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Lettre de 2 Allemands en France
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fin-juin 1429
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ièce publiée à Leipzig dans le Serapeum (n° 23 de l'année 1847). On en doit la découverte à M. Pfeiffer, bibliothécaire
du roi de Wurtemberg, qui l'a trouvée transcrite dans
un manuscrit du XVe siècle (n° 1, medica) de la bibliothèque de
Stuttgart.
Dénuée d'adresse ainsi que des formules ordinaires de
salut et d'adieu, revêtue de signatures de personnages tout à fait
inconnus, conçue dans un mauvais allemand, cette lettre émane
sans aucun doute d'agents envoyés en France par quelque puissance
de la haute Allemagne. Elle fut écrite dans les derniers
jours de juin, au moment où Charles VII se mettait en campagne
pour aller se faire sacrer à Reims.
Les dates des événements y sont établies d'après un calendrier
en retard de plusieurs jours sur le nôtre. M. H. Michelant, auteur
de la traduction qu'on lira ci-après, m'assure que les actes relatifs à la Ligue de Souabe, au XVe siècle, présentent souvent la même
irrégularité.
En voici la traduction :
Mit dem ersten, kam diu Jungfraw an dem xxv.
tage vor dem meyen far Orlyentz, und understund
diu bolwerck zu stürmen und zu gewinnen die die Engelschen vor Orlyen uff geschlagen hetten ;
und was mit ir der bastard von Orlyens, der here von Büsack, der marschalc von Franckenrich, der fry von Coulanches, der here von Res. Die herren hetten alle einen schoenen gezuege von gewapenten lüten, und von schützen, und waren auf vil gemeins folkes mit yn. Und als balde sie komen fur die (1),
der bolwercke eyns das heisset Sant Loy, in dem
waren vil der Engelschen, da gewonnen sie ez mit
einem starken sturm, und schluogen sie alle zu tode
das nit einer endran. Als balde sie dasselbe bolwerck
gewunden, da fluhen die Engelschen, die da waren
in den zwein andern bolwercken der hiess eins Sant
Johannis de Wisse, das ander lag an einer brücken,
zwüschen zweien waszern. Da stiessen sie füer in,
und verbranten die bolwerck, und entwichen uff ein
gross feste bolwerck, das hiess Porterau. Dar nach an dem xxvij. tage des seiben manedes, ward das selbe bolwerck Porterau gestürmet zuo beiden siten, und
was der selbe storm als gross und als grülich storcke,
und werte von dem morgen bis zu vj. stunden nach
dem mittage ; und die Jungfraw hielt allewege ir
banner. Dar wurden vil Engelscher erschlagen und
entronnen nit vil : sie wurden erschlagen oder gefangen.
Dor nach an dem xxviij. tage des selben manedes,
da huben sich die andern Engelschen, die in dem
andern bolwerck waren, und liessen alle ir bastil und
bolwerck stan. Der heisset eins Paris, das ander
Rebon, das tritte Sant Pax ; und fluhen by nacht dar
von. Darnach zoch diu Jungfraw für den koenig.
Der entphieng sie foerlich in der stat von Torns. Dor
nach ist diu selb Junfrow wider uss gezogen, und mit
ir der hertzog von Alonson, der here von Vendemes,
der bastard von Orlyens, der marschalk von Franckenrich,
der amyral und manig ander houptman mit
starcker geselschafft mit rittern und knechten, und mit grossem folke zu fusse von der gemein ; und sind
komen für ein stat, diu hiess Sergiaus, an dem vj. tage des junius, und lagen die nacht und des morgens dar
vor bis off ij. stund nach mittage. Dar fiengen sie an
zu stürmen gar ritterlich und menlichen die selben
stat. Und ein bolwerck lag an einer brücken by der
stat ; und werte der sturme biss an iiij. oder v. vor
nacht, und gewunnen das bolwerck, und wurden
erschlagen c. und xvj. Engelscher ritter und knechte,
edelliite uss Engellande geboren. Und da ward gewangen
der graf von Seuffert, der Paul, und sin bruder.
Und die Jungfraw ist alwegen menlich und ritterlich
gestanden mit irem baner, on hinder sich
tretten und ane rasten. Was also ein grülich jemerlich
sturm, das me dann ein wagen getragen mag. Stein uff die Junfraw wurden gewoffen ; und beschach ir nie
kein leit von den gnaden Gotz, der sie behüt. Und waren wol Vc fechther manne in dem bolwercke von
Engeischen ; und wurden alle erschlagen, das ir nie
keiner entrand, dann die dry vorgenanten herren,
die wurden gefangen. Und ist yetzund der koenig uff
dem felde mit Jungfrowen, und vil die Engelschen
uss dem lande schlagen, wanne die Jungfrowe heit
ime verheissen, ee dann Sant Johannes tag des deuffers
kome in dem xxix. jare, so solle kein Engelscher
also meniich noch so geherit syn, das er sich lasse
sehen zu velde oder zu strile in Franckenrich. Dor
nach an dem xviij. tage des vorgenanten manides, kam
die Jungfrowe mit dem koenige und ire gesellschaft
für Boiency. Da kamen die Engelschen und begerten
die Jungfrowen zu bestritten. Des begerte auch diu
Jungfrow von gantzen hertzen. Da wart gestritten
vor der stat, und die Jungfrow gewand den stritt mit
hilfe Gotes. Da worden geschlagen der Engelschen ob iiijm. und under vm. Da wurden gefangen dry gross capitanien. Der eine heisset Talebothe, [der ander], der here von Schales, der dritte der Wastolff.
Datum
M°CCCC° xxix tagl mens, junii.
LE CONT VASTE.
JOHAN ROTTENBOT.
En premier vint la Pucelle, le vingt-cinquième jour
avant mai, devant Orléans, et elle entreprit d'assaillir les
boulevards et d'obtenir que les Anglais fussent battus devant
Orléans ; et avec elle étaient le bâtard d'Orléans, le
sire de Boussac, maréchal de France, le baron de Coulonces, le sire de Rais. Ces seigneurs avaient tous une
belle suite de gens d'armes et d'archers, et en outre beaucoup
de commun peuple ; et aussitôt qu'ils arrivèrent devant
[la ville], un des boulevards qui s'appelait Saint-Loup, où il y avait beaucoup d'Anglais, ils l'emportèrent
par un vigoureux assaut et ils les mirent tous à mort que
pas un n'échappa. Lorsqu'ils eurent emporté ce boulevard,
alors se mirent à fuir les Anglais qui étaient dans deux autres boulevards, dont l'un s'appelait Saint-Jean-le-Blanc,
l'autre était près d'un pont entre deux eaux. Ils se précipitèrent
donc dehors, brûlèrent les boulevards et se retirèrent
dans un autre grand boulevard, bien fortifié, qui s'appelait
Portereau. Ensuite le 27 du même mois, ce même fort de Portereau fut assailli des deux côtés, et l'assaut fut alors
vigoureux et effroyable, et il dura depuis le matin jusqu'à
six heures après midi, et la Pucelle tint tout le temps sa
bannière. Beaucoup d'Anglais furent tués, et il n'en échappa guère ; ils furent tués ou pris. Ensuite le 28 du
même mois, les autres Anglais qui se trouvaient dans les
autres boulevards se mirent en mouvement et abandonnèrent
leurs bastilles et leurs boulevards. L'un s'appelait
Paris, l'autre Rouen, le troisième Saint-Pouair, et ils s'enfuirent de nuit. Après, la Pucelle marcha vers le roi
qui la reçut avec joie dans la ville de Tours. La Pucelle
repartit ensuite et avec elle le duc d'Alençon, le sire de Vendôme, le bâtard d'Orléans, le maréchal de France,
l'amiral et maint autre capitaine, avec une forte compagnie de chevaliers et d'écuyers, et avec beaucoup de gens à
pied du commun. Et ils vinrent devant une ville qui s'appelle
Jargeau, le sixième jour de juin, et campèrent la
nuit et le matin jusqu'à deux heures après midi, puis commencèrent à assaillir vigoureusement et vaillamment ladite
ville. Et un boulevard était situé près d'un pont devant la
ville, et l'assaut dura jusqu'à cinq ou six heures avant la nuit, et le boulevard fut emporté, et furent tués cent seize
Anglais, chevaliers et écuyers, gentilshommes nés en Angleterre.
Et là fut pris le comte de Suffolk, le Pole, et son
frère. Et la Pucelle se tint tout le temps avec sa bannière,
chevalereusement et bravement, sans se retirer en arrière et sans prendre de repos. Si, fut-ce un terrible et effroyable
assaut, tel qu'on n'en supporte pas de pareil. Des pierres
furent jetées sur la Pucelle, mais elle ne reçut aucun mal par la grâce de Dieu qui la préserva. Et il y avait bien cinq
cents hommes combattant dans le boulevard des Anglais,
et ils furent tous tués à ce que pas un n'échappa, si ce n'est
les trois seigneurs ci-devant nommés qui furent faits prisonniers.
Et est le roi maintenant sur les champs avec la
Pucelle, et force Anglais sont chassés du pays, car la Pucelle
leur a garanti qu'avant que le jour de la Saint Jean-Baptiste (2) de l'an vingt-neuf arrive, il ne doit pas y avoir un
Anglais si fort et si vaillant soit-il qui se laisse voir par la
France, soit en campagne, soit en bataille. Ensuite, le
dix-huitième jour du susdit mois, la Pucelle vint avec le
roi et sa suite devant Beaugenci. Là vinrent les Anglais, et
ils demandèrent à combattre à la Pucelle, ce qu'elle désirait
aussi de tout son coeur. On combattit devant la ville,
et la Pucelle gagna la bataille avec l'aide de Dieu. Là furent tués de quatre à cinq mille Anglais. Là furent pris
trois grands capitaines ; l'un s'appelle Talbot, le second le
sire de Scales, et le troisième le Falstolf.
Donné en 1429,
le .... jour du mois de juin.
LE COMTE VASTE.
JEAN ROTTENBOT.
Source
: Jules Quicherat, t.V, p.347 à 352.
Notes :
1 Lacune, M. Pfeiffer supplée stat.
2 St jean-Baptiste de 1429, cette date revient souvent dans les chroniques (Voir Morosini)
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