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La
famille de Jeanne d'Arc |
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nom Jeanne d'Arc n'a été popularisé
que bien après la mort de Jeanne. Elle-même déclarait
s'appeler Jeanne La Pucelle, être née et avoir été
baptisée à Domrémy par le curé Jean
Minet.
De nombreux érudits et chartistes se sont penchés
sur le nom de famille de Jeanne, sur son origine. Certains lui ont
trouvé une ancienne souche noble. Qu'en est-il exactement,
c'est ce que nous allons essayer de voir dans ce dossier sur sa
famille.
Le nom de famille d'Arc :
Du berceau de la famille de la Pucelle, on sait bien
peu de chose, malgré les recherches auxquelles les érudits
se sont livrés.
A six lieues de Chaumont (Haute-Marne), en Champagne,
se trouvait un bourg nommé Arc-en-Barrois, qui a peut-être
été le berceau des ancêtres de Jeanne et qui
leur a donné son nom. Mais ce n'est qu'une conjecture.
Il y avait dans le duché de Bourgogne une localité
portant le même nom : Arc-en-Tille (aujourd'hui dans le département
de la Côte d'Or, arrondissement de Dijon). En 1392, la châtelaine
de ce pays s'appelait Jeanne d'Arc (1).
Ce nom d'Arc n'a pas été porté
seulement par des cultivateurs et des châtelaines ; il l'a
été aussi par des bourgeois, des chapelains, chanoines
et autres ecclésiastiques. ll y eu un Jehan d'Arc, évêque
de Verdun de 1245 à 1253. En 1353, Simon d'Arc remplissait
les fonctions de chapelain de la chapelle Notre-Dame au château
royal de Chaumont ; en 1375 et 1390, il y avait à Troyes
un drapier du nom de J. d'Arc et un chanoine du nom de Pierre d'Arc
; en 1404, à Bar-sur-Seine, au diocèse de Langres,
le curé s'appelait Michel d'Arc. (2)
Vallet de Viriville a signalé l'existence d'une Jehanne
d'Arc à qui le roi Charles VI fit remettre dix-huit sole
pour la remercier de lui avoir présenté ce qu'on appelait
alors chapeaux, c'est à dire couronnes de fleurs. "Le
Roy, pour argent donné à une pauvre femme nommée
Jehanne d'Arc qui lui avait présenté chapeaux. Pour
ce, dimanche, XII° ,jour de juing 1407, à l'hôtel
St Paul, argent : XVIII sols". (3)
Cette pauvre femme appartenait-elle de quelque manière
à la famille de Jacques d' Arc ? On ne saurait le dire. Le
lecteur qui aime les rapprochements, à l'occasion de cette
couronne de fleurs présentée à l'infortuné
Charles VI, pourra songer à la couronne que la Pucelle fit
mettre à Reims sur le front de Charles VII.
Le nom d'Arc, d'après la Pucelle (Procès) "respondit
que son père estoit nommé Jacques Tarc",
était le nom de son père ; c'est celui sous lequel
les actes authentiques du procès de réhabilitation
désignaient sa famille. Quelle en était l'origine
?
On fait à cette question des réponses
diverses. Les uns tirent ce nom d'une des localités qui le
portent et supposent qu'un des aïeux de Jeanne y était
établi. Le père ou le grand-père de Jacques
d"Arc l'ayant quitté pour habiter Montiérender,
où l'aurait appelé Pierre ou Jacques d'Arc. comme
on appela le frère d'Isabelle Rommée, Jean de Vouthon,
du nom du village où il était né. D'autres
font venir ce nom des emblêmes que portait le sceau de Jacques
d'Arc, un arc bandé de trois flèches. Il y aurait
donc à choisir entre les deux étymologies : ab
Arco ou ab Arcu.
La Pucelle ne porta pas habituellement le nom de Jehanne
d'Arc à Domrémy et en France. Elle-même
ne se nomma jamais ainsi, mais Jeanne ou Jeannette tout court, ou
Jeanne La Pucelle. Cependant, elle fit observer à ses juges,
dans la séance, du 24 mars, pendant qu'on lui lisait la minute
de ses interrogatoires, "qu'elle avait pour surnom d'Arc
ou Rommée, parce qu'en son pays les filles portaient
le surnom de la mère". (Procès)
Dans le Procès de réhabilitation, elle
est nommée Jeanne d'Arc aussi souvent que Jeanne tout court.
(Procès de réhabilitation)
Les lettres d'anoblissement données en décembre
1429 par Charles VII à la famille de Jeanne et à tout
son lignage offrent cette singularité que les membres y sont
désignés sous le nom d'Ay et non sous le nom d'Arc
"Johannnæ d'Ay, caræ et dilectæ nostræ
- Jacobum d'Ay, patrem - Jacqueminum et Johannem d'Ay."
Edmond Richer ne peut conjecturer d'où une telle
erreur est provenue, sinon de quelque vice de clerc (4).
Jules Quicherat et d'autres expliquent cette altération par
la manière dont les Lorrains prononcent les "r",
qu'ils éteignent presque entièrement. (5)
Le même nom d'Ay pour d'Arc (Jehanne d'Ay, Jacques
d'Ay, etc...), figure dans le texte de la confirmation que Henri
II fit, en 1550, du privilège de noblesse accordé
aux descendants de la famille de Jeanne d'Arc. (6)
Quelle est l'orthographe exacte et rationnelle du nom
d'Arc ? Faut-il écrire Darc ou d'Arc ? Vallet
de Viriville, dans la brochure citée plus haut, s'applique
à démontrer qu'il faut supprimer l'apostrophe et écrire
simplement Jeanne Darc. Henri Martin s'est rangé à
son avis. Ce qui n'a pas empêché l'opinion contraire
de prévaloir. L'usage d'écrire Jeanne d'Arc avec l'apostrophe
est aujourd'hui général. A tous les arguments mis
en œuvre par l'historien de Charles VII, aucun n'est péremptoire,
il suffit de répondre que jusqu'au dix-septième siècle
on écrivait couramment Dalençon, Dorléans,
Darmagnac et autres noms à particule incontestée,
sans apostrophe, comme la lecture des manuscrits de ce temps, conservés
à la bibliothèque nationale permet de le constater.
On a dans des pièces authentiques les deux orthographes du
nouveau nom des frères de Jeanne : Duliz et Du
Lys.
Le père et la mère de Jeanne d'Arc :
Domrémy n'était pas le village originaire
du père de Jeanne d'Arc, pas plus que sa mère. Jacques
d'Arc, père de l'héroïne, était né
vers 1375 ou 1380, de bonne et ancienne famille, a-t-on lieu de
croire, à Ceffonds (7), localité
champenoise dépendant de la riche abbaye de Montiérender
(Haute-Marne), au diocèse de Troyes. On connaît encore
dans ce village la maison d'Arc, que des titres fort anciens désignent
comme ayant appartenu, au quinzième siècle à
Jean d'Arc (sans doute le frère de Jeanne), demeurant à
Domrémy (8). Une plaque commémorative
a été placée sur la maison où Jacques
d'Arc aurait vu le jour.
C'est vers le temps de son mariage, sans doute, que
Jacques d'Arc vint s'établir à Domrémy. La
jeune fille qu'il épousa avait nom Isabelle ou Zabillet Rommée
et était de Vouthon, village à sept kilomètres
à l'ouest de Domrémy, aujourd'hui dans le canton de
Gondrecourt. On suppose que Rommée n'était en aucune
manière son nom de famille, mais un simple surnom donné
à l'un des siens, selon l'usage du temps, pour avoir fait
le grand pèlerinage de Rome (9).Vouthon
était divisée en deux sections nommées Vouthon-le-Haut
et Vouthon-le-Bas, à un kilomètre l'une de l'autre.
A laquelle de ces deux sections appartenait la famille de la mère
de Jeanne ? C'est probablement Vouthon-le-Haut car c'est toujours
Vouthon-le-Haut qu'on désignait quand on parlait de Vouthon
tout court. Isabelle a dû conserver ses biens à Vouthon,
du moins pour un temps. On sait que Jacquemin, le fils aîné
de la famille, y résidait en 1425. En effet, il reçut
une amende de cinq sous pour un "défaut de jour"
imposée par le prévôt de Gondrecourt (S.Luce).
Le père de Jeanne d'Arc n'avait-il ni frères
ni soeurs ? Un de ses descendants, Charles du Lys (10),
auteur du traité sommaire cité plus haut, nous apprend
que Jacques d'Arc avait deux frères nommés l'un Nicolas
l'autre Jean. Nicolas étant mort, sa veuve fut une des marraines
de Jeanne d'Arc. Jean prêta serment, en 1436, comme arpenteur
du roi pour les "bois et forêts" au "département
de France".
Jacques d'Arc après le départ de Jeanne
pour Chinon, n'eut la joie de la revoir qu'à Reims, à
l'occasion du sacre. La ville de Reims se réserva l'honneur
de traiter et de défrayer le père de la Pucelle. Charles
VII lui fit remettre une somme d'argent et le chargea d'annoncer
aux habitants de Domrémy et de Greux qu'ils étaient
désormais exemptés de toute taille.
Puis vinrent les évènements douloureux
de 1430, l'échec de La Charité, la sortie de Compiègne,
la prise et la captivité de Jeanne, enfin le procès
et la sentence de Rouen.
Quand le malheureux père apprit le supplice et
la mort cruelle de sa fille, il ne put supporter ce chagrin. Le
poète Valerian Varanius (Quicherat, procès t.V p.83)
nous apprend qu'il mourut l'année même de cet évènement.
La situation de fortune de Jeanne d'Arc :
Les parents de Jeanne d'Arc étaient-ils pauvres
ou riches ; étaient-ils éloignés de la richesse
et de la pauvreté dans ce qu'on appelle une honnête
aisance ?
Deux témoins de l'enquête de 1456, Béatrix,
veuve d'Estellin et Jeannette, veuve Thiesselin disaient d'eux qu'ils
n'étaient pas bien riches : non erant multum divites.
Qu'exprime le langage de ces témoins : de la compassion ou
de l'ironie ? peut-être ni l'un, ni l'autre. Il est difficile
d'en tirer quelque chose de clair.
Sur les trente-quatre témoins de cette même
enquête, un seul parle de pauvreté à propos
de Jacques d'Arc et des siens : bons catholiques, de bonne renommée
quoique pauvres, quamvis essent pauperes. Mais il est à
noter que ce témoin n'était pas à Domrémy
: c'était le prêtre Etienne de Sionne, de Roncey, près
de Neufchâteau. Parmi les témoins de Domrémy
même, qui connaissaient exactement la situation de
fortune des parents de la Pucelle, nous entendrons les uns comme
Jeannette, femme Thévenin, comme Mengette l'une des amies
préférées de Jeanne d'Arc, nous parler des
fréquentes aumônes de la jeune fille ; d'autres comme
Perrin le Drappier, marguillier de l'église, ajouter que
ces aumônes étaient considérables, d'autres
enfin et Jeanne elle-même, signaler les cierges qu'elle faisait
brûler à
Notre-Dame de Bermont et dans l'église de son petit village.
Ajoutons que l'habitation de la famille ne ressemblait
pas à celle des habitants pauvres et besogneux. Elle était
solidement et pour l'époque, luxueusement construite, puisqu'elle
a traversé cinq siècles et qu'elle est restée
debout ; elle fut restaurée à la fin du XV° siècle
mais non reconstruite. De plus Jacques d'Arc possédait
des bêtes et des chevaux dont Jeanne parfois s'occupait, et
sous ce nom générique d'animaux ou de bestiaux :
animalia, on doit comprendre toutes les espèces de
troupeaux, boeufs, vaches, moutons, brebis, qu'on élevait
dans la vallée de la Meuse. Une condition pareille n'est
pas de la pauvreté, c'est au moins de l'aisance. Ajoutons
à cela que Jacques d'Arc et sa femme fondèrent dans
l'église de Domrémy leurs obits et anniversaires et
deux messes annuelles à célébrer pendant la
semaine des Fontaines (11).
Cette aisance allait-elle pour les parents de Jeanne
jusqu'à la richesse ? constituait-elle une véritable
fortune ? Il faudrait le croire d'après quelques érudits.
Ils font valoir que en 1419, le chateau de l'Isle et des appartenances
ayant été mis aux enchères pour sept années,
Jacques d'Arc fut un des deux adjudicataires (12)
mais la raison principale se tire de l'allégation suivante
: M. Villiaumé, auteur d'une histoire de Jeanne d'Arc, déclara
devant MM. De Bouteiller et de Braux tenir d'un de ses grands oncles,
curé de Damvillers (Meuse), mort vers 1820, des pièces
qui le conduisaient à cette évaluation des biens de
Jacques d'Arc et d'Isabelle Rommée. Ces biens disait-il "représentaient
environ vingt hectares dont douze en terres, quatre en prés
et quatre en bois dont le Bois-Chesnu. Ils avaient de plus leur
maison, leur mobilier et une réserve de deux ou trois cents
francs...", somme importante à l'époque.
Voilà ce qui expliquerait la possibilité
qu'ils avaient de faire la charité et de donner l'hospitalité
aux mendiants et aux voyageurs qui passaient souvent dans ce pays.
Quelque confiance que mérite M.Villaumié
et le curé, son oncle, il nous parait plus sage et plus sûr
de ne pas attribuer une vraie fortune aux parents de Jeanne et de
voir en eux des cultivateurs aisés, mais pas davantage.
S'ils n'étaient pas riches, ils étaient du
moins estimés et considérés. Ce qui le prouve
c'est l'unanimité des témoignages qui leur furent
rendus dans l'enquête de la réhabilitation. ce qui
le prouve encore, c'est le titre de doyen
(ou sergent du latin serviens) du village, donné à
Jacques d'Arc dans un acte de 1423 (13).
Or, ce titre et les fonctions qui en découlaient n'étaient
dévolus qu'à des gens d'une probité reconnue.
Le doyen prenait rang immédiatement après le maire
et l'échevin. C'est lui qui convoquait les maires, échevins,
jurés à leurs réunions ordinaires ou extraordinaires
: il était également chargé de la collecte
des tailles (14). L'acte public dans
lequel Jacques d'Arc est qualifié de doyen fut rédigé
à Maxey sur Meuse à la date du 7 octobre 1423.
Autres preuves de la considération dont le père
de Jeanne jouissait auprès des habitants du village. En 1423,
Greux et Domrémy avaient souscrit un tribut annuel au damoiseau
de Commercy. Sept habitants de chaque localité s'engagèrent
et répondirent pour leurs concitoyens. Jacques d'Arc fut
un des sept répondants de Domrémy (15).
En 1427, les habitants de Domrémy ayant un procès
important à soutenir par-devant Robert de Baudricourt, Capitaine
de Vaucouleurs. Jacques d'Arc est désigné dans un
acte du 31 mars rédigé à Vaucouleurs comme
le fondé de pouvoir de ses concitoyens (16).
Il est vrai qu'il ne figure plus dans un acte postérieur
de deux ans relatif au même procès. M. Boucher de Molandon
conjecture que Jacques d'Arc dut décliner un mandat qui l'eut
mis en rapport avec le Capitaine à qui sa fille Jeanne, vers
le même temps, demandait de la faire conduire à Chinon
(17).
Les armoiries de la famille d'Arc :
On peut encore invoquer à l'appui des considérations
qui précèdent, les armoiries dont la famille de la
Pucelle était en possession avant qu'elle fut sortie de son
petit village.
Dans le traité sommaire
déjà cité, Charles du Lys nous apprend que
Jean du Lys, échevin d'Arras, "retint les armoiries
anciennes de la famille Darc que portaient son ayeul Jacques d'Arc,
père de la Pucelle qui estoit d'un arc bandé de trois
flèches auxquelles il ajousta le timbre comme escuyer, et
le chef d'un lion passant à cause de la province à
laquelle son roy l'avait habitué (18)
Les lettres patentes de 1612, constatent le même
fait. Jean du Lys, disaient-elles "se serait contenté
de porter le nom Dulis, retenant les armes du nom de leur ancienne
famille d'Arc,
qui sont d'azur à l'arc d'or mis en fasce, chargé
de trois flèches entrecroisées, les pointes
en haut férues, deux d'or, ferrées et plumetées
d'argent, et une d'argent, ferrée et plumetée
d'or, et le chef d'argent au lion passant de gueules".
La famille d'Arc avait donc des armoiries à elle
avant que Charles VII l'anoblit et lui donnât celles que l'on
connait, encore que ces armoiries ne constituent qu'un signet et
nullement un blason, le timbre ou heaume y manquant, elles indiquent
que la famille d'Arc sortait du commun (19).
Ces armoiries, les descendants de Pierre du Lys les avaient gardées,
sans y joindre celles qu'avait octroyées à la Pucelle
le roi Charles VII. Par les lettres patentes de 1512, Louis XII
autorisa représentants de cette branche cadette à
porter les deux ensemble "escartelées en mesme ecusson"
(20).
Les mêmes lettres établirent que le "cri
de Charles Dulis (l'un des sollicitants) serait : "La Pucelle
!" et que celui de Luc Dulis, escuyer, sieur de Reisnemoulin,
frère de Charles (le second sollicitant), serait : "Les
Lys !" (21)
Les frères et soeur de Jeanne d'Arc :
Jeanne d'Arc eut une sœur et trois frères. Sa sœur
se nommait Catherine. Ses frères se nommaient Jacques ou
Jacquemin, Jean, Pierre ou Pierrelot.
- Catherine d'Arc : de
la sœur de Jeanne d'Arc, deux questions se posent :
- Qu'advint-il de la sœur de Jeanne d'Arc ?
- Jeanne eut-elle une sœur seulement ou en eut-elle plusieurs
?
Que savons-nous de la sœur de Jeanne d'Arc ?
Ce que nous savons de la sœur de Jeanne c'est qu'elle se nommait
Catherine, qu'elle se maria avec Jean Colin, fils de Colin de Greux,
qu'elle mourut avant le départ de sa Jeanne pour Chinon.
Ce que nous ne savons pas c'est si elle était l'aînée
de Jeanne ou sa cadette. Vu son mariage, nous croirions volontiers
qu'elle était son aînée.
Ce qui prouve que cette soeur de Jeanne avait pour prénom
Catherine, c'est la déposition de Allouy Robert, femme de
Pariset Lengres dans l'enquête à laquelle procéda
le bailli de Chaumont le 8 octobre 1555 à Vaucouleurs, au
sujet d'un membre (Jehan Royer) de la famille de la Pucelle (22).
Cette Allouy Robert était la petite fille de
Jehan le Vauseul et d'Aveline, soeur de la mère de Jeanne
d'Arc. Elle déposa tenir de sa mère que ladite Aveline,
grand'mère de la déposante, aurait dit à sa
mère que "lorsque la Pucelle se départit du
pays de Vaucouleurs pour aller sacrer le Roy, ladite Pucelle aurait
requis ladite Aveline, que, puisqu'elle était enceinte d'enfant,
si elle accouchait d'une fille, elle luy fit mectre en nom Catherine,
pour la soubvenance de feue Catherine sa soeur, niepce de ladite
Aveline ; tellement que la mère d'elle déposant fut
nommée Catherine."
Ce qui prouve que cette Catherine, soeur de la Pucelle, fut
mariée à Jean Colin, fils de Colin et maire de Greux,
c'est l'enquête faite à Domrémy le 16 août
1502, à la requête des cousins maternels de Jean du
Lys, fils de Pierre du Lys et neveu de la Pucelle. Cette enquête
citée par M. Boucher de Molandon (la famille de Jeanne d'Arc
dans l'Orléannais p.62-69), révéla par la bouche
du huitième déposant, laboureur à Greux, que
"Colin, le maire, fils de Jean Colin, en son vivant maïeur
(maire) avait espousé la soeur de la Pucelle." Si
on objectait que Colin au procès de réhabilitation
n'en dit rien, on répondrait qu'il n'en dit rien parce que
rien ne demandait qu'il le dit, et que, l'eût-il dit, les
notaires qui reçurent et écrivirent sa déposition
purent bien l'oublier ou n'en pas faire mention. D'ailleurs les
dépositions prises à Domrémy et Vaucouleurs
étaient établies sur un strict questionnaire en douze
points. On peut encore ajouter que Catherine, au moment du procès
de réhabilitation était décédée
depuis longtemps (au minimum 27 ans).
Enfin, la preuve que cette sœur de Jeanne mourut
avant le départ de la Pucelle pour Chinon se trouve dans
la déposition ci-dessus de la femme de Pariset Lengres et
dans la requête même de Jeanne. On peut invoquer comme
preuve décisive le silence fait dans les lettres d'anoblissement
de la famille de Jeanne à propos de Catherine d'Arc.
Jeanne
d'Arc eut-elle une ou plusieurs soeurs ?
Isabellette, femme de Gérardin d'Épinal, dit, dans
sa déposition : "Jeanne s'en alla à Neufchâteau,
avec son père, ses frères et ses soeurs..."
Colin, fils de Jean Colin, dit : "Presque chaque samedi,
cum quadam sorore sua, et d'autres femmes Jeanne allait à
l'ermitage de Bermont..."
Michel Lebuin, de Domrémy, affirme le même fait que
le témoin précédent, dans les mêmes termes
"cum quadam sorore sua ibat, et candelas portabat..."
Faut-il traduire ces
mots latins par "une de ses soeurs" ou par "sa soeur"
? D'autre part Jeanne exprimait devant Dunois et l'archevêque
de Reims, en marchant sur Paris, le voeu que Dieu la laissât
aller rejoindre "son père, sa mère, ses frères
et sa soeur, qui seraient grandement joyeux de la voir - cum
sorore et fratibus meis".
Jeanne avait donc alors une autre sœur que celle
dont elle a avait eu à pleurer la mort avant son départ
pour Chinon ? Quelques favorables que les textes précédents
paraissent à cette conclusion, une simple remarque remet
tout en question et laisse subsister l'incertitude. C'est que l'usage
du temps et du pays faisait donner indistinctement le nom de sœur
aux sœurs proprement dites et aux belles-sœurs.
Resterait donc à savoir si les témoins,
si Jeanne elle-même parlent de ses sœurs propres ou de
ses belles-sœurs. Jean Hordal, dans une lettre du 19 juillet
1609 à Charles du Lys, a rencontré et résolu
ces difficultés. "Et faire se pourrait, dit-il, que
la déposition du comte de Dunois se devroit entendre de la
femme de quelques-uns des frères de ladicte Pucelle. laquelle
parlant d'une sœur entendoit parler dune belle-sœur et
femme d'un de ses frères.
On dit encore que la sœur de Jeanne d'Arc aurait eu
dix-sept ou dix-huit ans à peine à sa mort, arrivée
sur la fin de 1428 ou dans les premiers mois de 1429, chose peu
conciliable avec son mariage que l'enquête faite en 1502 prouve
avoir eu lieu. L'objection est peu sérieuse : qu'est-ce qui
a pu empêcher Catherine d'Arc de se marier à seize
ans et de mourir quelques mois après ?
Edmond Richer, dans son Histoire manuscrite de Jeanne
d'Arc, dit qu'il en fut de Jacquemin comme de son père
: ni l'un ni l'autre ne survécurent longtemps à leur
bien-aîmée Jeanne.
- Jacquemin d'Arc : d'après MM. E. de Bouteiller
et G. de Braux, des raisons sérieuses autoriseraient à
penser que Jacquemin aurait vécu plusieurs années
après le supplice de sa sœur, et qu'il aurait eu non seulement
une fille mais un fils nommé Pierre, comme son oncle le jeune
frère de Jeanne. Ce fils aurait épousé Jeanne
de Prouville, et de cette branche seraient issus les Maleyssis,
les Hordal, Villebresme et Haldat qui figurent dans la descendance
de la famille de Jeanne d'Arc. (La famille de Jeanne d'Arc, pp-
78-88.)
Les mêmes auteurs mentionnent dans leurs Nouvelles
recherches, pp. XIII, XIV, 109, un arrêt du sénéchal
de Fougères qui donne Jacquemin d'Arc pour ancêtre
aux Le Châtelain, par les Le Fournier et Villebresme. Jacquemin
serait donc allé se fixer en Normandie. Cela prouve combien
il est difficile de découvrir la vérité sur
certains points d'histoire. Ce qui est hors de doute, c'est que
l'aîné des frères de la Pucelle était
mort lorsqu'on entreprit le Procès de réhabilitation
en 1455 ; jamais, en effet, on ne l'y voit mentionné ou nommé.
- Jehan d'Arc (ou du Lys), après l'anoblissement
de sa famille, second frère de la Pucelle, suivit de près
sa sœur lorsqu'elle partit pour Chinon. Il était avec
elle au siège d'Orléans et fut logé comme elle
dans l'hôtel de Jacques Boucher. Il prit part à toutes
ses campagnes. Après la mort de Jeanne, il se tint en la
compagnie du Roi.
-
Pierre d'Arc (ou du Lys), dit aussi Pierrelot, frère
cadet, croit-on, de Jeanne, était avec elle ainsi que Jean
d'Arc au siège d'Orléans. A Compiègne, il fut
aussi prisonnier comme sa sœur. Il demeura prisonnier plusieurs
années entre les mains du Bâtard de Vergy.
Les oncles, tantes et cousins maternels de Jeanne d'Arc :
Nous
l'avons déjà dit, lsabelle Rommée, mère
de la Pucelle, était née à Vouthon. Elle avait
une sœur et deux frères, sinon trois. La sœur,
nommée Aveline, fut mariée à Jehan Le Vauseul
ou le Voyseul avant 1410. Ils eurent deux filles : 1° Jeanne
qui épousa Durand Lassois ou Laxart de Burey-en Vaux ; 2°
Catherine qui naquit en 1429 et fut ainsi nommée en souvenir
de Catherine, sœur de la Pucelle. (E. de Bouteiller et G.
de Braux, La famille de Jeanne d'Arc. pp. 93, 169-170 ; Nouvelles
recherches, Introduction, p. XI)
Les deux frères connus de la mère de Jeanne
furent Jehan dit de Vouthon et Dominique ou Mougin qui vint mourir
dans l'Orléanais, quelques années après sa
sœur. (Boucher de Molandon, Un oncle de Jeanne d'Arc oublié)
Jehan de Vouthon,
époux de Marguerite Colnel, quitta le pays en 1416 et vint
se fixer a Sermaize (Marne), avec ses enfants. Il y exerça
le métier de couvreur dont il garda le surnom. (Nouvelles
recherches p.XC) et y vécut jusqu'en 1446. (Boucher
de Molandon, La famille de Jeanne dans l'Orléanais, p.128-129).
Jehan de Vouthon eut trois fils et une fille. Les trois
fils furent Perresson ou Pierresson, Perrinet et Nicolas ; sa fille
eut nom Mengotte. Avec Henry Perrinet, son petit-fils, mort sans
postérité, s'éteignit le nom de Jehan de Vouthon.
Les descendants de sa fille se sont perpétués jusqu'à
nos jours. (Nouvelles recherches, p. XIX)
Charles du Lys, auteur du Traité sommaire,
nous apprend que Nicolas, fils de Jehan de Vouthon, entra comme
religieux profès (c.a.d qui a prononcé ses voeux)
à l'abbaye de Cheminon, de l'ordre de Citeaux, à 4
kilomètres de Sermaize. Jeanne d'Arc dont il était
cousin germain, lui "fit donner dispense et permission de
son abbé pour lui servir de chapelain et aumônier"
(Traité sommaire, p.8)
Nous avons dit que la mère de Jeanne d'Arc eut
deux frères sinon trois. Si elle en eut un troisième,
nous le trouverions dans un certain Henry de Vouthon qui devint
curé de Sermaize et mourut dans l'exercice de ses fonctions
pastorales. Un des témoins de l'enquête des 2 et 3
novembre 1476, reproduite par de Bouteiller et de Braux, Jehan Colin,
l'ainé ; natif et habitant de Sermaize, dit de son curé
Henry de Vouthon qu'il était natif dudit Voulton (Vouthon),
en Barrois, qu'il réputait les Voulton (Perrinet et Perresson)
ses prochains parents, et "qu'après son trespas,
lesdits Perrinet, Perresson et Mengotte leur sœur ont prins
et emporté par portions égales toute la succession
mobiliaire et immobilliaire d'icelluy feu messire Henry de Voulton,
comme ses plus prochains linagers habiles à luy succéder,
sans que aulcuns empeschement leur en fust ni ayt été
depuis lors mis, fait ou donné." (Nouvelles recherches,
p.14-15)
La parenté du curé de Sermaize avec les
neveux d'lsabelle Rommée et par suite avec elle se
trouve par ce témoignage nettement établie. Reste
à savoir si cet ecclésiastique était l'oncle
ou seulement le frère desdits Perrinet, Perresson et Mengotte
(24), le frère ou seulement le
neveu de la mère de Jeanne. MM. de Bouteiller et de Braux
voient en lui frère Nicolas, le religieux de Cheminon, qui,
ayant quitté son couvent, "aurait obtenu, en souvenir
des services rendits par lui à La Pucelle, la cure d'une
ville où se trouvaient réunis ses plus proches parents.
ll aurait alors quitté son nom monastique de Nicolas pour
reprendre celui de Henry. Cette explication de MM. de Bouteiller
et de Braux est malheureusement difficile à concilier avec
la déposition d'une certaine Jehanne, "native de
Sermaize, en laquelle elle a continuellement demouré, âgée
d'environ quatre-vingts ans." La déposante dit avoir
vu audit lieu de Sermaize un nommé messire Henry de Vouthon,
lequel depuis qu il arriva audit Sermaize du pays de Barrois, a
esté curé de la cure dudit lieu, lequel a toujours
réputé Perrinet, Peresson et Mengotte leur soeur ses
parents prochains. Or, si Henry de Vouthon eût été
le frère des personnages désignés, ladite déposante
l'eût su, il semble, et l'eût dit.
Si nous ne pouvons savoir à quel degré
au juste le curé de Sermaize était parent de Jeanne
d'Arc, les témoignages qui précédent suffisent
à établir qu'il était un parent proche : son
oncle ou son cousin, et par conséquent le frère, le
cousin ou le neveu de sa mère Isabelle.
Sources
: "l'histoire complète de Jeanne d'Arc" de Ph-H.
Dunand - 1885
Illustrations
:
- Tympan de la maison natale (2004 - auteur du
site).
- Une des trois signatures de Jeanne d'Arc
connues.
- Maison de Jacques d'Arc à Ceffonds ("Au pays de
Jeanne d'Arc" - Jean de Metz - 1910)
- Patûrages entre Domrémy et Vouthon (ibid.)
- Scènes de labour (ibid.)
-
Armoiries de la famille d'Arc.
- Armoiries données par Charles VII à la famille
de Jeanne (J.C Colrat)
- Fontaine "Jeanne d'Arc" à Vouthon le Haut (auteur
du site - 2004)
- Monument entre Vouthon le Haut et Vouthon le bas à la
gloire de toutes les mamans du monde. Il y écrit : "Monument
de la reconnaissance et de l'admiration élevé à
la gloire de toutes les mamans personnifiées en la noble
mère de Sainte Jeanne d'Arc, Isabelle de Vouthon dite Romée
offrant sa fille à la France et au Monde."
- L'église de Sermaize ("La grande histoire illustrée
de Jeanne d'Arc" - H.Debout - 4° ed.)
Notes :
1
Siméon Luce, "Jeanne d'Arc à Domrémy"
p.25 à 32..
2 Siméon Luce, "Jeanne d'Arc à Domrémy"
p.25 à 32.
3 (Archives nation., sect. hist. KK31-32, fol. 90.)
4 Edmond Richer - Histoire de la Pucelle - liv.IV, f°, 109
verso)
5 Explication qui a paru peu convaincante auprès de natifs
lorrains (Col. de Liocourt). Il est à noter que dans la
séance du 24 mars 1431, le greffier de la minute lorsque
Jeanne prononce "d'Arc", note "Tarc".
6 Qui n'a sans doute fait que reprendre le décret original.
(ndlr)
7 Charles du Lys
- Traité sommaire - éd. de 1628.
Pïerre Marot, auteur lorrain qui a écrit sur Jeanne
d'Arc, ne croit pas que Charles du Lys soit un descendant de Jacques
d'Arc et ne croit pas à l'origine de la famille à
Ceffonds. Il lui reproche d'avoir varié dans les éditions
successives de ses ouvrages. Notons que P.Marot n'apporte aucune
preuve de ce qu'il avance.
8 E. de Bouteiller et G. de Braux - Nouvelles recherches sur la
famille de Jeanne d'Arc - introduction)
9 E. de Bouteiller et G. de Braux - Nouvelles recherches sur la
famille de Jeanne d'Arc - p.XII-XIII)
10 Charles du Lys était conseiller et avocat général
du Roi en la Cour des aides à Paris. Permission lui fut
accordée, par lettres patentes du 25 septembre 1612, de
prendre les armoiries octroyées par Charles VII à
la Pucelle. (Procès t.5 p.225).
11 Extrait d'un registre paroissial de l'an 1490, cité
par MM. De Bouteiller et G. De Braux
dans leur ouvrage "la famille de Jeanne d'Arc" p.181-182.
12 Acte retrouvé par M. Jean Chapellier et publié
dans le "journal de la société.
archéologique lorraine".
13 Chapellier "documents inédits de l'histoire des
Vosges" t.VIII p.72.
14 Siméon Luce : "Jeanne d'Arc à Domrémy"
p.40.
15 Siméon Luce : "Jeanne d'Arc à Domrémy"
p.159-161.
16 Chapellier "documents inédits de l'histoire des
Vosges" t.VIII p.72.
17 Boucher de Molandon, "Jacques d'Arc, père de la
Pucelle" p.25-28.
18 De Bouteiller et G. De Braux "la famille de Jeanne d'Arc"
p.263-268
19 Pierre Marot considère ces armoiries de la famille d'Arc
comme pure fantaisie. Là non plus il ne donne malheureusement
pas d'explication autre que sa défiance envers Charles
du Lys..
20 Quicherat "Procès t.V p.229-231
21 Quicherat "Procès t.V p.231
22 E. de Bouteiller et G.
de Braux "Nouvelles recherches
sur la famille de la Pucelle" p.62
23 E. de Bouteiller et G. de Braux
"La famille de Jeanne d'Arc" p.17
24 Mengotte, cousine germaine de Jeanne d' Arc, fut mariée
à un jeune homme de Sermaize, nommé Collot Turlaut.
Deux on trois ans après ce mariage. le comte de Salm assiégea
l'église de Sermaize où les Français s'étaient
retranchés. Un coup de bombarde atteignit Turlaut et le
frappa mortellement. Un an et demi après la mort de son
mari, sa jeune veuve se remariait. (E. de Bouteiller et G. de
Braux).
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