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27 avril 2024  

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par Henri Wallon

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Procès de réhabilitation
Déposition de Nicolas de Houppeville

  Maître Nicolas de Houppeville, maître ès arts et bachelier en théologie, âgé d'environ soixante-cinq ans, précédemment interrogé comme témoin à présenter, et de nouveau interrogé sur les articles, le treizième jour du mois de mai,

  D'abord sur le contenu des Ier, IIe, IIIe et IVe articles, il déclare avoir eu connaissance de Jeanne, de son père, de sa mère, de ses parents seulement après que cette Jeanne eût été amenée dans la ville de Rouen, où le procès fut engagé contre elle. Il lui semble qu'elle était âgée d'environ vingt ans ; elle était simple, ignorante du droit et n'était pas en état de se défendre elle-même dans ce procès ; elle conservait cependant une grande fermeté, et beaucoup en déduisaient qu'elle avait un soutien spirituel.
  Interrogé de même sur ce qu'il peut attester à propos du contenu des Ve et VIe articles, il déclare n'avoir jamais estimé que l'évêque avait engagé un procès, en matière de foi, contre Jeanne pour le bien de la foi ou par zèle de justice, et afin de ramener Jeanne dans le bon chemin ; mais ce fut à cause de la haine conçue contre elle, car elle favorisait le parti du roi de France. Il ne croit pas que l'évêque agît par crainte ou sous une pression ; mais il le fit volontairement, bien que certains eussent participé, les uns par complaisance envers les Anglais, les autres par crainte ; il entendit en effet maître Pierre Minier dire qu'il avait donné par écrit un avis, qui n'avait pas été agréable à l'évêque de Beauvais.
  Déclare aussi que des menaces furent proférées par le comte de Warwick contre frère Ysambert de La Pierre de l'ordre des frères précheurs, qui intervint au procès ; on lui dit qu'on le noierait dans la Seine, s'il ne se taisait, parce qu'il conseillait Jeanne et rapportait ses paroles aux notaires. Il a appris cela par frère Jean Le Maistre, sous-inquisiteur.
  Le témoin déclare aussi que vers le début du procès il participa à quelques délibérations, où il fut d'avis que ni l'évêque, ni ceux voulant prendre la charge du procès, ne pouvaient être juges ; il ne lui paraissait pas de bonne procédure que ceux du parti opposé fussent juges, et attendu qu'elle avait déjà été interrogée par le clergé de Poitiers et par l'archevêque de Reims, métropolitain de l'évêque de Beauvais. A la suite de cet avis le témoin encourut l'indignation violente de l'évêque, au point qu'il fut cité devant lui. Il comparut devant lui, affirmant qu'il ne lui était pas soumis, et que son juge était, non pas l'évêque, mais l'official de Rouen ; et ainsi se retira-t-il. Après cependant, comme il décidait de comparaître pour cette affaire devant l'official de Rouen, il fut pris, conduit au château, et ensuite dans la prison royale ; et parce qu'il demandait pour quelle raison on se saisissait de lui, on lui répondit que c'était à la requête de l'évêque de Beauvais. Le témoin croit que c'était à cause des paroles prononcées dans son avis, car, dit-il, maître Jean de La Fontaine, son ami, lui fit parvenir un billet pour l'avertir qu'il était détenu en raison de ces paroles et que l'évêque était fort indigné à son sujet. Cependant, sur les instances du seigneur abbé de Fécamp, le témoin fut tiré de prison ; il entendit alors dire que, suivant l'avis de quelques personnes réunies par l'évêque, il devait être exilé en Angleterre ou ailleurs, loin de la cité de Rouen ; ce qu'empêchèrent cependant le seigneur abbé de Fécamp et quelques amis du témoin.
  Déclare aussi que frère Jean Le Maistre, sous-inquisiteur, n'intervenait à ce procès que forcé, et plein de crainte ; il le vit extrêmement embarrassé pendant ce procès.
  Sur les VIIe, VIIIe et IXe articles, il sait seulement que Jeanne était en prison, au château de Rouen, et elle y était gardée par les Anglais.
  Sur les Xe, XIe, XIIe, XIIIe et XIVe articles, il déclare qu'il n'assista pas au procès ; mais il entendit maître Jean Le Maistre, sous-inquisiteur, dire que
Jeanne se plaignit une fois des questions difficiles qu'on lui posait, qu'on la harcelait trop sur ces questions et surtout sur certaines ne concernant pas le procès, à son dire. Et alors le bruit courait qu'on interdisait aux notaires d'écrire certaines des paroles de Jeanne.
  Sur le contenu des XVe, XVIe et XVIIe articles, il s'en rapporte au procès. Et de même sur le contenu des XVIIIe, XIXe, XXe et XXIe articles.
  Sur le contenu du XXIIe article, il déclare et atteste, à propos des rumeurs courant alors dans la ville de Rouen, que certaines personnes, se faisant passer pour hommes d'armes partisans du roi de France, furent introduits secrètement auprès d'elle, pour la persuader de ne pas se soumettre à l'Église, sinon eux (1) poursuivraient le procès contre elle ; il était bruit aussi qu'à cause de ces conseils elle avait ensuite varié plusieurs fois sur le fait de la soumission. Il entendit alors dire que maître Nicolas Loyseleur était l'un de ces trompeurs, qui feignaient être du parti du roi de France.
  Sur le contenu des autres articles déclare et croit que Jeanne fut bonne catholique ; il sait qu'elle reçut le Corps du Christ le jour de sa mort, et il la vit sortir du château pour aller au lieu du supplice toute en pleurs ; plus de cent-vingt hommes d'armes la conduisaient, dont les uns portaient des lances, les autres des glaives. Aussi le témoin, mû par la compassion, n'eut pas la force d'aller jusqu'au lieu du supplice. Et il croit que tout ce qui fut fait contre Jeanne, le fut par haine du roi de France et pour le diffamer. Suivant l'opinion commune, tout ce qui avait été fait par eux (1) dans ce procès était nul, et Jeanne avait été victime d'une très grande injustice.
  Déclare aussi avoir entendu maître Pierre Minier dire que son avis et celui de maîtres Richard de Grouchet et Pierre Pigache n'avaient pas été reçus, parce qu'ils ne plaisaient pas, et qu'ils alléguaient le Décret (2). Ne sait rien d'autre.




  Magister Nicolaus de Houppeville, in artibus magister et baccalarius in theologia, aetatis LXV annorum, vel eocirca, alias ut testis affuturus, examinatus, et iterum, die XIII. maii super articulis examinatus.

  Et primo, super contentis in I., II., III. et IV. articulis : deponit quod de eadem Johanna, patre, matre et parentibus ejus nullam habuit notitiam, nisi solum dum ipsa Johanna fuit adducta ad villam Rothomagensem, in qua villa fuit deductus processus contra eam, Et sibi videtur quod erat ætatis quasi XX annorum, et erat simplex et juris ignara, nec erat ex se sufficiens ad se defendendum in ipso processu, licet magnam constantiam habuerit, ex qua multi arguebant quod habebat spirituale juvamen.
  Item, interrogatus quid ipse sciat attestari de contentis in V. et VI. articulis : deponit quod ipse nunquam habuit æstimationem quod ipse episcopus contra eamdem Johannam inceperit processum in materia fidei pro bono fidei aut zelo justitiæ, ad eamdem Johannam reducendum ; sed ex odio quod contra eam conceperant, quia favebat partem regis Franciæ. Nec credit quod ipse episcopus per metum aut impressionem hoc fecerit, sed voluntarius fecit, licet aliqui ibidem interessent, alii propter favorem Anglicorum, alii propter metum ; nam ipse audivit a magistro Petro Minier quod ipse dederat opinionem suam in scriptis, quæ non fuerat grata episcopo Belvacensi.
  Dicit etiam quod minæ fuerunt illatæ per comitem de Warvic fratri Ysamberto de Petra, ordinis Fratrum Prædicatorum, qui interfuit in processu ; cui fuit dictum quod submergeretur in Sequana, nisi taceret, ex eo quod eamdem Johannam dirigebat, et verba sua referebat notariis. Et hoc audivit dici a fratre Johanne Magistri, subinquisitore.
  Dicit etiana ipse testis loquens quod ipse, circa principium processus hujusmodi, fuit in aliquibus deliberati onibus, in quibus ipse testis fuit opinionis quod, nec episcopus, nec illi qui volebant onus judicii suscipere, poterant esse judices ; nec sibi videbatur bonus modus procedendi, quod ipsi qui erant de parte contraria essent judices, attento quod jam fuerat examinata per clerum Pictavensem et per archiepiscopum Remensem, ipsius episcopi Belvacensis metropolitanum. Ex qua deliberatione ipse loquens incurrit magnam indignationem ab ipso episcopo, ita quod eumdem loquentem fecit citari coram eo. Coram quo comparuit, se asserens eidem non esse subjectum, et quod non erat suus judex, sed officialis Rothomagensis ; et sic recessit. Finaliter tamen, quum hac de causa comparere vellet coram officiali Rothomagensi, fuit captus et ductus ad castrum, et dehinc ad carceres regis ; et quum inquireret qua de causa caperetur, dictum fuit sibi quod erat ad requestam episcopi Belvacensis. Et credit ipse loquens quod erat occasione verborum prolatorum in sua deliberatione, quia, ut dicit, magister Johannes de Fonte, amicus ipsius loquentis, eidem misit schedulam qua cavebatur quod ipse erat detentus occasione hujusmodi verborum, et quod ipse episcopus multum erat indignatus de eo. Et tandem, ad preces domini abbatis Fiscampnensis, ipse loquens fuit ab eisdem carceribus expeditus ; et audivit tunc dici quod, per consilium aliquoram quos ipse episcopus congregaverat, ipse loquens debebat mitti in exsilium in Angliam, vel alibi, extra civitatem Rothomagensem ; quod tamen impediverunt ipsi dominus abbas Fiscampnensis et aliqui amici ipsius loquentis.
  Dicit etiam quod frater Johannes Magistri, subinquisitor, coactus de hujusmodi processu se interponebat, et multum timebat ; viditque eum plurimum perplexum, hujusmodi processu durante.
  Super VII., VIII. et IX. articulis, scit solum quod ipsa Johanna erat in carcere, in castro Rothomagensi, et ibi custodiebatur per Anglicos.
  Super X., XI., XII., XIII. et XIV., deponit quod non fuit in processu ; sed audivit dici a dicto magistro Johanne Magistri, subinquisitore, quod ipsa Johanna semel conquesta est de interrogatoriis difficilibus quæ eidem fiebant, et quod nimis vexabatur super hujusmodi interrogatoriis et maxime de aliquibus non tangentibus processum, ut dicebat ipsa Johanna. Et tunc erat rumor quod notarii prohibebantur aliqua scribere ex dictis ipsius Johannæ.
  Super contentis in XV., XVI. et XVII. se refert processui. Et similiter de contentis in XVIII., XIX., XX. et XXI. De contentis in XXII., dicit et deponit quod tunc fuerunt rumores in villa Rothomagensi quod aliqui, fingentes se armatos de parte regis Franciæ, fuerunt introducti cum ea occulte, suadentes sibi quod se non submitteret Ecclesiæ, alioquin assumerent judicium super eam ; erantque rumores quod propter illam persuasionem ipsa postmodum variavit in facto submissionis. Et audivit tunc dici quod magister Nicolaus Loyseleur erat de illis seductoribus, qui fingebant se esse de partibus regis Franciæ. De contentis in cæteris articulis, dicit et credit ipsam Johannam fuisse bonam catholicam, et scit quod recepit die obitus corpus Christi, et vidit eamdem Johannam exeuntem de castro ad locum supplicii, plurimum lacrimantem ; et eam ducebant plus quam sex viginti homines armorum, quorum aliqui portabant lanceas et alii gladios. Unde ipse loquens, motus compassione, non valuit ire usque ad locum supplicii.
  Et credit quod quidquid fuit actum contra eamdem Johannam, fuit in odium regis Franciæ, et ad ipsius diffamationem. Et erat communis opinio, quod omnia per eosdem in hujusmodi processu acta, erant nulla, et quod eidem Johannæ fiebat maxima injustitia.
  Dicit etiam quod audivit a magistro Petro Minerii quod sua opinio et opiniones magistrorum Ricardi de Groucheto et Petri Pigache non fuerant receptæ, quia non placebant et quia erant allegationes Decreti. Nec aliud scit.


Sources :
- Texte latin original : Quicherat - Procès t.III p.170 et suiv.
- Traduction : source Pierre Duparc.

Notes :
Voir sa déposition en 1452.

1 eux : les prétendus juges.

2 Décret de Gratien.



Procès de réhabilitation
Rappel des témoins de Rouen en 1456.

Les dépositions :

Fr. Pierre Miget
Me Guillaume Manchon
Me Jean Massieu
Me Guillaume Colles
Fr. Martin Ladvenu
Me Nicolas de Houppeville
Mgr Jean Lefèvre
M. Jean Lemaire
Me Nicolas Caval
Pierre Cusquel
Me André Marguerie
Mauger Leparmentier
Laurent Guesdon
M. Jean Riquier
Jean Moreau
Me Nicolas Taquel
Husson Lemaistre
Pierre Daron
Frère Seguin


Lyon :
Jean d'Aulon

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