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19 mars 2024  

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par Henri Wallon

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Procès de condamnation - les sources

ucun procès ne présente plus de garanties d'authenticité que ceux de Jeanne d'Arc. Ils ont été dressés comme suit : la minute d'abord, le texte définitif (en latin) ensuite.



Minute des deux procès, comment elle a été dressée :

     Il ne faut pas entendre ici le mot minute dans le sens que lui donne notre langue juridique actuelle. Aujourd'hui ce qu'on entend par ce mot, c'est le texte original des actes : la minute des conventions par exemple, qui est déposée chez les notaires ; la minute des jugements, qui est déposée dans les greffes, et dont il est pris des copies textuelles, certifiées telles, qui en sont les expéditions ou grosses. Ce que les juges de la révision ont qualifié de minute dans leur procès, "minuta seu notula", n'est pas cela ; c'est une suite de notes qui furent mises au net à la suite de chaque séance, et qui étaient destinées à servir de cadre et de matière pour une rédaction définitive plus complète. Toutefois, pour les interrogatoires, la minute serait assez bien ce que nous entendons aujourd'hui par ce mot, en ce sens que les interrogatoires sont, à la différence de langue près, semblables dans la minute et dans le texte définitif qui les a reproduits avec une fidélité remarquable, mais en les traduisant. Disons de suite, et par la même raison, que ce que l'on appelle dans le procès de Jeanne d'Arc  grosses ou expéditions, ce n'est pas une copie de la minute, notulae, mais la copie textuelle, certifiée telle par les greffier, du registre original où se trouvait la rédaction définitive des deux procès (procès et procès pour cause de relapse), registre original qui parait perdu.

     Officiellement, trois personnes ont coopéré à la minute : Manchon et Boisguillaume, comme greffiers de l'évêque ; Taquel, comme greffier du Vice-Inquisiteur. Ils ont, aux enquêtes de la réhabilitation, indiqué eux-mêmes la mesure de leur collaboration.
  Nommés le 9 janvier, mais n'ayant prêté serment que le 13 février 1431, Manchon et Boisguillaume ont tenu la plume à partir de cette date. Ils ont donc pu attester plus tard en toute vérité, qu'ils n'avaient pas eu connaissance des informations et lectures de pièces dont il est fait mention aux séances intermédiaires, informations dont il ne devait pas rester trace dans la rédaction définitive, parce qu'elles furent supprimées par l'évêque, aidé de l'anonyme complaisant qu'il eut pour scribe avant l'entrée en fonctions des greffiers officiels.
  Ceux-ci, à partir du 13 février 1431, ont eu la responsabilité de la minute, qui a été, avant tout, l'oeuvre de Manchon.
  Les procès, a dit celui-ci, ont été rédigés d'abord en langue française, en une minute écrite de ma propre main.
  Toutefois ce travail ne fut pas son oeuvre exclusive.
  Officiellement, ses deux confrères en répondent avec lui, Boisguillaume surtout, qui écrivit quelquefois à ses côtés, mais ne fit, le plus souvent, que l'assister. Quant à Taquel, greffier du vice-inquisiteur, qui n'intervint que le 13 mars, il n'a fait, et à partir du 14 mars seulement, sans avoir jamais tenu la plume, qu'assister passivement les deux autres,  comme le vice-inquisiteur lui-même n'a guère fait qu'assister l'évêque. "J'assistais, mais sans écrire ; je me contentais d'écouter. Pour l'écriture, je m'en rapportais à mes deux confères, qui tenaient la plume, Manchon principalement."
  Mais leur garantie collective viendra plus tard couvrir l'instrument authentique, qui, signé et paraphé par l'un d'eux au recto de chaque feuillet, se terminera par une triple attestation de Manchon, de Boisguillaume et de Taquel (1).

            
                                              

  Si les minutes sont officiellement l'oeuvre exclusive des trois greffiers, en fait, ils n'y ont pas seul coopéré, le gouvernement anglais et l'évêque s'en étant réservé le contrôle.
  Voici comment ils l'exercèrent :
  Il y avait aux séances deux ou trois secrétaires anglais cachés derrière un rideau, qui, sous la direction de Loyseleur, écrivaient ce qu'ils voulaient, sans souci des explications de Jeanne. Jean Monnet, clerc de maître Beaupère, était, lui aussi ouvertement aux côtés des greffiers officiels. D'autres jeunes clercs étaient assis devant leurs maîtres. Tous prenaient des notes ; et ce fut même le travail de Jean Monnet qui servit de texte pour la minute de la séance du 21 février (2), où Jeanne fut interrogée pour la première fois.

  Après chaque séance, se tenait chez l'évêque une réunion des greffiers officiels, de quelques docteurs et des secrétaires anglais, greffiers occultes. Là, les notes de chacun étaient lues, et celles des greffiers officiels contrôlées à l'aide des notes prises par les autres. Le 21 février, après le premier interrogatoire, éclata un grave incident : on voulut contraindre Manchon et Boisguillaume à supprimer leurs notes, et à prendre pour type celles des secrétaires anglais. Les greffiers manifestèrent l' intention de se démettre, si on voulait procéder ainsi. Depuis lors, des sortes de conférence eurent lieu, où les greffiers occultes se présentaient avec leurs notes frelatées. Ces différences entre les textes amenaient de grandes disputes : "In corum scripturis erat magnia differencia, adeo quod inter eos erat magna contentio", a dit Boisguillaume. Mais la passion et le parti pris des uns vinrent échouer devant la probité des autres ; et de tout cela est sorti, pesé, discuté, atténué, décoloré, refroidi mais encore exact, un travail que l'évêque approuva sans doute et qui devint le texte sur lequel Manchon dut dresser sa minute.
  En réalité, les notes primitives des greffiers en ont toujours été la base, et si on prend comme vraies leurs déclarations, qu'il peut être prudent toutefois de ne pas accepter sans réserves, on peut dire que leur minute est restée l'expression assez fidèle du débat. Sans doute ils n'ont pu tout y mettre, sans doute l'évêque et son entourage auront exigé des modifications et des tempéraments ; pour ce qui est des interrogatoires notamment, si la minute est vraie dans ce qu'elle reproduit, il est prouvé qu'elle n'a pas tout reproduit, et que, sans aller jusqu'au mensonge, elle a passé sous silence bien des passages où les réponses de l'accusée brillaient de trop d'éclat. Le patriotisme surtout, qui chez elle débordait, aura été dissimulé autant que possible, ainsi que ses sorties incessantes contre les Anglais.
  Mais, quoi qu'il en soit, les juges de la révision ne purent constater de défectuosités palpables que sur des points étrangers aux interrogatoires et de minime importance ; leurs critiques n'ont même porté sérieusement que sur les douze articles, au sujet desquels on n'avait pas opéré certaines corrections dont on voyait trace sur une pièce dont Manchon lui-même leur fit la remise. Mais les douze articles n'étaient pas l'oeuvre des greffiers ; ils émanaient des universitaires, notamment de Nicolas Midi, qui les avait extraits des soixante-dix articles de l'accusation. C'est donc sur celui-ci que le grief doit tomber. Disons que les corrections dont Midi n'aura pas tenu compte dans la copie des douze articles envoyés aux docteurs consultés, portaient sur des points secondaires (3).
  Ce que l'on peut dire de plus certain sur tout ceci, cest que les minutes, si elles pêchent par quelque endroit, ne pêchent point par faveur pour l'accusée. Or c'est là un point capital, puisque, même rédigées ainsi, elles lui sont encore avantageuses au plus haut degré.
  Ce dont le lecteur a en effet, besoin d'être convaincu quand il se trouve en face de certaines réponses ou le naturel, le bon sens, le patriotisme et la foi vont jusqu'au sublime, c'est qu'il n'a pas affaire à des greffiers complaisants qui auraient été sympthiques à Jeanne jusqu'à lui vouloir élever une sorte de piédestal aux dépens de l'accusation. A cet égard, le lecteur peut être pleinement rassuré, et admirer en toute sûreté de conscience. Les greffiers n'ont rien mis dans la bouche de Jeanne qu'elle n'ait dit ; il y avait trop de gens qui veillaient dans l'intérêt de l'accusation. Si les greffiers furent d'honnêtes gens, ils furent timides ; et s'ils osèrent éviter l'injustice, ils n'ont en présence du contrôle et de la pression dont ils étaient l'objet, rien osé de plus.
  La minute est donc exacte.

  Ce point de départ admis, et il doit l'être, la véracité de l'instrument authentique en découlera nécessairement. Or, si on la rapproche des textes officiels et authentiques qui seuls engagent le tribunal, on n'y aperçoit peu de différences. Les interrogatoires de la minute, notamment, sont quasiment identiques aux interrogatoires du procès officiel (4). Néanmoins, il existe quand même quelques manipulations de Thomas de Courcelles qui seront précisées dans notre texte du procès.
  Certaines pièces ont aussi moins de développement dans la minute, et d'autres y manquent complètement. Les pièces qui font aussi défaut dans la minute sont les actes de procédure, les allocutions, les délibérations, la sentence : elles y auront sans doute été annexées d'abord, puis on les en aura détachées pour les placer dans le registre original de l'oeuvre officielle (5).

  On fut longtemps sans soupçonner que la minute existât. On la croyait détruite, quoiqu'il fût établi que Manchon, en 1445, en avait la remise aux juges de la révision. Voici en effet ce qu'on lit dans le procès de réhabilitation :
  "Vénérable maitre Guillaume Manchon a, ce jourd'hui, produit devant nous un cahier en papier dont il était possesseur, contenant toute la notule en Français, notulam, du procès fait autrefois à Jeanne la Pucelle, affirmant que ce cahier il l'a écrit de sa propre main, manu sua."
  L'ancien contrôleur des finances Laverdy (6), qui sous Louis XVI étudia sérieusement cette grande cause, sans idée préconçue et sans parti pris, fut le premier à penser que la minute pouvait bien n'être autre qu'un texte moitié latin, moitié français, qu'il avait découvert dans un manuscrit dit de d'Urfé, aujourd'hui à la bibliothèque nationale, manuscrit dans lequel se trouvent divers documents que les juges de la révision ont dû avoir sous les yeux. Son opinion était fondée, et ce qui nous reste de ce document précieux a été mis à l'abri de toute ruine, depuis que M. Jules Quicherat l'a reproduit en note des textes officiciels des deux procès. Malheureusement, cette minute ne commence qu'au cours de la séance du 3 mars. Les cahiers des séances précédentes (perdus ?) ne se trouvent pas dans le manuscrit de D'Urfé. (Voir manuscrit de D'Urfé)

  Mais..., les recherches de Laverdy ont aussi permis de dénicher le curieux manuscrit 518 de la Cathédrale d'Orléans. Ce manuscrit, paraphé par deux notaires Me Touchet et Patarin, daterait de 1475. Malheureusement, certains auteurs l'ont mal étudié puis ont émis des avis qui ont longtemps fait autorité, que reprendra Quicherat (1841) et même Pierre Champion (1921) qui le dénigrent très injustement et surtout à tort. Ils ont cru y voir une mauvaise traduction de l'instrument officiel latin alors que seules, les compte-rendu de séance ont été traduits du latin au Français (voir manuscrit d'Orléans).
  Il a fallu attendre 1952 et une très bonne analyse de Paul Doncoeur dans "La minute française des interrogatoires de Jeanne la Pucelle" pour se rendre à l'évidence, le manuscrit d'Orléans reporte, entr'autres, la presque intégralité de la minute française à l'exception de brèves lacunes. D'autre part la comparaison entre le manuscrit de "d'Urfé" et celui "d'Orléans" pour la partie commune de la minute (à partir du 3 mars), montre des textes quasi-identiques, ce qui donne une grande valeur au texte se trouvant uniquement sur celui d'Orléans.
   Cette minute servira de référence dans le texte du procès sur ce site. C'est le texte le plus authentique des interrogatoires de Jeanne et doit être préféré à la version officielle latine ou sa traduction française.

Instrument authentique, comment il a été dressé :

     Après la mort de Jeanne, les pièces des deux procès, ainsi que la minute des greffiers, passèrent aux mains de l'évêque. Il s'agissait d'une procédure étrangère au diocèse de Rouen, qui ne pouvait trouver place aux archives de l'officialité.
  Cauchon se préoccupa de faire dresser l'acte authentique, l'instrument officiel, qui, signé des greffiers et marqué du sceau des juges, serait la pièce essentielle pour juger les procès et le juger lui-même.
Thomas de Courcelles  Deux personnes furent chargées par lui de ce travail important : l'universitaire Thomas de Courcelles et Guillaume Manchon.
  Dans quelle mesure s'y sont-ils employés l'un et l'autre ?
  Il est malaisé de le déterminer. Mais, sans vouloir mettre en doute le mérite de Manchon, dont l'aptitude spéciale s'induit de sa qualité de notaire ecclésiastique et de rédacteur principal de la minute, la façon remarquable dont l'instrument authentique a été composé, l'ordre qui y règne, son ton magistral, ne laisse guère de doute que Thomas de Courcelles (7) ne s'y soit sérieusement entremis : Thomas de Courcelles, un des universitaires éminents de son siècle, gagné à  ce point à la cause anglaise qu'il avait été presque seul à voter pour la torture de Jeanne pendant le procès ! Chargé d'un travail de cette importance, où son mérite et son zèle avait tant à s'exercer, on ne comprendrait pas qu'il s'en fut reposé sur un modeste clerc d'officialité du soin de le mener à bonne fin.
  "Les procès, a dit Manchon, furent mis du Français en Latin dans la forme authentique où ils sont actuellement, par maitre Courcelles et moi, aussi bien que possible, et selon la vérité. Cependant, pour ce qui est de l'accusation, Thomas de Courcelles ne s'y est guère employé..." et Taquel : "J'ai su que maitre Thomas de Courcelles fut chargé de mettre le procès en Latin : y a-t-il changé, ajouté, ou en a-t-il retranché ? Je ne sais..."

  On peut affirmer que Cauchon lui même n'aura pas été sans y mettre la main. Sa touche hypocrite et emmiellée s'y reconnaît à divers endroits, dans cet exposé de la cause notamment qui sert de préface, où, sous couleur de religion, il n'épargne à aucun personnage la plate expression de sa reconnaissance pour le grand service qu'ils lui ont rendu, de lui fournir les moyens de leur immoler Jeanne d'Arc : "Le sérénissime prince très chrétien notre seigneur le Roi des Français et d'Angleterre ; l'illustrissime seigneur le duc de Bourgogne, et aussi le seigneur Jean de Luxembourg, qui, se rendant à ses réquisitions, a livré Jeanne au Roi et à ses commissaires, c'est-à-dire à lui évêque...". Et : "La Providence royale (un évêque appelle ainsi un enfant de dix ans), la Providence royale qui, enflammée du plus ardent amour de la foi catholique (a remis cette femme à nous évêque...". Cauchon seul a pu écrire ainsi.
  Lorsqu'au début du procès cet homme avait fait violence aux instincts honnêtes de Manchon jusqu'à l'obliger à devenir son auxiliaire, en lui disant pour l'y déterminer qu'il s'agissait de bien servir le Roi et de faire "un beau procès", il avait marqué par là sa pensée d'y puiser un nouveau titre aux faveurs de ses maîtres et à l'admiration de l'Université.

  Son but a été atteint. L'oeuvre qui a été rédigée sous sa haute direction fait honneur à son patriotisme anglais, à sa science juridique et à ses talents littéraires. II est difficile d'en trouver une autre aussi révoltante au fond, et aussi habilement cachée sous des dehors hypocrites... Mais que peuvent les formes où n'est pas l'esprit ? Qu'on imagine aujourd'hui tout un personnel judiciaire s'entendant pour accabler l'innocence : un procureur, un juge d'instruction, une chambre d'accusation, un procureur général, une cour d'assises, un jury : l'innocence pourrait être condamnée dans les règles : c'est le cas de Jeanne d' Arc !

  La rédaction du texte définitif ne fut pas sans difficulté. Tout d'abord il y a eu un élagage à faire : il fallut distraire certains documents qui auraient juré avec le reste, notamment l'enquête de Domrémy et diverses délibérations, telles que celles de l'évêque d'Avranches et du chapitre de Rouen, etc...
  Les divers exposés qui se lisent en tête de plusieurs séances, où l'évêque vient exhorter Jeanne sur un ton paterne, sont de Cauchon. Il semble, en les lisant, qu'on l'entende parler.
  Quant aux allocutions de certains docteurs, de l'archidiacre de Châtillon (2 mai), du chanoine Maurice (23 mai), etc..., ce sont des oeuvres personnelles. Prononcées en français en présence de Jeanne, elles ont dû être ensuite mises chacune en latin par leur auteur ; et les rédacteurs du procès authentique n'auront eu qu'à les y placer telles quelles. Ce sont, du reste, des oeuvres remarquables dans leur genre, et que Thomas de Courcelles n'eût pas désavouées.
  L'acte d'accusation eu soixante-dix articles est-il, en sa forme actuelle, sorti de la plume de d'Estivet ? On peut en douter ; on peut penser que cet homme violent et grossier, qui n'eut même pas le talent nécessaire pour lire son libellé en français aux séances solennelles des 27 et 28 mars, manquait du savoir nécessaire pour le traduire en latin. Thomas de Courcelles a joué un rôle dans l'accusation : ce fut qui en fit l'exposé aux séances solennelles susdites, aux lieu et place de d'Estivet. De là à avoir prêté sa plume à cette oeuvre satanique, il n'y a qu'un pas. Manchon l'en défend assez mal quand il dit que de Courcelles n'y fit que peu de chose, presque rien : "Dicit ipsum magistrum Thomam in facto processus de libello quasi nihil fecisse, nec de hoc se multum interposuisse...". Toujours est il prouvé par cet aveu même de Manchon que de Courcelles s'y est entremis, et sans doute plus que ne le dit son confrère ; car de Courcelles, il l'a bien prouvé dans tout le procès, n'était pas homme à faire les choses à demi. Mais, en 1455, lui et tous les autres semblent n'avoir eu en vue que d'amoindrir leur responsabilité dans cette douloureuse affaire, qui se présentait alors à tous les yeux dans son énormité, dégagée des passions qui y avaient mis le feu.
  Les douze articles, tels qu'on les lira au procès, sont l'oeuvre de l'universitaire Nicolas Midi.
  Les trois sentences des 24 et 30 mai doivent être sorties du cerveau de l'évêque en la forme où on les lit à l'instrument authentique.
  La part ainsi faite à chacun, celle de Thomas de Courcelles et de Manchon se trouve sans doute diminuée. Mais il reste le plan, la conduite, l'unité, le lien. Quand on aura lu ces procès, si on veut les comparer par la pensée à d'autres oeuvres du même genre, on reconnaîtra qu'au point de vue de la forme et de la rédaction il en est peu d'aussi réussies. Et puis, il ne faut pas oublier que de Courcelles et Manchon ont traduit en latin les interrogatoires. Or, c'est là surtout que leur talent eut à s'exercer. Au point de vue de la fidélité et de la clarté, cette traduction ne laisse rien à désirer.
 
   A quelle époque l'instrument authentique fut il dressé ?
  On est bien étonné, quand on lit les enquêtes de la réhabilitation, de voir Manchon et Taquel venir déclarer que la rédaction en eut lieu longtemps après la mort de Jeanne. Manchon : "Longe post mortem et exsecutionem factam de ipsa Johanna...". Taquel : "Per magnum temporis spatium post mortem ipsius Johannæ...". Comment expliquer cela, lorsqu'il est établi que Thomas de Courcelles donna, dès le 12 juin, quittance pour solde au gouvernement anglais ? Serait-il revenu à Rouen depuis ? ou bien Manchon l'aurait-il été rejoindre à Paris ? D'un autre côté dès le mois d'août 1432, quinze mois après les procès, un rescrit du pape Eugène IV appelait Cauchon au siège de Lisieux. Or, c'est encore en sa qualité d'évêque de Beauvais qu'il a scellé les expéditions de l'instrument authenthique. Mais, entre la rédaction définitive et le jour où les expéditions furent prêtes à recevoir le sceau de l'évêque, il dut s'écouler encore plusieurs mois, ce qui rapproche encore du point de départ le moment où de Courcelles et Manchon mirent la dernière main à leur oeuvre. Dans tout cela, où trouver place pour le long espace de temps dont parlent Manchon et Taquel ? (8)

   Une fois que le registre qui contenait la minute de l'instrument authentique eut été achevé, il fallut s'occuper d'en faire des copies ou expéditions. Cauchon eût pu ne leur en demander qu'une, comme il arrive pour tant de procès. Et alors, cette expédition perdue, ces procès, la grande gloire de Jeanne d'Arc, pouvaient disparaitre à jamais. Il n'en fut pas ainsi, et ce fut l'évêque lui même, circonstance étrange, qui prit les précautions nécessaires pour immortaliser sa propre infamie et la gloire de la victime. Les greffiers eurent de lui l'ordre d'en d'en dresser cinq expéditions. Manchon, de sa propre main, en écrivit trois. Chacune de ces cinq expéditions fut attestée par les trois greffiers et munie du sceau des deux juges. Des trois expéditions écrites par Manchon , l'une était pour le Roi d'Angleterre, une autre pour l'évêque lui même, une autre pour l'inquisiteur. Une quatrième dut être envoyée à Rome, avec les lettres des universitaires qu'on lira à la suite des deux procès.
  Quant à la cinquième, elle était, ainsi que la minute primitive, restée aux mains de Manchon, qui, en 1455, remit l'une et l'autre aux juges de la révision : "Un cahier en papier dont il était possesseur, contenant toute la notule en français du procès fait autrefois à Jeanne la Pucelle, affirmant que sur ce cahier, écrit de sa propre main, a été fait le procès en latin écrit dans un autre livre que Manchon nous a aussi exhibé et remis à cet instant : ce dernier livre muni des sceaux de feu le seigneur Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, et de frère Jean Lemaitre, et des attestations des trois greffiers..."

Manuscrits originaux :

     Nous allons faire connaitre successivement : 1° les manuscrits originaux de ce que l'on est convenu d'appeler la minute ; 2° les manuscrits originaux de l'instrument public ou authentique ; 3° les anciennes copies manuscrites de la minute et de l'instrument authentique.

     1° Manuscrits de la minute :

  Le manuscrit dit de d'Urfé, in folio maximo, en vélin de choix, existant à la bibliothèque nationale. C'est un volume doré sur tranche, avec reliure en veau vert, le dos maroquiné rouge, au chiffre de Napoléon Ier. Sur les plats ont été rapportés à cette époque des cuivres ciselés (9) qui appartenaient à une reliure plus ancienne, indicative de sa provenance, et qui font connaitre que ce précieux manuscrit provenait des d'Urfé. Une partie de l'écriture de ce manuscrit est de la plus belle gothique de la chancellerie de Charles VII ; l'autre est du temps de Louis XII. L'écriture du quinzième siècle commence au recto du feuillet 17. A partir de ce feuillet 17° jusqu'au verso du 34°, existe le fragment de la minute. Puis, du feuillet 34° au 95°, existe une transcription complète de l'instrument authentique. Les cahiers de ce manuscrit ayant été anciennement reliésconfusément et sans ordre, on lit au feuillet 204° la mention suivante, qui devrait être placée au feuillet qui précède le 34° :
   "Minuta seu notula notariorum processus agitati contra Johannam la Pucelle, tradita in vim compullsoriæ per magistrum Manchon, alterum notariorum et pro majori parte ejus manu scripta..." c'est-à-dire : "Minute ou notule du procès agité contre Jeanne la Pucelle, remise pour être examinée par maître Manchon, l'un des notaires, et, pour la plus grande partie, écrite de sa main."
  "Pro majori parte", parce que, d'une part, tout ce qui a précédé l'entrée en fonction des greffiers officiels n'a pas été écrit par eux ; et d'autre part, parce que ce fut maitre Monnet, le secrétaire de Beaupère, qui écrivit de sa main la minute de la séance du 21 février, où eut lieu le premier interrogatoire public. Mais toute cette partie est malheureusement détruite, car, dans le manuscrit de d'Urfé, la minute ne commence qu'au milieu de l'interrogatoire du 3 mars, qui est déjà de la main de Manchon. (10)

  Le manuscrit d'Orléans nous présente la minute presque complète malheureusement aussi avec une lacune car il y manque la fin de la séance du 27 février et le début de celle du 1er mars, partie qui manque donc sur les deux manuscrits.

   Pour autant cette partie de la minute est-elle totalement perdue ? Pas tout à fait, Jean d'Estivet dans son réquisitoire en début du procès ordinaire, s'est basée sur le texte de la minute française de Manchon pour justifier ses accusations à l'encontre de Jeanne (dans ses 70 articles). Les accusations portées dans ces 70 articles sont pour la plupart totalement imaginaires et infondées, néanmoins, il a cru devoir les justifier en reprenant une bonne partie des interrogatoires ("minute" malheureusement traduits en latin mais qui présentent quand même un intérêt supérieur au texte du procès officiel en latin).

     2° Manuscrits de l'instrument authentique :

  Le registre qui contenait le texte original de l'instrument authentique parait perdu. Mais sur les cinq grosses ou expédititions qui en furent tirées, trois existent encore aujourd'hui, revêtues de tous les caractères de la plus grande authenticité possible, et toutes les trois sont à Paris, dans des dépôts publics.
  En voici la description, telle qu'elle nous est en grande partie fournie par Jules Quicherat :

- Premièrement : à la bibliothèque de l'Assemblée nationale existe l'exemplaire (ms 1119) qui fut dressé avec un soin particulier, par le greffier Manchon pour le Roi d'Angleterre (11). Ce manuscrit royal est un petit in folio carré, de trente-deux centimètres sur vingt-six, composé de cent vingt feuillets, couvert en gros parchemin. marqué B.105 g. Tome 570. Il est le seul qui ait été écrit sur vélin. En haut de la première page, en majuscule gothique : "In  nomine domini, amen. incipit processus in causa fidei contra quondam quamdam mulierem Johannam vulgariter dictam la Pucelle..."


        fac-similé de la première page du procès (Manuscrit de l'assemblée nationale)

  Au bas de la même page, on lit une attestation d'authenticité du greffier Boisguillaume : "Ego vero Guillelmus Colles, alias Boisguillaume, præsbiter dioecesis Rothomagnensis, publicus auctoritate apostolica et in venerabili curia archiepiscopali Rothomagensi notarius, ac in hac materia cum aliis scriba juratus, affirmo collationem presentis processus centum et undecim folia continentem, debite fuisse factam cum registro originali presentis causæ. Idcirco singula folia manu propria signavi et cum dictis notariis in fine subscipsi, hic me manu propria subscribens." 'Signé BOISGUILLAUME. L'attestation ne contient que cent-onze feuillets, bien que le manuscrit en compte cent-vingt parce que c'est au cent-onzième que finit la cause, les neufs derniers étant occupés par les appendices que les greffiers refusèrent d'authentifier. C'est Boisguillaume qui a paraphé le bas de tous les feuillets de ce manuscrit avec la formule, abrégé de la formule première : "Affirmo ut supra". Enfin, an verso du feuillet 111°, sont les attestations autographes de Boisguillaume, de Manchon et de Taquel. On en lira la traduction à la fin des deux procès. Ces attestations autographes sont suivies des sceaux des deux juges, dont on aperçoit encore les vestiges en cire rouge. L'empreinte du sceau de l'évêque, beaucoup plus grande que l'autre, a conservé de sa légende les deux syllabes BELVA (censis), Beauvais
  Après l'expulsion des Anglais ce manuscrit précieux fut déposé au Parlement de Paris. Il y était encore au dix-septième siècle. Mais il en sortit on ne sait comment, et en 1753, il était devenu la propriété du président de Cotte. En 1812, il entra avec les autres manuscrits de M. de Cotte dans la bibliothèque du Corps législatif, où il est resté depuis et on il est encore aujourd'hui.

- Deuxièmement : à la Bibliothèque nationale aujourd'hui), n° 5965 du fonds latin. Un volume en papier, petit in folio, de vingt-neuf centimètres sur vingt et un, ayant cent soixante-neuf feuillets, relié en veau brun avec nervures, portant l'étiquette suivante frappée en or sur le dos : PROCESS. IANAE PVELLAE. Expédition authentique, attestée au bas de la première page par Boisguillaume, paraphée par le même au recto de chaque feuillet, et signée au cent cinquante-huitième feuillet Boisguillaume, Manchon, Taquel. Au même feuillet 158°, verso, sous les signatures des trois greffiers, on aperçoit les marques de deux sceaux qui ont été autrefois appliqués en cire rouge. Mais ces sceaux ont été rasés et coupés par le fait d'une reliure ultérieure.
  M. Quicherat signale ce manuscrit comme ayant été de la part des greffiers l'objet d'une attention particulière qui lui parait attestée par les nombreux grattages qui s'y font remarquer. C'est sur ce manuscrit que M. Quicherat a établi le texte de son édition. Il avait fait partie de la bibliothèque Colbert étant marqué ainsi : Codex Colbertinus.

- Troisièmement : à la Bibliothèque nationale, n° 5966 du fonds latin. Un volume en papier, petit in folio, vingt huit centimètres sur vingt et un, de deux cent vingt feuillets, cartonné et recouvert d'une peau verte. Expédition authentique aussi, attestée, paraphée, signée et scellée comme la précédente. Les attestations des greffiers s'y lisent au deux cent sixième feuillet où finissent les deux procès. Les annexes rejetées par les greffiers viennent ensuite. En haut de la première page se lit, en écriture gothique moulée, l'invocation : "In nomine Domini, amen. Incipit processus, etc...". Puis vient le texte, en écriture cursive. Ce manuscrit, aussi bien conservé, aussi complet que les deux précédents, a fait partie de bibliothèque de Dupuy.

Copies :

     1° Copies de la minute :

    II n'a été dressé aucune copie de la minute ; du moins nous n'en possédons aucune. De sorte que le seul texte qui en existe est celui dont nous avons déjà parlé, le fragment original de la main du greffier Manchon se trouvant à la Bibliothèque nationale, dans le manuscrit de d'Urfé et une partie plus complète dans le manuscrit à la bibliothèque d'Orléans.

     2° Copies de l'instrument authentique :

     On en connait de nombreuses. Nous n'allons indiquer ici que celles qui remontent au quinzième ou au seizième siècle.

- A la Bibliothèque nationale, n° 5967 du fonds latin. Un volume en papier petit in-folio, de 267 feuillets cotés, cartonné et couvert de parchemin, avec ce titre au dos : Procès de la Pucelle d'Orléans. Copie en cursive du temps de Charles VIII. Sur la feuille de garde qui précède le premier feuillet coté, est tracée en gothique moulée, à l'instar d'un faux titre, l'inscription : "Processus cujusdam mulieris que Johanna la Pucelle fuit nuncupata" ; et en haut du feuillet suivant : "Universis presentes", etc...
  Les attestations finales des greffers n'ont pas été copiées, de sorte qu'on ne peut dire sur quelle expédition cette copie a été prise. Marqué anciennement Baluze 265, puis Regius 9675.

- A la Bibliothèque nationale, n° 5968 du fonds latin. Un volume petit in-folio, demi-reliure moderne, dos en maroquin rouge, au chiffre de Louis-Philippe ; écriture cursive gothique du commencement, du seizième siècle. Copie exécutée d'après la deuxième expédition originale décrite ci dessus. A fait partie de la bibliothèque de Colbert.

- A la Bibliothèque nationale, n° 5969 du fonds latin. Un volume en papier, petit in-fac-similé de la copie n° 5969 du fonds latinfolio. Même reliure que le précédent. Écriture gothique coulée de la fin du quinzième siècle. Copie exécutée sur l'expédition faite pour le Roi d'Angleterre qui existe à la bibliothèque de l'Assemblée nationale. La lettre U, initiale des mots Universis presentes litteras, etc..., est une grande lettre ornée dans laquelle est exécuté un petit sujet en miniature où l'on a voulu représenter une scène du procès : Jeanne en costume femme, debout devant un docteur assis dans une chaire.

- A la Bibliothèque du Vatican, fonds Christine, n° 948. Un volume en papier, petit in-folio de 179 feuillets dont les vingt-quatre premiers sont endommagés par l'humidité. Écriture de la fn du quinzième siècle.

- A la Bibliothèque de Genève, manuscrits français, n° 89. Un volume in-folio, en papier, couvert de parchemin, de 179 feuillets à deux colonnes, en écriture gothique écrasée du temps de Louis XII. Ce manuscrit contient, entre autres, une copie des deux procès de condamnation prise sur le manuscrit royal qui est à l'Assemblée nationale. Il fut acheté en France par J.J. Rousseau, qui en fit don à la république de Genève, ainsi qu'en témoigne un ex dono de sa main qui se lit encore sur la garde du volume.

- A la Bibliothèque nationale, manuscrits de Saint-Victor, n° 285 (fonds latin n° 14665). Un volume billot grand in 4° de papier, entremêlé de parchemin, de 572 feuillets reliure en veau fauve, écriture cursive coulée du temps de Charles VIII. Cette copie a été prise sur le manuscrit royal. Elle a été connue de l'historien Pasquier, qui s'en est servi pour son étude sur Jeanne d'Arc qui se lit dans son ouvrage "Recherches de la France", liv. VI, ch. VI. "J'ai vu autrefois, y dit il, la copie de son procez en la librairie du Sainct-Victor... et depuis ay eu en ma possession l'espace de quatre ans entiers le procez originaire..." Le procès originaire dont parle ici Pasquier doit être h•
manuscrit royal lui même, qui, de son temps était au Parlement de Paris.

- A la Bibliothèque nationale, supplément français, n° 350". Un volume en papier, format in-folio moyen, de 196 feuillets. Les cent vingt-sept premiers, en gothique écrasée de la fin du quinzième siècle, contiennent une copie des procès de condamnation. Les attestations des greffiers ont été omises, de sorte qu'on ne peut savoir auquel des manuscrits originaux encore existants on doit le rapporter.

  Ainsi, tous les manuscrits que nous venons d'examiner au nombre de onze, existent, à l'exception de trois, à la Bibliothèque nationale.
  Nous n'avons encore rien dit du texte des deux procès qui existe dans le manuscrit de d'Urfé à la suite de la minute : est-ce l'expédition authentique qui fut remise par le greffier Manchon en même temps que cette minute, ou bien n'est ce qu'une copie de cette même expédition authentique ? Nous pensons que ce n'est qu'une copie mais une copie dressée sur l'expédition qui fut remise par Manchon aux juges de la réhabilitation, ce qui nous parait clairement résulter d'une mention d'authenticité émanée de Manchon, reproduite sur cette copie. (12)


                                                 


Source : E. O'Reilly - Procès de Jeanne d'Arc - tome I - 1868

Illustrations :
- signatures des greffiers : H.Wallon - Jeanne d'Arc - 1892.
- fac-similé de la première page du manuscrit de l'assemblée nationale. (O'Reilly - Procès de Jeanne d'Arc - Tome I)
- fac-similé du motif de la copie du fonds latin n°5969. (Henri Wallon - Jeanne d'Arc - Ed.1892)


Notes :

1 Formule d'attestation de Boisguillaume : "Ego vero Guillelmus Colles, alias Boisguillaume, præsbiter dioecesis Rothomagnensis, publicus auctoritate apostolica et in venerabili curia archiepiscopali Rothomagensi notarius, ac in hac materia cum aliis scriba juratus, affirmo collationem presentis processus centum et undecim folia continentem, debite fuisse factam cum registro originali presentis causæ. Idcirco singula folia manu propria signavi et cum dictis notariis in fine subscipsi, hic me manu propria subscribens."

2 O'Reilly ne précise pas la source de ce renseignement. Jean Monnet dit à la réhabilitation qu'il reconnait son écriture dans le procès-verbal en français mais ne précise pas davantage.

3 Cette défectuosité a été relevée par les juges de la réhabilitation dans leur sentence.

4 De nombreux auteurs signalent quand même quelques minimes différences.

5 "Registrum originale", c'est celui avec lequel furent collationnées et certifiées conformes les expéditions authentiques. Il est perdu et c'est regrettable car il aurait permis de dégager, par la différence d'écriture, la part de Thomas de Courcelles dans la commune collaboration.

6 Véritable restaurateur de la mémoire de Jeanne d'Arc, le premier qui avait ramené au premier plan la glorieuse Pucelle. Il va être décapité en 1793 par le tribunal révolutionnaire à l'âge de 70 ans pour une ridicule affaire de blé jeté dans son étang !

7 Recteur émérite de l'Université de Paris à l'âge de trente ans.

8 D'après les recherches de Denifle & Chatelain, les notaires auraient rédigé le procès en latin au plus tôt en 1435 mais Jean Fraikin démontre qu'il a été rédigé plus tôt (au plus tard en novembre 1431).

9 Deux écussons vairés et timbrés qui sont les armes de la maison d'Urfé.

10 Tel que le décrivait Quicherat en 1849, le manuscrit de d'Urfé présentait une telle confusion que personne n'a pu s'y reconnaitre. Il fallut tout le talent de Jules Quicherat pour débrouiller un tant soit peu ce chaos. Dès le début du XVI° siècle, une partie des cahiers manquaient. Qui entreprit de restaurer le manuscrit ? est-ce Claude d'Urfé entre 1502 et 1558 ? en tout cas il ne fit qu'ajouter à la confusion. Il mélangea pièces originales et pièces ajoutées (reprises ou traduites d'autres documents) et "foliota bravement ce "monstre" dans une numérotation continue" (P.Doncoeur).
M. Porcher, conservateur en chef du département des manuscrits à la bibliothèque nationale s'est attelé à la tâche et a séparé les écritures du XV° siècle et celles du XVI° siècle. Il a fait découdre le manuscrit et les cahiers et folios du XVI° siècle ont été mis à part. Dans la nouvelle reliure, des folios blancs témoignent de l'absence des folios originaux. La remise en état des folios originaux de ce très précieux manuscrit d'Urfé en permet désormais une lecture beaucoup plus facile. Il comporte aujourd'hui :
- une grande partie de la rédaction épiscopale du "Procès de réhabilitation" (manque la fin, mais tous les interrogatoires y sont),
- la minute française du "Procès de condamnation" à partir du 3 mars 1431 (manque le début),
- une copie du procès latin du "Procès de condamnation" qu'avait collationnée et paraphée par Guillaume Manchon et qui a été remise aux juges de la réhabilitation (copie lacérée en jugement par le juge de la réhabilitation).

11 Pierre Champion estime qu'il s'agit de l'exemplaire de Pierre Cauchon.

12 C'est une copie très importante (voir note 8) car contrairement aux trois manuscrits authentifiés par les greffiers où Boisguillaume avait paraphé les pages, ici c'est Manchon qui les avait paraphées. La copie contenue dans le Ms. de d'Urfé date du XV° siècle. C'est du manuscrit de l'Assemblée nationale que cette copie se rapproche le plus.




Procès de condamnation

Présentation :

- L'organisation du tribunal
- Les sources existantes
- Plan chateau de Rouen
- La prison de Jeanne

Procès :
- Procès


Complément :
- Etude de l'abjuration
- Lettres de garantie




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Jeanne d'Arc, histoire et dictionnaire