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Chronique
de la Pucelle
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- La venue de La Poule au porteau d'Orléans - Siège
mis devant Orléans au porteau |
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e septiesme jour d'octobre mille quatre cent vingt huict, la Poule
se partit de Jergeau, et print à puissance logis
à Olivet, près Orléans et Anglois vinrent férir,
jusques aux barrières de Sainct Marcel. Là eut grande
escarmouche, où Anglois furent boutez, lesquels se retirèrent
le lendemain à Meun et Baugency.
Le mardy douziesme jour d'octobre de l'an mille quatre cent
vingt huict, le comte de Salisbery, accompagné de la Poulle,
Glacidas (1), du seigneur de Ros, Lancelot
de Lisle, Gilbert de Halsale, Thomas Guérard, le sire de
Scales, Guillaume de Rochefort, et autres chevaliers et escuyers,
tant Anglois comme faulx François, avec ceux des villes de
Paris, Chartres et de Normandie, vint à toute puissance mettre
le siège devant Orléans. A la venue desquels saillirent
contre Anglois le bastard, les nobles et bourgeois, qui avoient
paravant abbatu partie des forbourgs du Portereau et avoient esté
commencé devant les Tournelles un boulevart qui n'estoit
pas encores parfait, mais y besongnoient jour et nuict.
Si boutèrent les François le feu au demeurant
desdicts fauxbourgs et en l'église des Augustins ; et Anglois
tinrent loin d'illec leurs tentes, sans approcher le pont, jusques
à ce que le feu desdits fauxbourgs fut cessé. Et cependant
ceux d'Orléans abbatirent la muraille des fauxbourgs et remplirent
le boulevart, à l'opposite duquel Anglois fermèrent
une bastide en l'église et en l'hostel des Augustins, qui
n'estoient du tout abbatus ; laquelle bastide Anglois fortifièrent
de profonds fossez et de clostures et vinrent souvent faire des
escarmouches devant le boulevart ; assortirent merveilleuses bombardes
et canons, dont ils firent jetter jour et nuict contre les murailles
de la cité et des Tournelles du pont. Le comte de Salisbery
se vint loger en cette bastille et fit commencer la mine, pour conquérir
le boulevart. Ceuxd'Orléans en eurent cognoissance qui prirent
alors à contreminer, et furent tant menées les mines
et contremines qu'ils furent moult approchez. Là dessus ledit
comte fit appareil d'eschelles et autres habillemens pour assaillir
le boulevart ; dont ceux d'Orléans s'aperceurent bien et
garnirent leur boulevart de gens de faict, et d'habillemens de guerre
pour la défense. Entre lesquels furent, le sire de Villars,
le sire de Guitry, le sire de Couraze (2),
Messire Nicole de Giresme, chevalier de Rhodes, Poton de Sainte-Traille,
Pierre de la Chapelle et autres chevaliers et escuyers de nom et
d'armes, et avec eux les bourgeois d'Orléans en bien grand
nombre.
Source
: édition Vallet de Viriville
Notes :
1 William Glasdale, nom imprononçable à l'époque
pour les Français.
2 Ou Coarase, gentilhomme béarnais.
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