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Jeanne
d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879
Appendice
3 : Préparatifs de défense des Orléanais |
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Les
fortifications d'Orléans au commencement du quinzième
siècle, ont été décrites par Jollois,
Histoire du Siège d'Orléans (1833, in-fol.),
p.1 et 3, excellent traité, enrichi de cartes. Sur les travaux
accomplis pendant le siège, voyez un très-curieux
mémoire, Extrait des comptes de la ville, de M. Vergnaud-Romagnési
dans le Bulletin du bouquiniste, n° 96, 98 et 99 (1861). Dans
un travail antérieur (Notice historique sur le fort des Tourelles
de l'ancien pont de la ville d'Orléans, et sur la découverte
de ses restes en juillet 1831), le même auteur a décrit
fort exactement l'ancien pont avec toutes ses défenses et
notamment
le fameux fort des Tourelles. Sur la pile qui séparait la
dix-huitième arche de la dix-neuvième, il y avait
une porte. La dix-neuvième arche formait comme une cour et
s'appuyait aux flancs des deux tourelles : l'une à l'ouest
presque ronde, l'autre à l'est, en forme de parallélogramme
; elles se reliaient entre elles par un massif voûté
en pierre, et recouvert de dalles formant plate-forme. Là
était l'entrée du pont, fermée par une porte
en bois et défendue par une herse de fer avec un guichet
étroit pour les piétons à l'orient. Le massif
dont le pied, aux grandes crues, baignait tout entier dans la Loire,
était bordé, au sud, par un fossé où
l'eau coulait dans les petites crues. Un pont-levis, jeté
sur ce fossé, s'abattait sur une petite arche en pierre qui
tenait an boulevard des Tourelles, boulevard formé de pieux,
de fascines et de terre. Les deux tours, à l'époque
où on les démolit, avaient 90 à 100 pieds d'élévation
; elles étaient divisées (celle de l'est particulièrement)
en cinq étages, et crénelées à chaque
étage.
Le religieux de Dumferling (Procès, t.V, p. 341),
rend le témoignage le plus fort au dévouement que
les Orléanais montrèrent dans la défense de
leur ville : "Ceterum de nobilitate, valetudine et strenuitate
dictæ civitatis Aurelianensis non debet cor nobile et altum
in oblivionem dimittere : nam ipsi unanimo consensu... publice proclamari
fecerunt quod aurum et argentum in maxima abundantia haberent, et
victualia et arma tantum in reservia ad plenitudinem pro duobus
annis futuris pro duobus millibus armatorum ; et quod quicumque
nobiles et probi armiductores, si vellent ad eorum civitatem defendendam
cum cis partem capere, usque ad mortem prædictam civitatem
defenderent, etc..." Cf. Monstrelet, II, 52. Les registres
publics d'Orléans cités par les historiens du pays,
Lemaire, l'abbé Dubois, MM. Mantellier et Vergnand-Romagnési,
etc..., donnent toute valeur à ces témoignages. Depuis
la démonstrafion de Henri V en 1421, on avait redouble de
zèle. Les procureurs de la ville forçaient les habitants,
sans distinction de rang ou de profession, à venir, à
tour de rôle, sous peine d'amende, réparer les fossés
de la place. La ville fournissait aux travailleurs hottes, pics,
pioches, pelles et chariots à bras (brouettes) : voyez Lottin,
Recherches historiques sur la ville d'Orléans de l'an
276 à 1789 (Orléans 1836), p. 197 et 198. Nous renverrons
plusieurs fois à ce curieux recueil, tout en mettant en garde
contre ses erreurs chronologiques. L'auteur paraît ne pas
savoir qu'en France, au moyen-âge, l'année ne commençait
qu'à Pâques, et les contradictions les plus choquantes
ne suffisent point pour l'en avertir. On ne rencontrera pas ces
erreurs et on trouvera beaucoup d'autres faits curieux dans l'ouvrage
de M. Mantellier, le 246e Anniversaire de la délivrance d'Orléans
(1855), réimprimé sous le titre de Histoire du
siège d'Orléans (Orléans, 1867), et dans
le très-intéressant mémoire de M.Vergnaud-Romagnési,
cité plus haut...(1)
Source
: Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879
Illustration :
- Pont des tourelles par Vergnaud-Romanési.
Notes :
1 M.Wallon cite ici des références d'ouvrages traitant
du siège d'Orléans qu'il est quasi-impossible de
trouver de nos jours.
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