelle, luy suppliant que, comme le roy luy eust donné puissance de pardonner et remettre toutes offenses commises et perpétrées contre luy et son authorité, et que, pour aucuns sinistres rapports, le roy eust conceu hayne et mal talent contre luy, en telle manière qu'il avoit faict faire deffense, par ses lettres, que aucun recueil, faveur ou passage ne luy fussent donnez pour venir en son armée : la Pucelle le voulust, de sa grace, recevoir pour le roy au service de sa couronne, pour y employer son corps, sa puissance et toute sa seigneurie, en luy pardonnant toute offense. Et à celle heure estoient illec le duc d'Alençon et tous les haults seigneurs de l'ost, qui en requirent la Pucelle ; laquelle leur octroya, parmy ce qu'elle receut en leur présence le serment dudict connestable, de loyalement servir le roy, sans jamais faire ny dire chose qui luy doibve tourner à desplaisance. Et à ceste promesse tenir ferme, sans l'enfraindre, et estre contraincts par le roy si ledict connestable estoit trouvé défaillant, lesdicts seigneurs s'obligèrent à la Pucelle par lettres sellées de leurs seaulx.

  Si fut alors ordonné que le connestable mettroit siège du costé de Soulongne, devant le pont de Baugency. Mais le vendredy, dix-septiesme jour du mois de juin, le baillif d'Evreux, qui estoit dedans Baugency, fist requérir à la Pucelle traicté, qui fut faict et accordé entour minuit, en telle manière qu'ils rendroient au roy de France, entre les mains du duc d'Alençon et de la Pucelle, le pont et le chasteau, leurs vies sauves, lendemain à heure de soleil levant, et sans emporter ny mener, fors leurs chevaux et harnois, avec aucuns de leurs meubles montans pour chascun à un marc d'argent seulement, et qu'ils s'en pourroient franchement aller ès pays de leur party ; mais ils ne se debvoient armer jusques après dix jours passés. Et en ceste manière se departirent Anglois qui estoient bien nombrez à cinq cens combatans, qui rendirent le pont et le chastel, le sabmedy, dix-huictième jour de juin mille quatre cent vingt-neuf.

                                                         

  Le mercredi, quinzième jour de juin 1429, Jean, duc d'Alençon, lieutenant général de l'armée du roi, accompagné de la Pucelle et de plusieurs hauts seigneurs, barons et nobles, parmi lesquels Mgr Louis de Bourbon comte de Vendôme, le sire de Rais, le sire de Laval, le sire de Lohéac, le vidame de Chartres, le sire de La Tour, et autres seigneurs, avec grand nombre d'hommes de pied, et grand convoi chargé de vivres et d'appareils de guerre, partirent d'Orléans pour mettre le siège devant quelques places anglaises. Tout en tenant leur chemin droit vers Baugency, ils s'arrêtèrent devant le pont de Meung, que les Anglais avaient fortifié et fort garni, et aussitôt après leur arrivée, il fut pris par assaut et pourvu de vaillants défenseurs. Cela fait, les Français ne s'arrêtèrent pas, mais, pensant que les sires de Talbot et de Scales s'étaient retirés, ils allèrent devant Baugency. Leur venue fit que les Anglais abandonnèrent la ville et se retirèrent sur le pont et au château. Les Français entrèrent donc dans la ville, et assiégèrent le pont et le château par devers la Beauce, dressant et pointant de ce côté canons et bombardes, et battant fort ledit château.

  Le comte de Richemont, connétable de France, vint à ce siège avec grande chevalerie : avec lui étaient le comte de Pardiac ; Jacques de Dinan, frère du seigneur de Beaumanoir, et d'autres. Le Connétable étant alors en l'indignation du roi, et à cette cause tenu pour suspect, se mit en toute humilité devant la Pucelle. Il la supplia que, puisque le roi lui avait donné puissance de pardonner et de remettre toutes les offenses commises et perpétrées contre lui et son autorité, et que, à cause de sinistres rapports, le roi ayant conçu haine et mal talent contre lui, au point de faire défense par ses lettres qu'aucun accueil, faveur ou passage lui fussent donnés pour venir en son armée, la Pucelle voulût bien, de sa grâce, le recevoir à la place du roi au service de la couronne, résolu qu'il était d'y employer son corps, sa puissance et toute sa seigneurie, toute offense lui étant pardonnée. En ce moment se trouvaient là le duc d'Alençon et tous les hauts seigneurs de l'armée, qui firent pareille requête à la Pucelle; elle la leur octroya, à condition de recevoir en leur présence le serment dudit Connétable de loyalement servir le roi, sans jamais faire ni dire chose qui dut lui tourner à déplaisance. Les seigneurs s'obligèrent à la Pucelle, par lettres scellées de leurs sceaux, à ce que cette promesse fût tenue ferme, sans être enfreinte, et à l'y contraindre de par le roi si ledit Connétable était trouvé infidèle.

  Il fut alors ordonné que le Connétable mettrait le siège du côté de la Sologne, devant le pont de Baugency; mais le vendredi dix-septième jour du mois de juin, le bailli d'Évreux, qui défendait Baugency, fit demander à la Pucelle de traiter; ce qui fut fait et accordé à l'entour de minuit, à la condition de rendre au roi de France, le lendemain au soleil levant, entre les mains du duc d'Alençon et de la Pucelle, le pont et le château; moyennant quoi les Anglais auraient leurs vies sauves, et pourraient franchement s'en aller en pays de leur parti, sans emporter ni mener autre chose que leurs chevaux et leurs harnais, et de leurs meubles montants, chacun pour la valeur d'un marc d'argent seulement; et ils ne se devaient armer qu'après dix jours passés. C'est en cette manière que se retirèrent les Anglais, au nombre de cinq cents combattants, après avoir rendu le pontet le château, le samedi dix-huitième jour de juin 1429.


                                                 

Source : édition Vallet de Viriville - 1859

Notes :
1 Voir Journal du siège.



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