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Histoire de Charles VII - index
L.II-XIV- Comment plusieurs villes françaises passèrent des Anglais à Charles, roi de France, et comment Chartres fut pris.

uo abeunte, civitas Silvanectum dedicionem fecit, quod et similiter Compendium, Belvacum, Laudunum, Suessio, Senonis paulo post pluraque alia opida et castella fecerunt, in quibus nulla militum presidia vel civium et incolarum numero ac viribus imparia atque inferiora extiterunt.
  Carnotum eciam vaframento satis callido receptum est. Nam cum illuc sepe ingrediatur curruum quadrigarumque multitudo, contigit quodam die ut quidam milites, habitu plebeyo et rusticano, armis obtectis, currum onustum aurigantes, supra pontem levaticium et infra portam cum sisterent detectisque gladiis custodes porte jugularent, signo denique cum clangore tube vel cornu dato, armatorum copiam, que juxta portam in speluncis et cavernis latitabat (erat enim mane et nocturnis illic tenebris sese occuluerant), illico advocarunt. Qui propero gressu irruentes, eo modo civitatem occupaverunt. Cujus rei rumore illico pervolante, cum civitatis episcopus, qui satis ferventer partibus Anglorum et Burgundionum adherebat, adhuc hostes eiciendi spem habens, in armis deprehensus fuisset, furore seviente, peremptus est civitasque tota, nemini parcito, in rapinam direpcionemque militibus permissa. Erat enim fama loci incolas Anglorum partes atque Burgundionum satis pertinaciter defendisse. Quod plurium ex ipsis cede bonorumque jactura et perdicione ita eis d extitit repensatum.
Occuparunt eciam ipsi Franci per nocturna silencia opidum quod Locusveris dicitur, a Rothomago viitem tantummodo leucis distans, et in eo validam armatorum municionem locaverunt, unde agros Normannie assidue incursantes, provincie dampna plurima atque ipsis Anglicis intulerunt. Sepe enim usque ad portam pontis Rothomagi adequitabant, et si quos Anglos obvios e habuissent, vel trucidabant vel captos abducebant.
Fuit tum Rothomagi Henricus juvenis, Anglorum rex, illius Henrici de quo supra multa retulimus et Katherine sororis Karoli Francorum regis filius. Quem sibi regnum Francorum ex legittima successione asserentem spectare seque Francorum Anglorumque regem attitulantem Angli trans fretum adventare fecerant, ut ex ejus presencia rebus suis multum nutantibus dilapsisque in Francia remedium afferretur.
  Post cujus adventum, videntes Anglici Parisiensem urbem vicinis circumquaque opidis ac municionibus, que ad Francos defecerant vel armis aut insidiis ad eos pervenerant, graviter opprimi (nam et Latiniacum supra Maternam et Sanctum Dyonisium optinuerant cum aliis plurimis fortaliciis et fame, peste ac variis calamitatibus urbs ipsa miserabiliter conficiebatur et vastabatur), obsidionibus et armis plurima parva castella recuperarunt.

                                                         

  Après son départ, Senlis fit sa reddition, ainsi que Compiègne, Beauvais, Laon, Soissons, Sens peu après, et plusieurs autres places et châteaux dépourvus de garnisons ou dont les garnisons étaient insuffisantes pour le nombre et l'importance des bourgeois ou des habitants.
  Chartres aussi fut recouvré par un stratagème fort habile (1). Comme, en effet, il y entre quotidiennement une foule de voitures et d'attelages, il arriva certain jour que des hommes d'armes, cachant leur fourniment guerrier sous des vêtements de paysan et conduisant un pesant véhicule, l'arrêtèrent sur un pont-levis, en deçà d'une porte, et, tirant leurs épées, égorgèrent les sentinelles ; puis, à grand fracas de trompette ou de cor, ils alertèrent une compagnie de gens d'armes cachée près de la porte dans des fossés et des trous, car il était de grand matin et les ombres de la nuit les dérobaient aux regards. Ceux-ci, se précipitant au pas de course, occupèrent la ville. Le bruit de cet événement se répandit aussitôt, et l'évêque du diocèse (2), qui tenait avec assez de chaleur le parti des Anglais et des Bourguignons, espérant encore chasser les ennemis, fut pris les armes à la main et tué, parmi la fureur grandissante, tandis que toute la ville, sans que personne fût épargné, était livrée au pillage et aux voleries des gens de guerre. Le bruit courait, en effet, que les habitants avaient défendu avec assez d'obstination le parti des Anglais et des Bourguignons : ils en furent payés par la mort, le dommage ou la perte des biens dont furent frappés beaucoup d'entre eux.
  Les Français occupèrent aussi, nuitamment, la place de Louviers (3), distante de Rouen de sept lieues seulement, et ils y logèrent une forte garnison, partant de là pour courir sans cesse les campagnes de Normandie, faisant subir à la province et aux Anglais de nombreux dommages. Souvent, en effet, ces hommes d'armes chevauchaient jusqu'à la porte du pont de Rouen et massacraient ou emmenaient prisonniers les Anglais qu'ils rencontraient.
  Alors se trouvait à Rouen Henri le Jeune, roi d'Angleterre, fils de cet Henri dont nous avons beaucoup parlé ci-dessus et de Catherine, sœur de Charles, roi de France. Comme il affirmait que le royaume de France lui appartenait par voie de succession légitime et qu'il s'intitulait d'ailleurs roi de France et d'Angleterre, les Anglais lui avaient fait traverser le détroit pour que sa présence portât remède à ses affaires de France qui prenaient très mauvaise tournure.
  Après son arrivée, les Anglais, voyant que Paris était gravement menacé par les places et forteresses des alentours qui étaient passées aux Français ou que les armes ou la ruse avaient fait tomber en leurs mains (car les Français avaient gagné Lagny-sur-Marne et Saint-Denis, ainsi que plusieurs autres places fortes, et Paris se trouvait en proie à la peste et à beaucoup d'autres calamités qui l'accablaient), les Anglais donc recouvrèrent soit par des sièges, soit d'assaut un certain nombre de petits châteaux.

                              

            
                                     


Source : "Histoire de Charles VII" par Thomas Basin - éd. et traduction Ch.Samaran - 1933.

Notes :
1 Basin anticipe, le recouvrement de Chartres est du 2 avril 1432.

2 Jean de Festigny.

3 La surprise de Louviers par La Hire est du 8 décembre 1429.




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