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Procès
de réhabilitation
Déposition
de Réginald Thierry. |
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La
même année et le même jour que le précédent,
maître Réginald Thierry, doyen de la collégiale
de Mehun-sur-Yèvre, chirurgien du roi, âgé
de soixante-quatre ans ou environ, a été produit comme
témoin, il a prêté serment, et aux questions
qui lui ont été posées, il a répondu
ainsi qu'il suit :
J'ai vu Jeanne auprès du roi à Chinon
: j'ai entendu ce qu'elle disait, qu'elle était envoyée
auprès du gentil Dauphin pour lever le siège d'Orléans,
et conduire le roi à Reims, y recevoir son sacre et sa couronne.
Sur l'accueil que lui fit le roi, sur sa vie, sa conversation,
sa dévotion, sa piété, je n'ai qu'à
confirmer ce qu'a dit le précédent témoin.
J'ajoute ceci pour l'avoir vu de mes yeux : quand la ville de Saint-Pierre-le-
Moustier (1) fut prise d'assaut, les
gens de guerre se disposèrent à commettre des violences
dans l'église, à enlever les objets sacrés
et les autres biens qui y avaient été déposés.
Jeanne s'y opposa avec fermeté, le défendit, sans
souffrir que rien en fût enlevé.
Pour moi, quand je considère la vie vertueuse
de cette Pucelle, sa louable conversation, ses exploits, ses paroles,
la réalisation des faits qu'elle annonçait avant leur
accomplissement, et qui arrivaient tels qu'elle les avait prédits,
je crois qu'elle était envoyée par Dieu. Je ne sais
pas autre chose.
Anno quo supra, et eodem die, magister Reginaldas Thierry,
decanus ecclesiæ collegiatæ de Mehun-sur-Yevre,
chirurgicus regis, ætatis LXIV annorum, vel circa, testis
productus, juratus, examinatus et interrogatus
super eisdem articulis ;
Dicit et deponit quod vidit eamdem Johannam apud regem,
in villa de Chinon, et audivit ab ea illud quod dicebat, videlicet
quod erat missa a Deo ad nobilem Dalphinum, pro levando obsidianem
Aurelianensem, et pro ducendo regem Remis ad sacrandum et coronandum.
De modo autem quem habuit rex in recipiendo eam, deponit
sicut præcedens ; similiter de vita, conversatione, devotione
et pietate. Et cum hoc addit quod ipse vidit[quod], quando villa
Sancti-Petri-Monasterii fuit capta per insultum, ubi ipsa erat,
armati voluerunt facere violentiam in ecclesia et rapere sacra et
alia bona ibidem recondita ; sed ipsa Johanna virililer prohibuit
et defendit, nec unquam passa est quod aliquid ibidem raperetur.
Et credit ipse deponens quod, attenta bona vita ipsius Puellæ
et laudabili conversatione, similiter factis et dictis, et exsecutione
ipsorum, de quibus veraciter loquebatur antequam venirent et quæ
eveniebant sicut prædixerat, quod ipsa fuit missa a Deo.
Nec aliud scit.
Sources
:
- traduction : "La vraie Jeanne d'Arc, tome IV : la vierge-guerrière"
R.P Ayroles (1898) p.154.
- Texte latin : Quicherat,
Procès t.III p.22.
Notes :
1 Saint-Pierre-le-Moustier, pris en décembre 1429.
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