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26 avril 2024  

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Procès de réhabilitation
Le summarium de l'inquisiteur Jean BRÉHAL.

et opuscule, destiné par l'auteur à être communiqué aux docteurs que l'on consulterait, n'est ni une discussion juridique, ni une appréciation motivée des points litigieux. On dirait plutôt une table des matières, divisée en six articles, suivant une disposition uniforme : d'abord, l'énoncé général et très succinct du fait qui a servi de base à l'accusation ; puis un groupement des réponses qui s'y rapportent, fidèlement extraites des procès-verbaux ; enfin, sous forme de question à résoudre, l'examen des qualificatifs de la sentence au regard des faits constatés.
  Le Summarium existe, à notre connaissance dans trois manuscrits de la bibliothèque nationale de Paris :

1° Dans le manuscrit, fonds latin 12722 qui est du XV° siècle, il n'a pas de titre. Il commence par ces mots : "Articuli graviores et principaliores ipsius Johanne Puelle, super quibus est deliberandum, videlicet : primus, quod asseruit...etc" ; et il se termine par ceux-ci :
"finit Summarium fratris Johannis Brehalli, inquisitoris fidei". Cet exemplaire semble avoir appartenu à l'inquisiteur lui-même car la signature de Jean Bréhal s'y trouve en plusieurs endroits qu'il a contresignés notamment à la fin des mémoires de l'avocat consistorial Paul Pontanus, et de l'auditeur de Rote Théodore Leliis. Quicherat a connu ce manuscrit : il donne en effet sous le titre de Summarium, l'incipit du sommaire de Bréhal, l'énoncé de quelques chapitres, et le colophon. Cependant, à la table générale, il l'intitule : Questions de théologies proposées par lui [Bréhal] sur le procès. M. Lanéry d'Arc s'est contenté de signaler le ms.12722 d'après les indications de Quicherat.

2° Dans le manuscrit, fonds latin 13837, qui est également du XV° siècle, le Summarium de Bréhal est tel que dans le ms. 12722. Il commence et finit de même. M. Lanéry d'Arc fait aussi mention de ce deuxième manuscrit .

3° Une copie d'origine moderne se trouve dans le ms. fonds latin 9790 (ancien 1033 suppl.lat). Ce registre intitulé Varia de Joanna d'Arc est une transcription des mss.3878 et 2284 du fonds ottobonien, au Vatican, transcription exécutée en 1787 pour la bibliothèque du roi, par les soins du Cardinal de Bernis, de l'Académie des Belles-Lettres, alors ambassadeur auprès du saint-Siège, et d'après les ordres du baron de Breteuil, ministre et secrétaire d'État. Or le ms. 2284 du fonds Ottoboni appartenait jadis au couvent des Dominicains de Vienne (Autriche). Il renferme principalement les pièces envoyées par l'inquisiteur de France au fr. Léonard de Brixenthal, savoir : une lettre explicative dont il sera parlé plus loin, le Summarium ou questionnaire sur le procès, et deux mémoires consultatifs, l'un de Théodore de Leliis et l'autre de Paul Pontanus. Mais loin d'être un original, comme l'affirme à deux reprises M. Lanéry d'Arc, c'est une assez mauvaise copie, qui parait être la besogne d'un écrivain peu soigneux ou peu intelligent : car, avec des erreurs de lecture parfois grossières, on y rencontre des distractions ou des lapsus plus que bizarres. Le Summarium notamment y est défiguré et incomplet : le copiste allemand a confondu la fin du mémoire de Pontanus avec le commencement du sommaire de Bréhal, et il a omis entièrement le chapitre final de celui-ci. Quicherat n'a pas pris garde à cette erreur, puisqu'il se borne à la remarque suivante : "la leçon du ms. ottobonien est précédée d'une some d'argument que voici : quia ipsa Johanna in cedula abjuracionis, etc...". L'étrangeté d'un pareil début aurait dû pourtant éveiller l'attention et provoquer les recherches du savant paléographe, trop dédaigneux à l'endroit des documents théologiques. M. Lanéry d'Arc, sur la foi du maître, a reproduit le texte fautif, sans le contrôler avec les autres manuscrits qu'il connaissait. Sa méprise ici est d'autant plus inexplicable qu'il a édité le mémoire de Paul Pontanus, y compris tout le dernier paragraphe. Comment se fait-il qu'il n'ait pas hésité à imprimer de nouveau quelques pages plus loin ce même paragraphe, comme s'il appartenait également au sommaire de Bréhal. Rien n'indique d'ailleurs qu'il ait remarqué cette singulière répétition.
  Quoi qu'il en soit, nous avons voulu éviter ces errements fâcheux. Sachant que le manuscrit ottobonien n'est pas un original et que les fautes y pullulent, tandis que les mss. 12722 et 13837 de la Bibliothèque nationale sont plus corrects, et que l'un d'eux porte la signature de Bréhal auquel il a probablement appartenu, notre devoir était de reproduire le texte dans sa pureté native et dans son intégrité. En éditant le Summarium d'après un exemplaire authentique [ms. lat. 12722], nous n'avons pas négligé de le confronter avec les autres copies, et même avec le codex ottobonien du Vatican, afin de pouvoir signaler dans les notes les variantes qui nous sembleraient dignes d'attention.

  De plus, au lieu d'une simple référence, qui obligerait à feuilleter sans relâche les volumes de Quicherat, nous avons mis au bas des pages les textes mêmes des procès-verbaux qui se rapportent directement aux assertions de ce mémoire. Le lecteur pourra ainsi plus aisément apprécier la parfaite exactitude du résumé soumis à la délibération des consulteurs.


                                                    

Summarium fratis Johannis Brehalli, inquisitoris fidei (1)

  Quia ipsa Johanna in cedula abjurationis et in sententia condemnationis reputatur revelationum et apparitionum divinarum mendosa confictrix, perniciosa seductrix, præsumpiuosa, leviter credens, superstitiosa, divinatrix, blasphema in Deum, Sanctos et Sanctas, ipsius Dei in suis sacramentis contemptrix legis divinæ, sacræ doctrinæ et sanctionum ecclesiasticarum prævaricatrix, seditiosa, crudelis, apostatrix, schismata, in fide nostra multipliciter errans, in Deum et sanctam Ecclesiam multis modis delinquens, ipsi Ecclesiæ, domino Papæ ac generali concilio expresse, indurato animo, obstínate atque pertinaciter submittere se recusans ; pertinax, obstinata, excommunicata atque hæretica an juxta contenta in processu fuerit censenda talis ?
  Principaliora puncta atque graviora, super quibus Johanna puella fuit tamquam hæretica condemnata et ignis supplicio tradita secuntur : nec non et ejus responsiones et ad illa substantialiter de processu perstricta.


  Quod asseruit se appariciones et visiones corporales sancti Michaelis et sanctarum Katharine et Margarete habuisse, voces spirituum frequenter audivisse, et revelaciones multas accepisse.

  Istud ex processu et confessatis per eam deducitur. Nam, ut dicit ipsa, in etate et magnum existens, primam vocem audivit in orto patris sui, hora meridiei, et magnum habuit timorem : neque tamen cito credidit quod esset sanctus Michael ; ter enim sibi apparuit antequam crederet ; sed ex post, ipsam in tantum docuit quod bene cognovit eum. Cognovit enim ipsum ex doctrina ; quia dicebat ei quod esset bona, et quod Deus illam dirigeret et subveniret calamitatibus Francie. Et cum primo habuit confortacionem ab eo, non erat solus, sed bene associatus aliis angelis. Ipsaque, prima vice qua vocem audivit, vovit servare virginitatem quamdiu placeret Deo. Non credit in fatis ; ymo credit quod sit sortilegium. Fatetur tamen se semel audivisse voces ad fontem, qui est juxta arborem dictam Fares, latine Fatalium. Deinceps, prout asseruit, voces frequenter audivit et vidit prædictos angelum et Sanctas sibi apparentes corporaliter oculis suis : et ipsi sanctæ apparebant coronatæ pulchris coronis, cum claritate, et magno lumine ab omni parte ; usque ad voces audiebat, figurasque ipsarum Sanctarum videbat præsertim capita, et illas amplexabatur, unamque ab alia cognoscebat, quia se nominabant ei. Nescit vero an in illis apparitionibus esset aliquid de brachiis, vel erant alia membra figurata. Loquebantur dare, et dare intelligebat, eratque vox pulchia, dulcis et humilis. Pro re magna habuit ipsa revelationes, videlicet pro rege pro succursu bonarum gentium de Aurelianis ; et quod placuit Deo sic facere per unam puellam simplicem pro repellendo adversarios regis. Credidit firmiter esse bonas voces, sicut credidit Christum passum pro nobis et sicut credit fidem Christianam, quod Deus est et quod redemit nos a posnis Inferni, quodque veniunta Deo et ex ordinatione sua. Movetur ad credendum propter bonum consilium bonam confortationem et bonam doctrinam. Et quod vox ilia a septem
annis elapsis accepit eam gubernandam ; et illam habuit ad se jurandum et gubernandum : dabatque ei monita quod esset bona juvenis et Deus adjuvaret eam. Docuit eam se bene regere, Ecclesiam frequentare, sæpius confiteri, virginitatem servare. Denunciavitque ei miseriam Franciæ et bonarum gentium Franciæ ; et quod ipsa veniret ad succurrendum ei. Unde et ipsæ voces in suis magnis agendis semper succurrerunt ei. Unde credit signum esse quod sint boni spiritus. Tempore quo communiter, ipsas audit hora completorii quando pulsatur campana pro Ave Maria. Cum apparebant, signabat se signo crucis. Neque aliquod præmium unquam pelivit ab eis, nisi salvatorem animai suæ. Et quitquid boni fecit, fecit de præcepto vocum suarum : per quas etiam asseruit sibi fuisse præceptum, ne quasdam revelaret, nisi Karolo regi suo. Quandoque etiam ei dicebant quod audacter responderet interrogantibus eam et Deus ipsam adjuvaret. Voces ipsse probibuerunt ei ne saltaret seu præcipitaret se de turre : nihilominus saltavit : et post saltum fuit confortata a beata Katharina : et de hoc quæsivit veniam a Deo. Post recessum vocis plorabat et bene voluisset quod eam secum deportasset. Ab ipsis vocibus requisivit quod eam ducerent in Paradisum ; et hoc promiserunt ei. A quibus etiam fuit sibi revelatum quod in vexillo suo faceret depingi Regem Coeli et duos Angelos et eo libere uteretur. Dixitque quod ipsi voci se excusavit quod erat una pauper Alia, nec sciret equitare, nec ducere guerram. Eam vocabant Johannam filiam Dei et non præcipiebant ei quin obediret Ecclesiæ. Post abjurationem voces increpaverunt eam, quia revocaverat pro salvando vitam suam illud quod fecerat de præcepto Dei. Voces ipsas ut asseruit, non invocabat, sed Deum et Beatam Mariamquod militant sibi auxilium, consilium, confortationem, et hoc sub quadam pia verborum forma in processu expressa.
  In ex his possit debite censeri revelationum et apparitionum mendosa confictrix, perniciosa seductrix, præsumptuosa, leviter credens, superstitiosa, invocatrix dæmonum, divinatrix, blasphema in Deum, sanctos et sanctas, sicut in sententia habetur ?

  Quod aliqua futura prædixit.

  Ex processu asseruit quod rex suus restitueretur in regnum suum et ipsum lucrabitur, velint nolint adversarii : et hoc ita bene sciebat sic quod præsens erat in judicio. Quod levaret obsidionem Aurelianis, et rex coronaretur Remis. Indicavit ensem absconditum in ecclesia Sanctæ Katharinæ, signatum tribus crucibus. Quod Anglici expellerentur a Francia, exceptis illis, qui ibidem decederent ; et quod ante septennium dimitterent majus vadium, quod habebant in Francia, et haberent majorem perditionem quam alias habuissent. Scivit per voces se fore captivandam ; sed diem, vel horam, ignorabat, quia se non exposuisset periculo : et de post quod hoc scivit se retulit capitaneis de facto guerræ. Prædixit se vulnerandam ante Aurelianum et ante Parisius. Quod voces dixerunt ei quod liberaretur e carcere et haberet succursum a Deo per magnam victoriam. Sed nesciebat utrum hoc esset per liberationem a carcere vol per turbationem judicii. Tamen sibi postea dicebant : « Non cures de martirio tuo, quia tu finaliter venies in Regnum Paradisi. » Interrogavit voces an esset combusta, seu comburendo. Responsum accepit quod se referret Deo et ipse eam adjuvaret. Quod de sua saluto certa erat, ac si jam esset in Paradiso ; quod, ut dixit, intelligebat dummodo servaret juramentum et promissionem, quam fecit Deo, videlicet quod ipsa bene servaret virginitatem tam animæ quam corporis.
  An similiter ex istis possit censeri divinatrix, superstitiosa, leviter credens, præsumptuosa, seductrix, perniciosa et mendosa, apparitionum confictrix ut in sententia exprimitur ?

  Quod spiritibus sibi apparentibus et eam alloquentibus reverentiam exhibuit.

  Ex processu ivit quandoque spatiatum apud quamdam arborem dominarum fatalium cum aliis filiabus quando erat juvenis ; sed ex postquam habuit voces, non immiscuit se jocis. Fecit autem tunc quandoque serta, seu capillos apud prædictam arborem pro imagine Beatæ Virginis illius loci. Credebat Angelos et Sanctos ei apparentes illosmet esse qui sunt in Cadis. In quorum honorem offerebat quandoque munera sacerdotibus candelas. In ecclesia faciebat, Missas celebrari et imaginibus eorum in ecclesiis quandoque capillos apponebat. Præcedente Sancto Michaele et Angelis quos videbat osculabatur terrain per quam transierunt. Rogabat voces ut impetrarent auxilium a Domino. Tria petiit a vocibus : quod Deus eam liberaret, quod conservaret existentes in obedientia regis sui, et salutem animæ suæ. Noluisset quod dæmon extraxisset eam de carcere.
  An ex istis possit haberi dæmonum invocatrix et idolatra, prout fingitur in processu ?

  Quod habitum virilem gestavit et bellis se immiscuit.

  Ex processu affirmat se non fecisse humano consilio, nec aliquem de hoc onerat : nec vestem ipsam cepit, nec aliud fecit, nisi ex præcepto Dei, credens quod quitquid ex præcepto Dei fit, licito lit. Et postquam illud faciebat ex præcepto Dei, et in servitio suo, non credebat male agere. Sed quando piaceret Deo præcipere, et tempus adveniret dimittendi et fecerit illud pro quo missa est ex parte Dei, tunc reciperet habitum muliebrem. Interrogata semel an vellet, audirere Missam in habitu muliebri, respondit supplicando quod dimitteretur in habitu virili audire Missam. Et quod mutaret habitum, petiit quod in ipso habitu virili sibi ministraretur. Sed tamen quandoque dixit : « Tradatis mihi unam vestem longam usque ad terram sine cauda, ad eundum ad Missam, et deinde reassumam habitum quem habeo. » Item dixit : « Detis mihi unam houpellandiam, ad modum unius filiæ burgensis, et unum capucium muliebre, et ego accipiam pro eundo ad Missam. Et ideo certificetis me de audiendo Missam, si debeo accipere habitum muliebrem. » Frequenter accepit communionem in habitu virili, sed nunquam in armis. Post abjurationem dixit se ideo reassumpsisse habitum virilem, quia decentior erat inter viros, quam muliebris. Ex informationibus reperitur, quod ex vi reassumpsisset virilem. Quoad bella dixit quod ipsa erat, missa ex parte Dei ad subveniendum calamitatibus regni Franciæ : et quod ipsamet portabat vexillum suum, ne aliquem interficeret. Quod nunquam aliquem interfecit. Quod ante Aurelianum, in Gergonam, et ubique litteris, verbis, adversarios movebat ad pacem, tractatum et recessum.
  An ex præmissis possit digne reputari Sacramentorum contemptrix legis Divinæ, sacræ doctrinæ et sanctionum Ecclesiasticarum prævaricatrix, apostatrix, seditiosa atque crudelis, sicut in sententia continetur ?

  Quod judicio militantis Ecclesiæ se in dictis et factis suis submittere videtur recusasse.

  Ex textu processus dixit sæpius, interrogata de fide, quod erat bona Christiana et bene baptisata et quod sicut bona Christiana moreretur. Quodque de dictis et factis suis se referebat ad Deum et Beatam Mariam et omnes Sanctos atque Ecclesiam victoriosam in Cœlis. Et quod idem esset de Deo et Ecclesia : neque de hoc, ut dicit, debet fieri difficultas : subdens. « Quare de hoc facitis difficullatem ? » Antequam intraret primum examen petiit quod adhiberentur viri Ecclesiastici de partibus Franciæ, sicut et Angliæ. Et iterum alibi, quod vocarentur tres aut quatuor clerici de sua parte et coram eis responderet veritatem. Quod alias in Chinone et Pictavis fuerat per prælatos et clericos suæ partis diu interrogata et examinata ; sed non invenerunt in ea nisi bonum. Episcopo Belvacensi dixit quandoque in judicio : « Vos dicitis vos esse meum judicem ; advertatis bene quid facilis, quoniam vos accipitis magnum onus. » Dixit, ulterius quod quantum ad Ecclesiam diligit eam et vellet eam sustinere toto posse suo pro fide Christiana nostra : et ipsa non est quæ debeat impediri de eundo ad Ecclesiam et de audiendo Missam. Rursus dicit : « Videantur dicta et facta mea, examinentur per clericos et postea dicatur mihi an sit ibi aliquid contra lidem et ego sciam per consilium meum vobis dicere quid inde crit. Et certifico vos quod si sit aliquid mali in dictis aut factis meis contra fidem Christianam, quam Dominus stabilivit, quod clerici sciant dicere, ego non vellem sustinere, sed illud a me expellerem. » Ut quandoque dixit : « Ego essem bene irata deveniendo contra. » Frequenter vero præmissa repetiit, voces non præcipiunt ei quando obediat Ecclesiæ. Dixit etiam : « Credo quod haæ Ecclesia inferior non potest errare vel deficere. » Frequenter interrogata, an vellet se judicio Ecclesiæ submittere dixit : « Ego refero me Deo, qui fecit mihi lacere illud quod feci. » Semel etiam dixit quod referebat se Ecclesiæ, dummodo non præciperet sibi aliquod impossibile. Et reputabat impossibile hoc, videlicet quo ipsa revocet illa quæ dixit et fecit ex parte Dei. Et quod illud non revocabit pro quacumque revel pro quocumque viventi : neque se referret de hoc ad hominem mundi. Asserebat tamen, quod credebat in Papam qui est Romæ, et quod erat sibi obediendum ; requirens frequenter quod duceretur ad eum. Et in die qua abjuravit, publice petiit quod omnia dicta et facta sua transmitterentur ad Romam penes dominum nostrum Papam, ad quem et ad Deum primo se referebat.
  An ex istis censeri veniat schismatica, in fide multipliciter errans, in Sanctam Ecclesiam temere delinquens, determinationi, emendationi, correctioni atque judicio Sancti Matris Ecclesiæ, domini nostri Papæ, et sacri generalis Concilii expresse, indurato animo, obstinate ac pertinaciter se submittere recusans : ideo etiam pertinax, obstinata, excommunicata et hæretica : quod in sententia finaliter concluditur ?
  Hæc sunt super quibus principaliter videtur esse deliberandum.


Source : "Mémoires et consultations en faveur de Jeanne d'Arc..." - Pierre Lanéry d'Arc - 1889

Notes :
Jehan Bréhal, dit Quicherat, était un docteur en théologie, prieur des Jacobins de Paris, et inquisiteur général dans le royaume de France. Na-tif de Normandie, il avait fait profession chez les Dominicains d'Evreux. Il peut être regardé comme celui qui joua le principal rôle dans la réhabilitation de Jeanne d'Arc. Au commencement de l'année 1452, 1e cardinal d'Estouteville se l'adjoignit pour procéder d'office à la révision du premier procès. A cet effet, il entendit les premiers témoins cités à Rouen ; il voyagea par toute la France pour informer sur la vie de Jeanne ; enfin il se mit en correspondance avec les plus fameux docteurs du royaume et de l'étranger pour avoir leur opinion sur une matière si délicate. Quicherat, t. II p. 70, a publié une lettre relative à la Pucelle, qu'écrivit Bréhal au frère Léonard prieur des Dominicains de Vienne, en lui envoyant des mémoires sur ce sujet.
Les délégués désignés par Calixte III, en 1455, l'ayant également appelé à siéger avec eux, pendant huit mois que dura le procès, Bréhal vaqua continuellement à cette affaire, tantôt à Rouen, tantôt à Paris ; et cela au milieu de circonstances difficiles pour lui, attendu que l'Université de Paris était en guerre ouverte avec les Ordres mendiants dont il était l'un des chefs. La sentence définitive fut prononcée, comme l'on sait, le 7 juillet 1456 ; le 21 du même mois Bréhal conduisait à Orléans la procession expiatoire ordonnée par cette même sentence. Au mois de février suivant, dans une assemblée solennelle de l'Université, présidée par le connétable de France, il fit publiquement la soumission des quatre ordres, et, quoique ses paroles fussent trouvées un peu fières, la paix fut conclue entre le corps enseignant et les dissidents, redevenus ses suppôts.
Après cela on rencontre le nom de maistre Jehan Bréhal, inquisiteur de la foy, sur les registres de l'Echiquier de Rouen, où il est mentionné comme faisant défaut aux assises de 1463. Il reste de lui un traité manuscrit De libera auctoritate audiendi confessiones religiosis mendicantibus concessa, et une vaste compilation des avis doctrinaux rédigés en faveur de Jeanne d'Arc, laquelle il composa par ordre du tribunal et que nous donnerons plus loin. (Quetif et Echard, Script, ord. Præd. t. I, p. 815. — Duboulai Hist. univ. Par; t. V, p. 615. — Delaroque, Hist. de la maison d'Harcourt t. III, p. 552, 573, 577).
Le présent sommaire avait été composé par l'Inquisiteur de France pour diriger les docteurs consultés au sujet de la réhabilitation. Quicherat (t. II. p. 68) n'a publié que le simple énoncé des propositions sur lesquelles l'auteur argumente, mais en laissant de côté l'argumentation elle-même.
Le texte original s'en trouve dans le manuscrit 2284 d'Ottoboni à la Bibliothèque Vaticane.
La Bibliothèque nationale en possède trois copies : l'une dans le manuscrist 51 fonds Saint-Germain de Harlay, une autre dans le n° 9790 fonds latin ; la troisième sous le n° 13837 f. latin (fos 13 à 20.)
Une traduction française se trouvait dans le manuscrit de Soubise, mais elle n'a point été reproduite dans le manuscrit de l'Arsenal. Elle était précédée d'un petit recueil des réponses de Jeanne sur le fait de ses voix, dont M. de L'Averdy (Notice des manuscrits de la biblioth. du roi t. III, p. 192) nous a conservé le début :
  « Ensuivent les poincts les plus principaulx et grants, sur lesquels Jehanne la Pucelle fut prinse en gardant les brebis, comme herectique et idolastre et fut condamnée et finalement par supplice de feu consumée au marché de Rouen devant Saint Sauveur ; et les responses qu'elle feist et que on peult tirer et extraire à son procès, à cause qu'elle a dict et affirme avoir eu visions ot apparitions corporelles de Sainct Michiel, oy et receu souventes foys les voix et revelations de Saincte Marguerite ; Saincte Catherine et autres esperitz. » (Quich. t, V, p. 430.)

1 Le Summarium est sans contreseing ; l'auteur s'est contenté de mettre au colophon le titre de l'opuscule avec son nom, sans y ajouter aucune des qualifications honorifïques employées par les copistes, lorsqu'ils désignent une tierce personne.


 

Procès de réhabilitation

Présentation :

- Les sources
- L'enquête de 1450
- L'enquête de 1452

Procès :
- Plan du procès
- Sentence




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Jeanne d'Arc, histoire et dictionnaire