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18 avril 2024  

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par Henri Wallon

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La registre delphinal de Mathieu Thomassin - index
IV

lusieurs autres grans faiz ont esté faictz, tant par assault de villes et chasteaux, par rencontres, [par prises] de villes que autrement par laditte Pucelle, qui trop longs seraient à mectre icy. Et jà soit que ce qui a esté fait par laditte Pucelle, ait esté fait seulement dedans le royaume de France, et non pas dedans le Daulphiné, toutesfois je l'ay voulu mettre en cestuy registre, au moins le plus espécial, pource que les faiz de laditte Pucelle ont esté faictz du temps que mondit seigneur Charles estoit daulphin, et a esté fait de son temps et dessoubs luy ; aussi pour ce que le Daulphiné [a esté] inséparablement, comme dit est, joinct audit royaume, et se le royaume eust esté perdu (1), comme on a fait ses efforts, comme sera cy dessoubs declaré.
  D'autre part la matière de la Pucelle est si haulte et si merveilleuse que c'est chose bien à noter et digne d'entrer en tous livres-registres, pour mémoire perpétuelle, à la gloire de Dieu et honneur du royaume et du Daulphiné.
  Les Anglois et Bourguignons disoient plusieurs paroles diffamables et injurieuses de laditte Pucelle et avec ce la menaçoient que, s'ilz la pouvoient tenir, ilz la feroient mourir maulvaisement.
  Elle fut par aucuns interroguée de sa puissance, se elle dureroit guères, et se les Anglois avoient puissance de la faire mourir. Elle respondit que tout estoit au plaisir de Dieu ; et si certifia que, s'il luy convenoit mourir avant que ce pour quoy Dieu l'avoit envoyée fust accomply, que après sa mort elle nuyroit plus ausditz Anglois qu'elle n'auroit fait en sa vie, et que non obstant sa mort, tout ce pour quoy elle estoit venue se accomplirait : ainsi que a esté fait par grace de Dieu, comme clerement et évidemment il appert et est chose notoire de nostre temps.
  Laditte Pucelle a souvent parlé à mondit seigneur daulphin à Paris, et luy a dit des choses secrètes que peu de gens sçavent.
  Laditte Pucelle fut trahie et baillée aux Anglois devant la ville de Compiègne, et fut menée à Rouen, et là luy fut fait ung procez de sa vie, pour trouver aucune chose sur elle pour la faire mourir ; et autre chose ne sceurent trouver sur elle, mais qu'elle avoit laissé l'habit ordonné pour femme et prins habit d'homme, qui est chose deffendue. A ce et ès autres choses desquelles elle fut interroguée, elle respondit tellement que on n'y sçavoit que repliquer. Et non obstant ce, elle fut condempnée à mourir au feu, pour occasion seulement dudit habit d'homme. Elle fut menée au feu, et là mourut et fut bruslée.
  On dit que durant son procez et sa mort furent faictes choses merveilleuses, dont procez a esté faict de l'auctorité de l'église. Celui qui l'a veu et leu en a eu la copie qu'il me debvoit envoyer, que je n'ai pas encore eue : dont me desplaist, car j'en eusse icy faict mencion des choses principalles.

                                                         

  Par assauts de villes et de châteaux, par batailles, par prises de villes comme autrement, plusieurs autres grands faits ont été accomplis par la Pucelle. Ils seraient trop longs à mettre ici.
  Encore que ce qui a été fait par elle, l'ait été seulement dans le royaume de France et non pas dans le Dauphiné, j'ai voulu toutefois le mettre en ce registre, au moins le principal, parce que ces faits se sont passés lorsque mondit seigneur Charles était Dauphin, de son temps et sous lui, et aussi parce que, ainsi qu'il a été dit, le Dauphiné a été inséparablement uni au royaume. Si le royaume eût été perdu (le Dauphiné l'eût été aussi) (2), ainsi qu'on en a fait effort, comme il sera déclaré ci-dessous.
  D'autre part la matière de la Pucelle est si haute et si merveilleuse, que c'est chose bien à noter, et digne d'entrer pour perpétuelle mémoire, dans tous les livres-registres pour la gloire de Dieu, l'honneur du royaume et du Dauphiné.
  Les Anglais et les Bourguignons disaient de la Pucelle plusieurs paroles diffamables et injurieuses, tout en la menaçant, s'ils pouvaient la tenir, de la faire mourir mauvaisement.
  Elle fut interrogée par quelques-uns de sa puissance, et si les Anglais avaient le pouvoir de la faire mourir. Elle répondit que tout était au plaisir de Dieu ; et elle certifia que si elle devait mourir avant que fût accompli ce pourquoi Dieu l'avait envoyée, elle nuirait aux Anglais après sa mort plus qu'elle n'aurait fait en sa vie, et que, nonobstant sa mort, tout ce pourquoi elle était venue s'accomplirait. Ainsi il en a été fait par grâce de Dieu, comme cela se voit clairement et évidemment, et est de notre temps chose notoire.
  Ladite Pucelle a souvent parlé à mondit seigneur le Dauphin à Paris (3), et lui a dit des choses secrètes que peu de gens savent.
  Ladite Pucelle fut trahie et baillée aux Anglais devant la ville de Compiègne; elle fut menée a Rouen, et là on lui fit un procès sur sa vie, pour trouver contre elle de quoi la faire mourir, et ils ne surent trouver rien autre chose contre elle, sinon qu'elle avait laissé l'habit de femme et pris habit d'homme ; ce qui est chose défendue. A cela et aux autres choses sur lesquelles elle fut interrogée, elle répondit si bien qu'on ne savait que répliquer. Et nonobstant cela, elle fut condamnée à mourir par le feu, pour occasion seulement dudit habit. Elle fut menée au feu, et là elle mourut et fut brûlée.
  L'on dit que durant son procès et à sa mort furent faites choses merveilleuses, dont procès a été fait par autorité de l'Église. Celui qui l'a vu et lu en a eu la copie qu'il me devait envoyer ; je ne l'ai pas encore reçue ; ce dont me déplaît ; car j'eusse fait ici mention des choses principales (4).


                                              
   


Sources : Procès de condamnation et de réhabilitation - J. Quicherat - t.IV, p.303 à 313.

Mise en français modernisé et ajouts de parties non mentionnées par Quicherat : J.B.J Ayroles - "La vraie Jeanne d'Arc" - t.III p.254 à 267.


Notes (Quicherat & Ayroles) :
1 Suppléez ledit Daulphiné eust esté pareillement en voie de perdition, ou tout autre membre de phrase analogue. Les mots suivants sont une allusion à l'expédition du prince d'Orange qui faillit en effet s'emparer du Dauphiné en 1430.

2 Lacune dans le texte, remplie par la phrase entre parenthèses. L'effort dont il parle est l'envahissement du Dauphiné par le prince d'Orange et le duc de Savoie, lorsque Jeanne fut prise à Compiègne. Ils furent défaits à Anthon, le 11 juin 1430.

3. Inadvertance de l'écrivain qui savait bien que la Pucelle n'entra jamais à Paris. Le Dauphin dont il est ici question est le futur Louis XI. Il avait sept ans lorsque Jeanne vint à la cour où elle a dû souvent le voir, et l'entretenir.

4 Thomassin a fait une très briève Chronique de l'Histoire de France, que l'on peut lire à la Bibliothèque nationale (Fonds français, nos 4943 et 4969). Arrivé au règne de Philippe de Valois, il s'étend longuement sur la loi salique; et à ce propos, il a sur la Libératrice la phrase suivante : « Les trois choses en quoi lesdits Anglais, en faisant un procès tel quel à
l'encontre de Jeanne la Pucelle, que je crois sans doute en paradis, se sont efforcés d'élever leur nation par-dessus toutes les autres nations chrétiennes, comme j'ai vu par écriture authentique, et aussi qu'il est assez notoire, sont telles ».





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