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Chronique
de l'établissement de la fête du 8 mai
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1ère partie |
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n l'an mil quatre cens et vingt et huit, les Anglois
tindrent leur conseil au païs d'Angleterre, et
là fut ordonné que le conte de Salebery descendroit
ou païs de France, pour conquerre les païs de monseigneur
d'Orléans, lequel ilz tenoient prisonnier dès
l'an quatre cens et quinze, et avoit esté pris par eulx
et fait prisonnier à une journée qui fut Agincourt,
en laquel journée il fut pris, et plusieurs autres seigneurs de France. Audit conte de Sallebery fut baillé
de six a sept mille Anglois combatens. Et lors mondit
seigneur d'Orléans averti de ces choses, considerant
le dommage et destruction qu'il doubtoit advenir
en ses terres et seigneuries au moyen de la dicte
entreprise et mission du dit conte de Salebery, voulant
obvier ad ce de son pouvoir, se adressa au dit
conte de Salebery, et lui recommanda sa terre; lequel Salebery luy promist que il la supporteroit, et
moyennent ce luy promist mondit seigneur d'Orléans
six mille escuz d'or, c'est assavoir de luy raïmbre (1) ung jouyau qu'il avoit en France. Et de tout ce, le dit
conte de Salebery n'en tint riens ; aussi il luy en prist
mal, comme vous orrez, car Dieu l'en punit.
Le dit conte de Salebery, pour accomplir sa mouvaise
voulunté, non obstant la promesse par luy faicte à mon dit seigneur d'Orléans, descendit ou païs de
Normendie, tint sa rotte droit à Chartres, et prist
Nogent-le-Roy et se tira jusques à Yenville en Beausse,
et la mist le siége, et de fait prist iceluy lieu d'Yenville
d'assault. Et ce voyans ceux de Meung sur Loire,
trouvèrent moyen et se rendirent sans coup ferir. Et
puis alla mettre le siége devant Boisgency et devant
Jargueau, et la se rendirent. Et cependant vint iceluy
conte de Salebery piller le lieu et esglise de Nostre
Dame de Clery, dont il fist très mal, car pour iceluy
temps il n'y avoit homme d'armes qui y osast riens prendre que il n'en fust incontinant puny, comme
chachun scet.
En l'an mil quatre cent vingt et huit, les Anglais tinrent leur conseil au
pays d'Angleterre, et là il fut ordonné que le comte de Salisbury,
descendrait au pays de France, pour conquérir les pays de Monseigneur
d'Orléans, lequel ils tenaient prisonnier depuis l'an quatre cent et
quinze. Il avait été pris par eux et fait prisonnier à une journée qui fut
celle d'Azincourt, en laquelle il fut pris avec plusieurs autres seigneurs
de France.
De six à sept mille combattants anglais furent baillés audit comte de
Salisbury, et lors mondit seigneur d'Orléans, averti de ces choses,
considérant le dommage et la destruction qu'il redoutait advenir en ses
terres et seigneuries par suite de ladite entreprise et mission dudit
comte de Salisbury, voulant y obvier de son pouvoir, s'adressa à ce même
comte, et lui recommanda sa terre. Lequel Salisbury lui promit qu'il
l'épargnerait, et, moyennant ce, Monseigneur d'Orléans lui promit six
mille écus d'or, à savoir de lui donner en gage, un joyau qu'il avait en
France. Et de tout cela le comte de Salisbury n'en tint rien ; aussi il lui
en prit mal, comme vous l'ouïrez; car Dieu l'en punit.
Le comte de Salisbury pour accomplir sa mauvaise volonté, nonobstant la promesse faite à Monseigneur d'Orléans, descendit au pays
de Normandie, tint sa route droit à Chartres, prit Nogent-le-Roi, et vint
jusqu'à Yenville-en-Beauce, y mit le siège, et de fait prit d'assaut
y celui lieu d'Yenville. Ce voyant, ceux de Meung-sur-Loire négocièrent,
et se rendirent sans coup férir. Et puis il alla mettre le siège devant
Baugency et devant Jargeau qui se rendirent. Et durant cette expédition
6, icelui comte de Salisbury vint piller le lieu et l'église de Notre-Dame-de-Cléry, dont il fit très mal, car en ce temps il n'y avait homme
d'armes qui osât y rien prendre, qu'il n'en fût incontinent puni, comme
chacun sait.
Sources : Texte original : Jules Quicherat - t.V, p.285 à 299.
Mise en Français plus moderne : J.B.J. Ayroles, "La vraie Jeanne d'Arc", t.III, p.296 à 309.
Notes :
Le texte du manuscrit du Vatican porte de lui raïmbre (remerer) ; celui de Saint-Pétersbourg, de lui rendre.
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