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Histoire
de Charles VII
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L.I-XVI
- Prise de Meaux et de Melun par le roi d'Angleterre ; Mort
du duc de Clarence, de Henri, roi d'Angleterre, et de Charles
VI roi de France. |
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nglorum vero rex, ut ad nostram, unde paululum digressi sumus, principalem narracionem redeamus, cum jam Parisiorum urbem et alias prenominatas, titulo heredis et administratoris regni possideret, magna VI ad ceteras subigendas et sue subdendas dicioni satagebat civitates atque opida, que delfino, ut premisimus, exheredato parebant. Unde civitatem Meldensem et opidum Meldinum, et nonnulla alia loca, contractis Burgundionum auxiliis, longis et difficilibus obsidionibus ad dedicionem compulit et suo adjecit imperio.
Alter vero ex suis germanis Thomas, Clarencie dux, cum magnis Anglorum copiis partes Cenomannie atque Andegavie aggressus, et incaucius se agens, a magno Francorum et Scotorum agmine exceptus, illic cum sua gente apud Baugiacum extinctus est. Cujus clade comperta, dixisse fertur Anglorum rex, frater suus, quod si vivus evasisset, eum mortis affecisset pro sua temeritate supplicio, eo quod eum hoste, contra interdictum suum atque imperium, dimicasset, prout olim Manlium Torquatum de proprio filio fecisse, quod contra suum imperium, licet feliciter, cum hoste pugnasset, veteres Romanorum historie referunt.
Non multo autem post, idem Anglorum rex, gravi morbo correptus, debitum universe carnis exsolvit, a summo judice ad recipiendum pro suorum meritis operum stpidendium, ex hoc seculo nequam evocatus.
Fertur autem inflacione ventris et crurium, velud ex ydropi tumidus defecisse, quem morbum vulgus eum incurrisse dicebat, quod villam et oratorium sancti Fiacri, prope civitatem Meldensem, predari atque spoliari per suos vel fecisset vel permisisset. Talem enim egritudinem sicut fedo distendentem tumore ventrem et crura, vulgus morbum sancti Fiacri communiter appellat. Reliquit autem filium impuberem ejusdem nominis, scilicet Henricum, qui, mortuo patre, variis ac miris fortune ludibriis, nunc sublimatus, nunc dejectus, ad ultimum, cum diu regnasset, miserabiliter obiit. Aliquando duorum regnorum maximorum titulis adornatus et utroque magna ex parte potitus, aliquando neutro, interdum altero tantum ; ad postremum utroque simul cum vita privatus violenta morte suffocatus, per suos Anglos occubuit.
Mortuo autem prefato Anglorum rege, quem delfino a patre suo exheredato, heredem et gubernatorem regni Francie factum supra retulimus, brevi temporis intervallo post, et ipse Karolus hujus nominis sextus, Francorum rex, cum regnasset annis XLVIII, majore ex parte postquam amenciam incurrerat, ex hac instabili luce subtractus a obiit, relinquens regnum, jure quidem ad Karolum septimum, filium unicum sibi superstitem, et naturalis successionis ordine devolutum, licet tunc magna ex parte ab Anglis regni hostibus occupatum, civilibus vero atque intestinis dissencionibus nimis, proch dolor ! laceratum et perturbatum.
Et quia in consequentibus gesta ipsius Karoli septimi non jam delfini, licet hunc solum sibi titulum Angli et Burgundiones eciam tunc deferrent, sed ex tunc regis Francorum legittimi et naturalis, narranda suscepimus, ne nimia libri prolixitas legentibus fastidiosa fiat, hoc termino librum hunc convenienter claudentes, sequencia ex alterius ordiemur inicio.
Pour revenir à notre principal récit, dont nous nous
sommes éloigné quelque peu, le roi d'Angleterre, qui
possédait déjà, à titre d'héritier
et de régent du royaume, la ville de Paris et les autres
villes susnommées, s'agitait grandement pour soumettre à
sa puissance les autres villes et places qui obéissaient,
comme nous l'avons dit, au dauphin déshérité.
Aussi, força-t-il à se rendre et mit-il sous sa domination,
avec l'aide des Bourguignons, après des sièges longs
et difficiles, la ville de Meaux, la place de Melun et quelques
autres localités (1).
Cependant, l'un de ses frères, Thomas, duc de
Clarence (2), ayant attaqué avec
de grandes forces anglaises les régions du Maine et de l'Anjou,
et se comportant sans précaution, fut surpris par un parti
important de Français et d'Ecossais et massacré avec
sa suite à Baugé.
A l'annonce de ce malheur, son frère, le roi d'Angleterre,
aurait dit que si le duc avait eu la vie sauve, il l'aurait puni
de mort pour sa témérité, puisqu'en dépit
de son interdiction et contre son autorité, il avait livré
bataille. Ainsi, rapportent les antiques histoires de Rome, avait
jadis agi Manlius Torquatus envers son propre fils qui avait attaqué
l'ennemi, avec succès pourtant, contre sa volonté.
Peu après, ledit roi d'Angleterre, saisi d'une
grave maladie,
acquitta le dû de toute chair, cruellement rappelé
de ce siècle par le souverain juge pour recevoir son salaire
selon les mérites de ses actions.
On raconte qu'une enflure de son ventre et de ses jambes,
gonflés comme par l'hydropisie, furent cause de sa mort,
et le peuple disait communément qu'il avait gagné
ce mal parce qu'il avait ordonné ou permis le pillage et
la dévastation par
ses gens du domaine et de l'oratoire de Saint-Fiacre, près
de Meaux. On appelle, en effet,
communément mal de saint Fiacre cette maladie qui gonfle
hideusement le ventre et les jambes. Il laissa un jeune fils, appelé
comme lui Henri, qui, son père mort, fut le jouet des caprices
les plus divers et les plus imprévus de la Fortune, un jour
hissé sur le pavois, un autre précipité à
terre, et qui, à la fin, alors qu'il régnait depuis
assez longtemps, mourut d'une mort misérable. Tantôt
réunissant sur sa tête les couronnes de deux grands
royaumes, et les possédant l'un et l'autre en majeure partie,
tantôt n'en possédant aucun, ou entre temps n'en possédant
qu'un, enfin privé des deux à la fois avec la vie,
il mourut de mort violente, étranglé par la main de
ses propres sujets.
Au lendemain de la mort du susdit roi d'Angleterre devenu,
comme nous l'avons rapporté plus haut, héritier et
régent du royaume de France à la suite du déshéritement
du dauphin Charles VI lui-même, sixième du nom, roi
de France, après un règne de quarante-huit ans,
dont la majeure partie à l'état de démence,
fut privé de cette périssable vie et mourut, laissant
le royaume théoriquement dévolu par ordre de succession
naturelle à Charles VII, l'unique fils qui lui restât.
Mais ce royaume était alors en grande partie occupé
par les Anglais, ses ennemis, et combien troublé et déchiré,
hélas ! par les guerres civiles et les discordes intestines.
Et puisque nous avons entrepris de raconter dans la
suite de cet ouvrage l'histoire dudit Charles VII, non plus dauphin,
bien que ce seul titre continuât de lui être donné
par les Anglais et les Bourguignons, mais dès ce temps-là
naturel et légitime roi de France, nous clorons ici ce livre,
comme il sied, pour que sa trop grande prolixité ne soit
pas à charge aux lecteurs, et renverrons à un autre
le récit de ce qui suit.
Source
: "Histoire de Charles VII" par
Thomas Basin - éd. et traduction Ch.Samaran - 1933.
Notes :
1 Meaux se rend au roi d'Angleterre le 2 mai 1422. La prise
de Melun, du 17 novembre 1420, est
antérieure.
2 Thomas de Lancastre, duc de Clarence.
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