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La chronique de Morosini
Lettre 9 - index
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rticle de la lettre de Gênes du premier août 1429.
Les faits de France, à ce que j'entends, vont de telle façon que j'ai beaucoup de plaisir à l'entendre ; que la Pucelle fasse bien de nouveau très grande victoire ! J'ai appris par la renommée que le dauphin est à Paris, que le régent est mort à la bataille, et que le duc de Bourgogne est prisonnier. Il paraît que ces choses se savent à Milan par un capitaine à la solde du dauphin, qui a nom Giorgio de Valperga, et qu'il l'a écrit. Et j'entends dire aussi que le duc de Savoie a écrit les mêmes choses au seigneur duc de Milan. (1) »

IX (page 1004, f° 506). (*)
Ponto dela letera da Zenoa de primo avosto 1429.
I fati de Franza bene aldo in vano che piaxer non ase ad aldir, che la poncela faza bem, de nuovo grandisima vituoria, ò abudo de fama in Paris che'l dolfin sia, e che'l rezente sia morto ala bataia e del ducha de Borgogna sia prexo ; a parà che queste cose se sapian in Milan per uno capetanio soldado del dolfino, che a nome Ziorzi de Valeperga, che questo a scrito; e aldo eciam del ducha de Savoia, che cusy è sta scrito al signor ducha de Milan.
Questy ij capitoly non è staben otentichadi de niente.
Source : Les textes originaux (en vert) sont ceux publiés par J.B.J Ayroles dans " La vraie Jeanne d'Arc" - tome III "La libératrice", p.567 et suivantes (ndlr : avec quelques petites corrections au vu du texte de Germain-Pontalis).
Les notes d'érudition sont celles de Germain Lefèvre-Pontalis, parues dans "Chronique d'Antonio Morosini", t.III (1898), p.66 et suivantes, accompagnées de la traduction de Léon Dorez.
Toutes les notes sont référencées mais les références ne sont pas toujours mentionnées ici pour plus de clarté.
Extraits des notes de G.Lefèvre-Pontalis :
1 Tout ceci peut se résumer de la façon suivante : des nouvelles, paraissant apportées ou reçues à Milan, par un capitaine italien naguère au service de Charles VII, Giorgio di Valperga, sont transmises par lui à Gênes. Ce Giorgio de Valperga serait-il le même que ce combattant d'Orléans, en correspondance avec Charles VII, signalé comme présent dans l'état de Montferrat. (Voir lettre précédente, arrivant à Venise entre le 2 et le 11 août.) D'autres nouvelles, envoyées par le duc de Savoie au duc de Milan [son gendre], sont également transmises à Gênes. — Le nom de la maison piémon-taise de Valperga figurait alors, en effet, avec éclat, dans les cadres de l'armée royale. A tout le siège d'Orléans, à la campagne de la Loire, à la bataille de Patay, on voit participer Teodoro da Valperga. (Journal du siège, 25 octobre 1428, Charpentier et Cuissard, Compte de forteresse d'Orléans etc...) Vaillant combattant, au service de la France depuis 1423, qui avait figuré à Verneuil et que Charles VII, en récompense de ses services, fit bailli de Lyon...
Remarques d'Ayroles sur cette lettre :
[La remarque de Morosini est tout ce qu'il y a à retenir de ces dernières lettres. Pas une goutte de sang ne fut versée à Auxerre. Les chroniqueurs nous l'ont dit à l'envie. On aura peut-être placé à Auxerre, en le dénaturant sans limites, le massacre des prisonniers que la Pucelle fut impuissante à empêcher après la prise de Jargeau. Le lecteur a pu voir voir qu'un bruit semblable avait couru en France, s'il a lu la lettre de Jacques de Bourbon La Marche à l'évêque de Laon, ou qui lui est du moins attribuée.
Ce qui est dit de La Hire est une altération du rôle glorieux qu'il joua à Patay.
L'on ne s'explique pas le conte à propos de la couronne de saint Louis. L'accusée de Rouen, pressée de dire le signe qu'elle avait donné au roi, répondit par l'allégorie de la couronne qu'un ange aurait apportée au roi ; et elle donna à ce propos des réponses qui, sans trahir le secret qu'elle avait juré de ne pas révéler, étaient cependant pleines de justesse. Peut-être que, pressée aussi par l'importunité de curieux indiscrets, alors qu'elle entrait en scène, elle aurait fait une réponse de ce genre. L'imagination populaire aura ajouté le reste.
Le duc de Bar ne rejoignit son beau-frère que quinze jours après le sacre. En juillet, comme le remarque la Chronique dite des Cordeliers, il était avec son beau-père au siège de Metz. C'est seulement à Compiègne que la Libératrice s'est trouvée les armes à la main en face du duc de Bourgogne.
Qu'on remarque comment dans toutes ces lettres on parle de la soumission, de la conquête de Paris, beaucoup plus que du sacre à Reims. C'est qu'en effet la Pucelle se donnait comme devant introduire le roi à Paris, non moins que comme devant le faire sacrer à Reims. Ceux qui s'étonneraient de ce que la renommée mêlait de faussetés un récit d'événements que l'histoire n'a enregistrés qu'une fois, n'ont qu'à se rappeler les contes que l'on faisait circuler l'année de nos grands désastres. C'est encore plus étonnant que ceux que l'on vient de lire, car c'étaient des contre-vérités.]
Notes :
* Le premier chiffre indique la pagination de la copie de Venise, le second les folios de l'original de Vienne.
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