La vie de Guillaume Gamaches |
et ouvrage doit figurer ici au moins pour mémoire, attendu qu'il a été cité par de recommandables historiens de Jeanne d'Arc,
tels que MM. Le Brun de Charmettes et Jollois. Il fut imprimé en
1790 dans une collection qui a pour titre : la France illustre ou le
Plutarque français, par M. Turpin, citoyen de Saint-Malo.
Ce
M. Turpin reçut en effet des lettres de bourgeoisie des Malouins
pour avoir écrit la vie de Duguay-Trouin, mais il était né à Caen.
Il rampa devant tous les pouvoirs, fit des hommages aux ministres
de Louis XV, à ceux de Louis XVI, à Marie-Antoinette et à la
Convention. La vie de Guillaume de Gamaches a tout l'air d'une
spéculation sur la vanité des héritiers du nom. C'est un tissu de
faux renseignements généalogiques et de prétendus extraits de
chronique, forgés heureusement avec une maladresse qui décèle
sur-le-champ la supercherie.
Guillaume de Gamaches, selon M. Turpin, aurait été l'homme
par qui fut sauvée la France. Il le fait assister aux conseils de
guerre tenus dans Orléans en 1429, et l'y met en lutte ouverte
avec Jeanne d'Arc. A ce sujet il laisse parler sa chronique, dont voici un échantillon :
« Riotte s'esmeut, tant qu'il ne put reffrener son ire, disant : Puisque ainsi est, chevaliers, azener (sic) l'advis d'une peronelle de bas lieu mieulx que celluy d'ung chevalier tel que suis, plus me rebiffe rois à l'encontre. Je fairois parler en temps et lieu mon branc et seroi peut-estre occis ; mais ainsi le veut, pour le roy et mon honneur, et onc dès ichi je deffais ma bannière et ne suis plus qu'ung pauvre escuyer d'autant que j'aime mieulx homme noble pour maistre qu'une femme qui fut peut-estre, qui ça, onc ne sçois. »
Là-dessus Guillaume de Gamaches ploie sa bannière et la remet à Dunois ; mais les autres capitaines à force de prières finissent par
calmer sa colère et par lui faire « baisier en la joue la Pucelle : ce « que firent les deux avec rechin. »
Rien de tout cela ne mérite la discussion ni pour le fond ni pour
la forme. Il suffit d'avoir appelé l'attention sur ce grossier pastiche
pour qu'on s'épargne la peine de recourir au livre, qui est assez
difficile à rencontrer.
Sources et commentaires : Jules Quicherat - t.IV, p.358 à 359.
Notes :
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