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Chronique normande de Pierre Cochon
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 'an mil .cccc. xxviiij., devant Pasques, fu mis le siège des Anglois devant la ville d'Orliens; et là se fortefierent les dits Anglois très fort de fossés, bosclevers bastilles, et y furent jusques au mois de juing l'an .cccc. xxix., euquel mois yssirent ceulz de dens la dicte ville, avec autres grant quantité de gens d'armes et une jeune fille que l'en apeloit la Pucele. Et disoient plusieurs qu'elle estoit envoié, de par Dieu, pour aidier à Charles, daulphin filz de Charles, roy de France, trespassé, à reconquester son royaume que avoit conquis ledit Henry, roy d'Engleterre, dont devant est fait mencion. Et iceulx gens d'armes et Pucelle, ainsi yessus, assaillerent à force les bollevert[s] des dits Anglois, et y boterent le feu, et tuerent une grant quantité d'Anglois, tant qu'i fallu que les dits Anglois levassent ledit siege, et s'enfouissent. Et ainssi furent tous esbahis.

  Item, en icellui an et eu dit moys de juing, environ la Sainct-Jean, se ralierent les dits Englois pour aller contre les dits Franchois qui les avoient ainsi capponnez,et les trouverent plus tôt que mestier ne leur estoit; car les dits Franchois prindrent deux forteresses, l'une nommée Gargiau, et l'autre Bojency et y tuerent grant quantité des dits Anglois, et si y gaignerent grossez finances et des canons, bombardes et autres abillements de guerre. Et incontinent vindrent lesdits Franchois vers une forteresse nommée Yenville, et trouverent et rencontrerent les dits Anglois à grosse compaignie, et là defferirent sur eulx si aprement, car les dits Anglois ne se savoient comme deffendre, et là furent plusieurs tués, et les autres prisonniers. Et demeurerent Franchois les maistres Et là furent prins .iij. grans seigneurs anglois, c'est assavoir : le conte de Sufford, monsr. de Scallez et ung nommé Tallebot, lequel estoit .j. des bons routiers des Anglois. Et n'eschappa des Anglois, sinon ung nommé messire Jehan FFalstof, avec environ .vij. ou .viij. cens Anglois qui estaient à cheval, qui s'en fuirent, quant il vidrent que mal part tournet. Et, se ilz eussent estoié à pié, comme estoient ceulx de la grosse bataille des dits Anglois, il n'y en fu jà demouré pié qui n'eust esté mort ou prisonnier. Et là furent Anglois très bien catrés, plus que onques mès n'avoient esté en France. Et s'en vouloient retourner en Angleterre et leissier ainssi le pais, se le regent leur eust souffert. Et estoient adonc Anglois si abolis que ung Franchois en eust cachié trois.

                            

  Item, en icellui an, tant eu dit moys de juing que eu moys de juillet ensuiant, prindrent les dis Franchois deux forteresses, l'une nommée Meun, et l'autre Yenville; et auxi, au dit mois de juillet, conquirent plusieurs forteresses comme Troès, Ausseurre, Rains et plusieurs aultres. Et se fit le dit dauphin sacrer à Rains par l'archevesque du lieu qui estoit à sa com-paignie. Et eust mout de grant seigneurs au sacre. Et après conquit plusieurs forteresses comme Compiengne, Senlis et plusieurs autres; et doubtoit chacun le dit Charlez. Et conquit en .ij. mois ce que les Anglois avoient mis à conquerre plus de .iij. ans. Et cregnoit l'en mout celle Pucelle ; car elle usoit de soumassions, et disoit que, se l'en ne se rendoit, elle prendroit d'assaul (1). Et avoit avec elle grant quantité de gens de pais à pié, lesquielx faisoient très bien leur devoir, et avoient fait ès batailles contre les Anglois. Car les Anglois les avoient menachiés d'ardoier : par quoy ilz estoient plus indignez contre eulx.

                                                         

  L'an 1428, avant Pâques le siège fut mis par les Anglais devant la ville d'Orléans, où ils se fortifièrent très fort de fossés, boulevards et bastilles. Et ils y furent jusqu'au mois de juin de l'an 1429. En ce mois, ceux de dedans la ville sortirent avec une autre quantité de gens d'armes, et une jeune fille que l'on appelait la Pucelle. Plusieurs disaient qu'elle était envoyée de par Dieu, pour aider Charles, Dauphin, fils de Charles, roi de France, trépassé, à recouvrer son royaume, qu'avait conquis Henri, roi d'Angleterre, dont devant il est fait mention. Lesdits gens d'armes et la Pucelle sortirent ainsi, assaillirent de force les boulevards des Anglais, y mirent le feu, et tuèrent une grande quantité d'Anglais, tant qu'il fallut que lesdits Anglais levassent le siège, s'enfuissent; et ainsi ils furent tous ébahis.

  Item. En cet an, et audit mois de juin, environ la Saint-Jean, les Anglais se rallièrent pour aller contre les Français qui les avaient ainsi battus, et ils les trouvèrent plus tôt qu'ils n'en auraient eu besoin, car lesdits Français prirent deux forteresses, l'une nommée Jargeau, l'autre Baugency; ils y tuèrent grande quantité desdits Anglais, ils y gagnèrent grosses finances, des canons, des bombardes et d'autres instruments de guerre ; et incontinent ils vinrent vers une forteresse nommée Janville. Ils trouvèrent et rencontrèrent les Anglais à grosse compagnie, et là ils tombèrent sur eux si âprement que les Anglais ne savaient comment se défendre. Plusieurs y furent tués, les autres faits prisonniers, et les Français demeurèrent les maîtres. Là furent pris trois grands seigneurs anglais, à savoir le comte de Suffolk, M. de Scalles, et un nommé Talbot qui était un des bons routiers des Anglais. Il n'échappa des Anglais qu'un nommé Jean Fastoff, avec sept ou huit cents Anglais qui étaient à cheval. Ils s'enfuirent quand ils virent que la partie tournait mal ; s'ils eussent été à pied, comme ceux du gros de l'armée, il ne serait pas demeuré un seul homme qui n'eût été mort ou prisonnier ; et là les Anglais furent bien matés, plus que jamais ils ne l'avaient été en France. Ils voulaient s'en retourner en Angleterre et laisser le pays, si le régent l'eut souffert ; et les Anglais étaient alors si anéantis qu'un Français en eût chassé trois.

  Item. En cet an, tant audit mois de juin qu'au mois de juillet qui suivit, les Français prirent deux forteresses, l'une nommée Meung et l'autre Janville, et aussi audit mois de juillet ils conquirent plusieurs autres places fortes, comme Troyes, Auxerre, Reims, et plusieurs autres. Le Dauphin se fit sacrer à Reims par l'Archevêque du lieu, qui était en sa compagnie, et il y eut beaucoup de grands seigneurs au sacre (*). Après, il conquit plusieurs forteresses comme Compiègne, Senlis et plusieurs autres. Chacun redoutait ledit Charles; il reconquit en deux mois ce que les Anglais avait mis plus de trois ans à conquérir. L'on craignait beaucoup cette Pucelle ; car elle usait de sommation, et disait que si l'on ne se rendait pas, elle prendrait d'assaut. Elle avait avec elle grande quantité de gens du pays à pied ; lesquels faisaient très bien leur devoir et l'avaient fait dans les batailles contre les Anglais. Car les Anglais les avaient menacés de mettre le feu, pourquoi ils étaient plus indignés contre eux.


                                                 


Source : "La chronique normande de Pierre Cochon" - Édition Charles de Robillard de Beaurepaire - 1870.
Mise en Français modernisé par
J.B.J. Ayroles - La vraie Jeanne d'Arc - t.III, p. 468.

Notes (Beaurepaire) :
1 On voit par là qu'en dehors du parti français le sentiment que la Pucelle avait inspiré était, avant tout, un sentiment de terreur. Le siège de Paris ne fit que l'accroître.

* correction du texte de Ayroles.




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- la geste des nobles français
- la chronique de la Pucelle
- le journal du siège d'Orléans
- la chronique de Jean Chartier
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- la chronique de Tournay
- l'histoire de Charles VII de Thomas Basin
- la chronique du héraut d'armes Berri
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- la chronique de Richemont
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