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28 mars 2024  

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par Henri Wallon

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Le miroir des femmes vertueuses - index
Comment ladicte Jehanne fut injustement condamné à estre bruslée au marché
de Rouen où est présentement l'église Sainct-Michel..

es Angloys firent faire le procès de la Pucelle à Rouen et sous couleur de justice, sans toutesfoys que en elle ilz eussent trouvé vice, macule ne crime quelconques, mais pour ce que publiquement elle portoit habit d'homme (jaçoit ce qu'elle leur eust dit et declaré qu'elle le faisoit, affin que les hommes avec lesquelz luy estoit force de fréquenter pour les affaires du royaulme, ne prenissent en elle charnelles ne lubricques fantasies) : tout ce néantmoins ilz la firent par ung angloys, évesque de Beauvais, condampneret declarer hérétique ; et par leur juge seculier fut condampnée à estre bruslée au marché de Rouen où à présent est l'église de monseigneur Sainct-Michel (1).
  Avant toutesfoys que luy prononcer sa sentence, fut de rechef esprouvée et interroguée devant divers juges en plusieurs consistoyres, enquerans plusieurs choses touchant la foy et loy de Jésu-Christ ; car ilz cuidoyent que Charles, roy de France, eust prins celle femme instruicte par art magique, et pour tant, qu'il eust erré en la foy catholique : par quoy le tenoyent indigne de tenir le royaulme. Et combien qu'ilz n'y eussent trouvé que toute saincteté et vie chrestienne, néantmoins plusieurs par flaterie, comme est la coustume de aulcuns, pour complaire aux Angloys ennemys, s'efforcèrent surmonter la Pucelle, tant par fallaces de sophisterie que aultrement ; combien qu'elle mist soy avec tout ce qu'elle avoit faict, et doncques ilz l'accusoyent, à l'examen du Sainct Siege apostolique : remonstrant que ilz ne debvoyent estre juges et parties. Toutesfoys tout ce ne luy vallut ne empescha qu'ilz ne parfeissent leur cruelle et injuste entreprinse ; car entour les tyrans ont tousjours esté maulvais conseilliers, qui par inique affection ou flaterie aveuglez, pour la grace des princes acquerir, ont procuré la condamnation des justes preudhommes et les ont faict pugnir comme pecheurs et malfaicteurs ; car à ce où ilz voyent le couraige des princes et tyrans enclins, par tous les moyens se appliquent à leur complaire.
  Par ainsi mourut la Pucelle. Et fut celle sentence exécutée à la fin de may mil CCCC XXXI, comme il appert par les lettres nombrables de ce verset :

                                  IgnIbVs oCCVbVIt geMInIs ILLVsa pVeLLa.

  Et son corps fut réduict en cendres, qui depuis furent jectées au vent hors la ville de Rouen. Ne oncques puis les Angloys ne prospérèrent en France ; ains en furent dejectez, ensemble de tous les pays circonvoysins,à leur grant honte et confusion. Et est à présumer que ce fut par le juste jugement de Dieu, lequel ne voulut, entre aultres iniquitez et pilleries par eulx commises, que le jugement par eulx ainsi faict de ladicte Pucelle demourast impugny ;
                                               Car par expérience on voit,
                                               Ce que on dict communement,
                                               Que Dieu, vray juge, quant que soit,
                                               Rend à chascun son payement.

  

                                                         

  Les Anglais firent faire à Rouen le procès de la Pucelle, et sous couleur de justice. Toutefois ils ne trouvèrent en elle ni vice, ni macule, ni crime quelconque, mais tous leurs griefs furent qu'elle portait publiquement un habit d'homme ; encore qu'elle leur eût dit et déclaré qu'elle le faisait, afin que les hommes qu'elle était forcée de fréquenter pour les affaires du royaume, ne prissent en elle ni voluplueuses ni lubriques fantaisies, et, nonobstant semblable explication, ils la firent condamner et déclarer hérétique par un Anglais, évêque de Beauvais ; et elle fut condamnée par leur juge séculier à être brûlée au marché de Rouen où est maintenant l'église de Monseigneur saint Michel (2).
   Toutefois, avant de prononcer contre elle la sentence, elle fut derechef examinée et interrogée devant divers juges en plusieurs séances, où elle était questionnée sur plusieurs choses touchant la foi et la loi de Jésus-Christ ; car ils supposaient que Charles, roi de France, s'en était servi comme d'une femme instruite en l'art magique, et que, par suite, il eût erré en la foi catholique ; ce pourquoi ils le tenaient indigne de garder le royaume. Quoiqu'ils n'eussent trouvé en elle que toute sainteté et vie chrétienne, néanmoins par flatterie, comme c'est la coutume de beaucoup d'autres, pour complaire aux Anglais ennemis de la France, plusieurs s'efforcèrent de prendre la Pucelle, tant par des sophismes fallacieux qu'autrement, quoiqu'elle remît sa personne, tout ce qu'elle avait fait, et tout ce dont on l'accusait, à l'examen du Saint-Siège apostolique, remontrant qu'ils ne devaient pas être juges et partie. Rien de tout cela ne les arrêta et n'empêcha qu'ils n'accomplissent leur cruelle et injuste entreprise ; car autour des tyrans se sont toujours trouvés de mauvais conseillers qui, aveuglés par inique affection ou par flatterie, pour acquérir la grâce des princes, ont procuré la condamnation des justes prud'hommes et les ont fait punir comme pécheurs et malfaiteurs. Là où ils voient qu'incline le coeur des princes et des tyrans, ils s'appliquent par tous les moyens à leur complaire.
  Par ainsi mourut la Pucelle.  Cette sentence fut exécutée à la fin de mai MCCCCXXXI, comme c'est manifeste par les lettres numérales de ce vers :


                                  IgnIbVs oCCVbVIt geMInIs ILLVsa pVeLLa. (3)

Son corps fut réduit en cendres, et ces cendres furent ensuite jetées au vent, hors de la ville de Rouen. Les Anglais, depuis, n'eurent plus de
prospérité en France ; ils en furent rejetés, ainsi que de tous les pays
circonvoisins, à leur grande honte et confusion. Il est à présumer que ce fut par le juste jugement de Dieu, qui, parmi d'autres iniquités et déprédations
commises par eux, ne voulut pas que la condamnation portée
contre la Pucelle restât impunie,
                                             Car par expérience on voit
                                             Ce que on dit communément,
                                             
Que Dieu vrai juge, quanque soit (4),
                                             Rend à chacun son paiement.

                                                 


Source : "Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc" - Quicherat - t.IV, p. 267
Mise en Français plus moderne : J.-B.-J. Ayroles "La vraie Jeanne d'Arc - t.III.

Notes :
1 Si l'auteur prétend par là que Saint-Michel n'existait pas lors du supplice de Jeanne d'Arc, il se trompe ; on trouve cette église mentionnée dès le XIIe siècle ; mais peut-être veut-il seulement donner à entendre qu'elle avait été rebâtie et avancée sur la place, après la réhabilitation. Il n'en reste rien aujourd'hui. (Quicherat)

2 Ce qui suit jusqu'à ces mots : par ainsi mourut la Pucelle, a été ajouté par l'auteur du Miroir des femmes vertueuses au texte d'Alain Bouchard. (Ayroles)

3 « Sous le signe des Gémeaux périt dans les flammes la Pucelle trompée ». D'après Vallet de Viriville, ces vers chronogrammes auraient été composés par Odon de Fouillac, précepteur de Jean, comte d'Angoulême. On les a vus dans la Chronique du Mont-Saint- Michel

4 Qui que l'on soit.



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