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27 avril 2024  

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Livre IV - PARIS
II - La campagne de Paris p. 268 à 288

uand on reprend la série des faits, une réflexion vient ajouter une nouvelle force aux conclusions que nous avons tirées des témoignages : c'est que si Jeanne, après le sacre, avait songé à retourner dans sa famille, ce n'est pas la politique de Charles VII qui l'en eût empêchée : car cette politique était toujours celle de Regnault de Chartres et de La Trémouille. C'était pour eux un grand effort que d'avoir achevé le voyage de Reims. La chose faite, ils n'avaient pas lieu de regretter d'être venus jusque-là sans doute; mais la suite permet de croire qu'ils n'étaient pas tentés d'aller plus loin.

  Le roi sacré à Reims, la Pucelle voulait qu'il entrât dans Paris. Tout le monde s'y attendait, et Bedfort le premier. Dans une lettre datée du 16 juillet, la veille du sacre, le régent, annonçant au conseil d'Angleterre que Reims, après Troyes et Châlons, devait le lendemain ouvrir ses portes au dauphin (le dauphin y entra ce jour même), ajoutait : « On dit qu'incontinent après son sacre il a l'intention de venir devant Paris et a espérance d'y avoir entrée; mais à la grâce de N. S., aura résistance. » Mais si les villes, de Gien à Reims, avaient montré si peu d'ardeur à le combattre, devaient-elles, après le sacre, résister mieux, de Reims à Paris ? Le ton même du message de Bedford prouve qu'il n'en était pas si assuré. Le sacre, il le sentait bien, devait produire partout une impression considérable en France. C'est pour cela que dans cette lettre il manifeste tant de regrets que le jeune Henri VI n'ait pas prévenu son rival, tant d'impatience qu'il vienne en France se faire sacrer à son tour « en toute possible célérité » : car, ajoute-t-il, « s'il eût plu à Dieu que plus tôt y fût venu, ainsi que déjà par deux fois lui avoit été supplié par ambassadeurs et messagers, les inconvénients ne fussent pas tels qu'ils sont. » A défaut de Notre-Dame de Reims, il fallait donc lui garder au moins Notre-Dame de Paris. Or, dans cet ébranlement général, Paris même n'était pas sûr; et, pour le garder, le régent en était réduit à compter sur deux hommes qui n'étaient là ni l'un ni l'autre, le duc de Bourgogne, qui venait de partir, et le cardinal de Winchester qui n'arrivait pas (1).

       

  Winchester n'arrivait pas, et il n'y avait guère lieu de s'en alarmer encore. Le traité par lequel il s'engageait à mettre sa troupe au service du roi était du 1er juillet; l'ordre de lui rembourser ce qu'il avait dépensé, du 5, mais Bedford ne peut contenir son impatience. Il annonce qu'il se rend le surlendemain en Normandie, puis en Picardie pour aller à sa rencontre : il semble qu'il veuille le prendre au débarquement, de peur qu'il ne lui échappe.

  Le duc de Bourgogne était parti ce jour même (le 16), promettant d'amener des renforts; et Bedford se loue extrêmement des services qu'il a rendus et de ceux qu'il va rendre; il va jusqu'à dire que sans lui, « Paris et tout le remenant (le restant) s'en alloit à cop (sur le coup) ! » Et cela n'est pas exagéré. Il importait donc qu'il revînt au plus vite. Aussi la duchesse de Bedford, sa soeur, comme pour mieux y veiller, partait-elle avec lui. Mais le
duc avait-il bien sincèrement oublié tant de griefs personnels, si capables de contre-balancer en lui les raisons qui l'avaient entraîné vers les ennemis de sa race : les prétentions de Glocester sur le Hainaut, les refus de Bedford touchant Orléans ? et ne savait-il pas, n'avait-on pas du moins cherché et réussi peut-être à lui faire croire que ceux-là mêmes qui venaient de lui rappeler avec tant d'éclat le meurtre de son père, avaient naguère eu la pensée de se débarrasser de lui de la même sorte ? Invité par la Pucelle à se rendre à Reims, il était venu à Paris. Mais la campagne qui avait si rapidement conduit au sacre pouvait bien l'ébranler comme les autres. Le 16, après les cérémonies qui avaient eu lieu à Paris par les soins de Bedfort, on avait pu le voir partir avec quelque espérance. Le 17, après les cérémonies de Reims, on ne pouvait plus être assuré de le voir revenir (2).
  Telle était la situation de Bedford : tout semblait se dérober à lui; et Paris même était au roi, si le roi suivait ce mouvement qui devait s'accroître à chaque pas et devenir, par son progrès, irrésistible. C'est à quoi poussait Jeanne d'Arc; et d'abord elle parut y avoir réussi. Le roi consentait à marcher sur Paris, où la Pucelle promettait de le conduire : c'est ce qu'annoncent les trois gentilshommes angevins qui, le jour même du sacre, écrivent de Reims pour en faire le récit à la reine et à sa mère. « Demain, disent-ils, s'en doit partir le roi tenant son chemin vers Paris.... La Pucelle ne fait doute qu'elle ne mette Paris en l'obéissance. » Et le duc de Bourgogne, sur qui comptait Bedford, semblait bien près de lui faire défaut. Parti de Paris le 16, il s'était arrêté à Laon pour députer immédiatement vers le roi dont il apprenait l'arrivée à Reims (les gentilshommes angevins en parlent le 17 dans leur lettre) ; et l'on comprend avec quelle joie ses envoyés durent être accueillis du roi : on croyait déjà la paix faite. « A cette heure, disent nos gentilshommes, nous espérons que bon traité se trouvera avant qu'ils partent. » Mais cette démarche, en ouvrant tout à coup à la cour la voie des négociations, servit peut-être plus que toute autre chose à faire manquer le but marqué par la Pucelle (3).

  Ce n'est pas que Jeanne répugnât aux voies pacifiques. C'est par là qu'elle avait procédé tout d'abord à l'égard des Anglais eux-mêmes ; et si elle souhaitait moins de vaincre l'ennemi que de faire qu'il se retirât volontairement, à plus forte raison désirait-elle user de persuasion envers des Français.

  

  Elle avait déjà écrit à Philippe le Bon avant le sacre. Elle lui écrivit le jour même de la cérémonie, à l'arrivée de ses messagers ; et la lettre lui fut portée sans doute par la députation que le roi lui envoyait pour répondre à ses ouvertures. Jeanne aussi veut triompher de sa résistance ; mais comme la lettre qu'elle lui adresse diffère par le ton et l'accent des lettres qu'elle avait écrites aux Anglais avant de les combattre ! Les Anglais sont des ennemis : elle les somme de partir, sans autre alternative que d'être mis dehors : car c'est pour cela qu'elle est envoyée. Le duc de Bourgogne est du sang royal, c'est un fils égaré de la France: elle le supplie, elle le conjure à mains jointes de faire la paix, ne craignant pas de se faire trop humble ; car une chose la relève dans cet abaissement et donne une singulière autorité à, ses prières : c'est qu'elle sait, c'est qu'elle affirme que, s'il refuse il ne peut être que vaincu. Elle le prie donc, non par aucun intérêt de parti, mais parce
que « sera grant pitié de la grant bataille et du sang qui y sera respandu; » car c'est le sang de France (4).

      

  Jeanne s'accordait donc avec la cour pour négocier; mais tout en négociant elle voulait agir aussi : elle croyait que l'action était tout à la fois un moyen de soutenir les négociations ou d'y suppléer au besoin. D'ailleurs, si peu disposé que l'on fût à courir de nouveaux hasards, il y avait à faire, aux alentours, plusieurs conquêtes qui promettaient d'ajouter sans péril au prestige du voyage. En attendant que le duc de Bourgogne eût donné suite à la réconciliation projetée, le roi s'occupa de rallier les villes disposées à se soumettre. Après quatre jours passés à Reims, ayant accompli dans l'abbaye de Saint-Marcoul les pratiques de tout roi nouvellement sacré, il vint à Vailly-sur-Aisne, où les bourgeois de Soissons et de Laon lui apportèrent les clefs de leur ville. Le 23, il se rendit à Soissons, et de là de nouvelles députations vinrent mettre en son obéissance Château-Thierry, Provins, Coulommiers, Crécy en Brie (5).

     

  Il y avait pourtant un ordre à suivre dans cette marche victorieuse, pour la faire aboutir à la délivrance du royaume. Le roi avait reçu sa couronne : Jeanne voulait qu'il reprît sa capitale : et cette suite de soumissions, obtenues à si peu de frais, lorsqu'elles n'étaient pas entièrement spontanées, devait, selon son plan, mener droit à Paris. Mais les courtisans trouvaient maintenant plus sûr et plus commode de prendre Paris par le duc de Bourgogne. Philippe le Bon, moins touché des raisons de Jeanne qu'effrayé de son approche, affectait de plus en plus de répondre aux intentions du roi; et les conseillers intimes de Charles VII, ne demandant pas mieux que de se croire à la veille de la paix, prenaient occasion des offres de soumission qui leur venaient des villes d'alentour pour modifier, selon leurs vues, l'itinéraire de la Pucelle. Le 29 juillet, on vint à Château-Thierry où le sire de Châtillon, connaissant les dispositions du peuple, n'essaya pas de tenir plus d'un jour. Le 1er août, on était à Montmirail; le 2, à Provins. On retournait vers la Loire (6). Les retards du roi avaient donné à Bedford le temps de se reconnaître ; sa marche en arrière lui offrait l'occasion de reprendre l'offensive. Il n'y manqua point. Le 25 juillet il avait amené dans Paris les cinq mille hommes de Winchester : cinq mille hommes bien résolus, ce semble. Ils venaient gagner les indulgences de la croisade, et l'un des capitaines portait « un étendard tout blanc dedans lequel avoit une quenouille avec cette devise : Or vienne la belle ! en signifiant qu'il lui donneroit à filer. » Le 3 août, le régent signait une proclamation qui appelait tous ses feudataires de France et de Normandie à venir dans le mois accomplir leur service, et. sans les attendre, il quittait Paris avec la troupe de Winchester et un nombre égal d'autres soldats recrutés par lui-même, il arrivait par Corbeil à Melun (4 août). Sur le bruit que les Anglais venaient, l'armée royale sortit de Provins et alla jusqu'à la Motte-de-Nangis. Mais on ne vit rien ; et le bruit courant que Bedford regagnait Paris, le roi reprit le chemin de la Loire. C'est derrière ce fleuve que les courtisans voulaient aller se reposer d'une campagne qu'ils trouvaient assez longue (7).

       

  Leurs intentions furent pourtant déconcertées. En quittant la Motte-de-Nangis, le roi était venu à Bray, où il comptait passer la Seine. Les habitants avaient promis obéissance, et l'on avait remis le passage au lendemain. Mais pendant la nuit, une troupe d'Anglais, détachée sans doute par Bedford, s'établit dans la ville, et les premiers qui s'approchèrent furent tués ou détroussés. Le passage ne fut pas forcé ; car il n'y aurait eu que les courtisans pour l'entreprendre : toute l'armée avait vu avec indignation qu'on s'en allât quand tout invitait à marcher en avant. Aussi cette déconvenue était-elle une bonne fortune ; le duc de Bar (René d'Anjou) et le duc d'Alençon, les comtes de Clermont, de Vendôme et de Laval, comme Jeanne et tous les autres capitaines, laissèrent voir la joie qu'ils en avaient (8).

  On revint donc au plan de la Pucelle : et cela se voit par une lettre qu'elle écrit ce jour même, 5 août, aux habitants de Reims (9). Elle les rassure contre les craintes que leur devait inspirer la retraite du roi vers la Loire. Elle leur apprend le fait qui a suspendu ses progrès et trompé l'impatience de leur attente : le roi a conclu avec le duc de Bourgogne une trêve de quinze jours, à l'expiration de laquelle le duc lui doit rendre Paris. Elle convient que, malgré cette promesse, elle n'est point contente de trêves ainsi faites ; « et ne sais, dit-elle, si je les tiendrai, mais si je les tiens, ce sera seulement pour garder l'honneur du roi. » Du reste, elle affirme qu'on n'abusera pas le sang royal, et qu'au terme de quinze jours l'armée sera prête à agir, s'ils ne font la paix. Et pour ne laisser aucun doute sur le but vers lequel on marche, elle date sa lettre « emprès un logis sur champ au chemin de Paris (10). »

  Si le duc de Bourgogne devait, au terme de quinze jours, rendre Paris, il convenait sans doute d'être à portée de le recevoir : la trêve même que l'on disait conclue faisait un devoir à la cour de se rapprocher de la capitale. Le roi reprit le chemin de Provins : le 7 il était à Coulommiers; le 10, à la Ferté-Milon; le 11, à Crespy en Valois. Ce brusque changement dans la marche de l'armée française alarma justement Bedford. Le régent y avait été pour quelque chose, si, comme on le peut croire, c'est lui qui avait envoyé les troupes que l'on a vues à Bray ; et lui-même s'était porté à Montereau-faut-Yonne, pour appuyer ce mouvement. Mais apprenant que le roi, loin de chercher à forcer le passage, regagnait le Nord, il lui écrivit une lettre où ses appréhensions se cachent sous les termes du mépris et de l'insulte. Il écrit à « Charles qui se disait dauphin et ose maintenant se dire roi : » il lui reproche ce qu'il entreprend tortionnairement sur la couronne du roi Henri, naturel et droiturier roi de France et d'Angleterre, et les moyens qu'il emploie pour abuser le simple peuple, comme de s'aider « d'une femme désordonnée et diffamée, étant en habit d'homme et de gouvernement dissolu, et aussi d'un frère mendiant (frère Richard), apostat et séditieux, tous deux, selon la sainte Écriture, abominables à Dieu ; » il ajoute qu'il le poursuit de lieu en lieu sans pouvoir le rencontrer, et lui offre cette alternative : ou de fixer un jour et un endroit pour une conférence à laquelle il pourra venir avec l'escorte de « la diffamée femme et apostat dessusdits et tous les parjures, et autre puissance » qu'il voudra ou pourra avoir, mais à la condition qu'il s'agisse d'une paix « non feinte, corrompue, dissimulée, violée ni parjurée, » comme celle de Montereau, où le dauphin a fait assassiner Jean sans Peur; ou bien de terminer promptement la querelle par les armes, afin d'épargner au pauvre peuple les malheurs de la guerre, et lui rendre ce repos « que tous rois et princes chrétiens qui ont gouvernement doivent quérir et demander (11). »

  Ce fut le 11, à Crespy en Valois, que le roi reçut cette lettre, et déjà Bedford était au voisinage (à Mitry, au sud de Dammartin), prêt à donner la bataille qu'il offrait, mais à une condition pourtant : c'est qu'on la vînt chercher dans ses lignes ; car il comptait sur l'impétuosité française pour qu'elle renouvelât à son profit les journées de Crécy, de Poitiers et d'Azincourt. Ainsi provoqué, le roi vint à Lagny-le-Sec, poussant son avantgarde à Dammartin, et il envoya La Hire et quelques autres capitaines pour reconnaître la position des Anglais. Pendant toute la journée du 13, il y eut de fortes escarmouches autour de Thieux, entre Dammartin et Mitry, en avant de l'armée anglaise. Mais tout se borna là : car les capitaines jugèrent que les Anglais s'étaient trop assuré l'avantage du terrain; et Bedford, ne se voyant pas autrement attaqué, se replia le soir même sur Paris pour chercher des renforts (12).

       

   Ces hésitations des Anglais, ces défis suivis sitôt de la retraite, ne faisaient qu'encourager les villes à se donner au roi. Le roi les pressait d'ailleurs par ses messages. Revenu à Crespy, il envoya ses hérauts à Compiègne, à Beauvais, et il marchait lui-même vers la première de ces villes, quand il apprit que Bedford était à Louvres, d'où il ramenait, avec ses troupes, celles qu'il attendait. Il revint sur ses pas, et, arrivé à Baron, il envoya Loré et Xaintrailles s'assurer des mouvements de l'armée anglaise. Il ne fut pas longtemps sans recevoir d'eux la nouvelle qu'elle marchait sur Senlis, qu'ils l'avaient vue tout entière : mais quelque hâte que l'on fît, on arriva trop tard pour l'empêcher de franchir l'étroit passage de la rivière qui coule de Baron à Senlis (la Nonette) et de s'y établir près d'un lieu où les Anglais fort superstitieux, selon les témoignages du temps, devaient trouver un favorable augure, l'abbaye de Notre-Dame de la Victoire. Il était soir; après quelques escarmouches, les Français se logèrent près de Montépilloy (13).

       

  Le lendemain, 15 août, malgré la solennité de la fête, tous s'attendaient à la bataille. La messe fut dite à la première heure ; et aussitôt chacun de monter à cheval et de se préparer au combat. L'armée s'était formée en trois corps : le premier sous le duc d'Alençon et le comte de Vendôme ; le second sous René d'Anjou, duc de Bar; le troisième, formant l'arrière-garde, où était le roi avec le comte de Clermont et La Trémouille : les maréchaux de Boussac (Sainte-Sévère) et de Rais commandaient les ailes ; Graville, les archers. Il y avait en outre, pour faire escarmouche et subvenir à tout, une autre troupe qui ne devait pas avoir la moindre part à la journée : car elle avait à sa tête Dunois, La Hire et la Pucelle (14).

  On marcha donc vers les Anglais ; mais ils restèrent immobiles dans leur position. Ils avaient passé la nuit à la fortifier avec leur industrie accoutumée. Protégés sur les derrières par la rivière et un étang et sur les côtés par de fortes haies d'épines, ils s'étaient barricadés de leurs charrois et couverts sur leur front par des fossés garnis de palissades. C'est là qu'ils attendaient l'attaque : les archers faisant la première ligne, tous à pied avec leurs pieux aiguisés fichés en terre devant eux ; et derrière, les seigneurs à pied aussi, formant un seul corps de bataille, où dominaient, avec l'étendard de Saint-Georges, les deux bannières de France et d'Angleterre : car le régent combattait au nom des deux nations. La Pucelle, voyant qu'ils ne faisaient point mine de sortir, se vint mettre à l'avant-garde, et alla frapper de son étendard leurs retranchements; mais ils ne répondirent à ce défi qu'en repoussant les plus hardis à l'assaut, Vainement, pour les amener dehors, la Pucelle fit-elle retirer tous ses gens jusqu'au corps de bataille, vainement leur offrit-on de faire reculer toute l'armée elle-même, pour leur donner le loisir de se mettre aux champs et de se ranger. Ils s'obstinèrent à demeurer dans leur position, n'en sortant que pour des escarmouches : ils refoulaient les assaillants, qui, revenant en plus grand nombre à la charge, provoquaient à leur tour une sortie plus nombreuse; et vers la fin, la mêlée fut telle qu'au milieu d'un nuage de poussière on ne se distinguait plus Français, ou Anglais (15).

  Avant que les choses en vinssent à ce point, La Trémouille s'était laissé séduire par ce simulacre de bataille. Il s'avança, monté sur un coursier superbe et richement paré, et, la lance au poing, il donna des éperons et fondit sur l'ennemi. Mais son cheval tomba et le fit rouler parmi les Anglais. On s'empressa de l'en tirer, et l'aventure aurait pu lui être fatale ; car ce n'était point tournoi de chevalerie. Il y avait en jeu des haines nationales : « et n'étoit homme, dit Monstrelet, de quelque état qu'il fût, qui fût pris à finances : ains (mais) mettoient tout à mort sans pitié ni miséricorde (16). »

  Le roi, voyant que les Anglais ne sortiraient pas, s'en revint le soir à Crespy. La Pucelle, le duc d'Alençon et tout leur corps d'armée passèrent la nuit sur le champ de bataille ; et le lendemain de grand matin, pour éprouver si l'ennemi, les voyant moins nombreux, ne se déciderait point à les poursuivre, ils se reculèrent jusqu'à Montépilloy. Mais les Anglais ne songèrent à profiter de ce mouvement que pour opérer leur retraite plus à l'aise. Vers une heure, la Pucelle fut informée qu'ils avaient regagné Senlis et qu'ils se dirigeaient vers Paris. Il était trop tard pour les suivre. Elle vint donc à Crespy rejoindre le roi (17).

   

  Rien ne devait plus arrêter le mouvement qui ramenait les villes à Charles VII. Les hérauts qu'il avait envoyés à Compiègne, à Beauvais, y recevaient le meilleur accueil. A Beauvais, le peuple ne vit pas plutôt l'homme du roi, portant les armes de son maître, qu'il se mit à crier : « Vive Charles, roi de France ! » et chanta le Te Deum, au grand déplaisir de l'évêque-comte, Pierre Cauchon, partisan déclaré des Anglais. Le peuple proclama que tous ceux qui ne voudraient pas se soumettre au roi pourraient s'en aller, et il les laissa emporter leurs biens. Mais Cauchon ne pouvait emporter son évêché et sa seigneurie. Il emporta sa haine, qu'on retrouvera plus tard.

  Le 17, le roi reçut à Crespy, où il était encore, les clefs de Compiègne. Il s'y rendit le lendemain et fut accueilli avec de grands honneurs. Il voulait donner la capitainerie de cette ville à La Trémouille. Mais Compiègne, placée par son adhésion à Charles VII entre les convoitises du duc de Bourgogne et les haines des Anglais, avait besoin d'avoir chez soi à demeure un bon officier qui la sût défendre. Les bourgeois demandèrent à Charles VII d'y maintenir Guillaume de Flavy, qu'ils avaient pris pour capitaine. C'était un gentilhomme du pays, allié d'ailleurs à la famille du chancelier Regnault de Chartres et qui avait servi sous La Trémouille. La Trémouille eut le titre, mais Guillaume de Flavy, sous le nom de lieutenant, garda la charge avec tous ses pouvoirs (18).

  Avant de quitter Crespy pour se rendre à Compiègne, Charles VII avait ordonné au comte de Vendôme et aux maréchaux de Boussac et de Rais de marcher sur Senlis. Les habitants n'eurent garde de résister à une armée devant laquelle ils venaient de voir Bedford battre en retraite. Ils accueillirent Vendôme, qui en demeura gouverneur. La nouvelle en arriva au roi à Compiègne, en même temps que l'annonce de l'adhésion si enthousiaste de Beauvais (19).

       

  Il vit aussi arriver à Compiègne les ambassadeurs qu'il avait envoyés au duc de Bourgogne, et bientôt ceux du duc lui-même. Les quinze jours de la suspension d'armes finissaient. Paris n'était pas rendu ; et il était trop clair que le duc de Bourgogne, en eût-il la volonté, n'était pas en mesure de le rendre. Le roi, ainsi déçu, ne pourrait-il pas vouloir se dédommager à ses dépens ? Cette marche de Crespy sur Compiègne, quand Compiègne se donnait de soi-même, semblait trahir la secrète pensée d'aller prendre Paris ou à Lille ou dans Arras. Il y avait donc au moins des ménagements à observer ; et la plupart des conseillers du duc inclinaient franchement à la paix : mais le duc lui-même était trop circonvenu par les agents de Bedford. Le régent le sut retenir par de fortes remontrances ; et le duc se borna à envoyer Jean de Luxembourg et l'évêque d'Arras à Charles VII, pour lui donner de belles paroles. On parlait de paix générale : le duc de Savoie s'en faisait le médiateur. Pour la préparer, on fit une trêve à laquelle les Anglais avaient faculté d'accéder, trêve qui devait durer jusqu'à Noël et comprenait tout le pays situé au nord de la Seine, de Nogent à Harfleur, excepté les villes ayant passage sur la Seine. De Paris pas un mot, si ce n'est pour laisser au duc la liberté de « s'employer, pendant la trêve, lui et ses gens, à la défense de la ville » contre tous ceux qui l'attaqueraient. Le duc, il est vrai, ne révoquait pas la promesse trompeuse qu'il avait faite de la livrer au roi : mais en attendant, c'était lui qui devait tenir du roi Compiègne pour tout le temps de la trêve (28 août) (20).

                                     

  Le roi était là depuis plusieurs jours, recevant la soumission d'une foule de places du voisinage : Creil, Pont-Sainte-Maxence, Choisy-sur-Aisne, Gournai-sur-Aronde, Chantilly, etc. ; et il aurait pu, sans ces négociations avec le duc de Bourgogne, amener à lui les villes les plus considérables de la Picardie: Saint-Quentin, Corbie, Amiens, Abbeville ; car « la plupart des habitants d'icelles, dit l'historien bourguignon Monstrelet, étoient tout prêts de le recevoir à seigneur, et ne désiroient au monde autre chose que de lui faire obéissance et pleine ouverture. » Mais la Pucelle ne le voyait pas sans chagrin oublier parmi ces soumissions volontaires, abandonner sur une folle espérance, la ville sans laquelle la possession des autres n'avait rien de durable ni d'assuré. Pour le tirer de sa fausse quiétude, elle fit ce qu'elle avait fait à Gien pour l'entraîner au voyage de Reims. Elle ne prit conseil de personne. Elle appela le duc d'Alençon et lui dit: « Mon beau duc, faites appareiller vos gens et ceux des autres capitaines ; je veux aller voir Paris de plus près que je ne l'ai vu (21)



                                                


Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879

Notes :
1 La marche sur Paris : (Lettre de trois gentilshommes angevins du 17 juillet 1429, t. V. p. 130.
Instruction baillée à Jarretière, roi d'armes, de par M. le régent (16 juillet 1429), Rymer, t. X, p. 432. Dès le 15 avril précédent, Bedford insistait auprès du conseil pour qu'on amenât le roi à Paris (Proceedings, t. III, p. 322).
Situation de Paris: Le Bourgeois de Paris témoigne des inquiétudes que la ville alors, même dans les régions les plus élevées de la bourgeoisie, donnait au régent. Le mardi devant la Saint-Jean le bruit court que les Armagnacs doivent entrer dans la ville; dans la première semaine de juillet, on change le prévôt des marchands et les échevins, t. XL, p. 390, 391 (Coll. des Chroniques nationales françaises de Buchon).

2 Winchester et le duc de Bourgogne : voy. la même lettre de Bedford : Rymer, t. X, p. 432. — Négociations avec Winchester ; ibid.. p. 424 et 427 ; voy. ci-dessus, p. 225. — La duchesse de Bedford, Monstrelet, II, 62, et le Bourgeois de Paris, t. XL, p. 392 (Éd. Buchon).
Projets homicides de Bedford contre le duc de Bourgogne. Nous en avons parlé au n° 1 des appendices.

3 Marche sur Paris et premières ouvertures du duc de Bourgogne : « Demain s'en doibt partir le roy tenant son chemin vers Paris. On dit en ceste ville que le duc de Bourgogne y a esté et s'en est retourné à Laon où il est de présent ; il a envoyé si tost devers le roy qu'il arriva en ceste ville. A ceste heure nous espérons que bon traité y trouvera avant qu'ils partent. La Pucelle ne fait doubte qu'elle ne mette Paris en l'obéissance. » (Lettre de trois gentilshommes angevins, etc., 17 juillet 1429, t. V, p. 130.) Le pape Pie II est fort bien informé, quand il parle de la députation du duc de Bourgogne à Reims et du retard qu'elle mit au départ du roi :« Mansit rex ea in urbe quatriduo.... Non est peregrinatus statuta die novus rex : impedimento fuere Burgundorum legati qui salutatum venerunt, et aliquid ad concordiam afferebant. Quibus auditis, quarta die peregrinatio facta est, etc. » (T. IV, p. 514.) L'anonyme de La Rochelle parle aussi de la députation du duc de Bourgogne au roi à son arrivé à Reims et en suspecte justement les motifs : « Le duc de Bourgogne qui avoit esté à Paris et s'en étoit allé à Laon envoya cedit XVIIe jour de jeuillet ambassade devers le roy au dit lieu de Raims pour traitter son appointement; mais laditte ambassade n'estoit que dissimulation pour cuider amuser le Roy qui estoit disposé d'aller tout droit devant Paris. » (Revue historiquer t. IV, p. 344).

4 Lettre de Jeanne au duc de Bourgogne, voy. l'appendice n°36.

5 Le roi à Saint-Marcoul, etc., t. IV, p. 20 (Cagny) ; c'est lui qui est la principale source pour les dates et la suite du voyage ; cf. Chron. ch. LIX; et Procès, t. IV, p. 78 (J. Chartier); p. 187 (Journal) ; p. 432 (St-Remi).

6 Château-Thierry, t. IV, p. 381 (Monstrelet, II, 63). Perceval de Cagny (ibid., p. 21), s'accorde au fond avec Monstrelet quand il dit que le roi demeura tout le jour devant la place, s'attendant à être attaqué par Bedford, et que le soir la ville se rendit. Monstrelet ajoute que le sire de Châtillon et les autres chevaliers allèrent à Paris rejoindre Bedford qui rassemblait des troupes.
Provins : Le roi en fit La Hire capitaine (Monstrelet, II, 64).

7 Arrivée de Winchester et de ses troupes à Paris, le 25 juillet, t. IV, p. 453 (Clém. de Fauquemberque, et Bourgeois de Paris, t. XL, p. 393). — Bedford à Melun et à Corbeil, t. V, p. 453 (Clém. de Fauq.) : avec dix mille hommes, t. IV, p. 382 (Monstrelet, II, 65); dix à douze mille, Chron., ch. LIX, et t. IV, p. 79 (J. Chartier).
L'étendard contre la Pucelle : Chron. de France (Ms. de Lille, n° 26) ; Bulletin de la Société de l'Histoire de France, juin 1857, p. 103.
Proclamation du 3 août 1429. Le régent ordonne à tous ceux qui ont reçu comtés, baronies, fiefs, et arrière-fiefs en France ou en Normandie, par concession du dernier ou du présent roi, et qui ont négligé d'accomplir leurs services, ce qui a fait que le roi a été obligé de retenir (engager) un plus grand nombre d'hommes d'armes qu'il n'était nécessaire, de se présenter soit en personne, soit par députés, dans l'espace d'un mois, en France ou en Normandie, pour accomplir leur service, sous peine de forfaire leurs revenus (Proceedings, t. III, p. 349).
Le roi à La Motte de Nangis (Chron., et J. Chartier, l. l.). — On y rapporte qu'il y resta tout un jour en bataille, et que le duc de Bedford, qu'on attendait, s'en retourna à Paris, Il faut l'entendre d'un bruit répandu, car Bedford se retrouvera le 7 â Montereau. — Clément de Fauquemberque (t. IV, p. 453) dit que Bedford était parti de Paris le 4 août, et d'un autre côté, nous savons, par la date de la lettre de la Pucelle, que, le 5, Charles VII avait repris le chemin de Paris. Il semble bien difficile de placer tous les événements intermédiaires dans cette même journée du 4. Tout au plus le pourrait-on en supposant que Bedford, parti la veille de Paris, était à Melun le 4 au matin. Le roi a pu, l'apprenant, se porter jusqu'à La Motte de Nangis, et revenir dans la même journée vers Bray-sur-Seine.

8 Le roi à Bray, Chron., ch. LIX, et t. IV, p. 79 (J. Chartier), et p. 188 (Journal).

9 Voyez cette lettre aux Appendices, n°37.

10 Inquiétudes des habitants de Reims. On voit par les extraits des délibérations du conseil de Reims les inquiétudes que donnait à la ville la marche incertaine du roi. Le 3 août on fait « écrire à Mgr de Reims que l'on a entendu dire qu'il veut délaisser son chemin.... et aussi sa poursuite, qui (ce qui) pourroit estre la destruction du pays, attendu que les ennemis, comme on dit, sont forts. « (Varin, Archives législ. de Reims, Statuts, t. I, p. 741). Le 4, on écrit à Laon et à Châlons pour leur communiquer ces inquiétudes et les démarches que l'on fait en conséquence auprès du roi. Le 11 août, nouvelle démarche auprès du roi, et invitation à Châlons et à Troyes de s'y associer. — Ces inquiétudes de Reims redoubleront quand se sera dissipé l'espoir que leur avait dû rendre la lettre de la Pucelle, et on en trouve de nouveaux témoignages au commencement de la campagne suivante, 15 mars, 19 avril 1430. Voy. Varin, Archives législatives de Reims, Statuts, t. I, p. 746.

11 Le roi à Coulommiers, le 7 août : t. IV, p. 21 (Cagny). — La Chronique, chap. LIX, et Jean Chartier (t. IV, p. 80) le font revenir à Château-Thierry la vigile de la Notre-Dame d'août (14 août). Cela est inadmissible.
Lettre de Bedford : elle est datée de Montereau-faut-Yonne, 7 août, t. IV, p. 382-385 (Monstrelet, II, 65).

12 La lettre de Bedford reçue par le roy à Crespy : t. IV, p. 46 (Berri).
Les Anglais à Mitry : Chron., chap. LX, et t. IV. p. 80 (J. Chartier).
Retraite de Bedford : La Chronique (chap. LX) dit qu'il retourna à Paris: — dedans Paris, t. IV. p. 190 (Journal). Il vaut mieux dire qu'il vint à Louvres, comme dit Berri (t. IV, p. 47), et que ce fut là qu'il fit sa jonction avec les troupes mandées de Paris.

13 Hérauts du roi à Compiègne, à Beauvais, Chron., ch. LX; t. IV; p. 80 (J. Chartier).
Retour de Bedford, t. IV, p. 47 (Berri). La Chronique (ch. LX) et le Journal (t. IV, p. 190) disent que les troupes qu'il joignit à son armée sont les croisés de Winchester; mais on a vu qu'il les avait déjà menés avec lui à Melun et à Montereau.
Position des Anglais et des Français, t. IV, p. 433 (Lefebvre St-Remi). Chron. l. l., et t. IV, p. 82 (J. Chartier), et, 192 (Journal).
Esprit superstitieux des Anglais : « Interrogatus quomodo scit quod Anglici sunt superstitiosi : dicit quod communis fama hoc tenet et est vulgare proverbium, » t. II, p. 370 (Th. Marie).

14 Chron., ch. LX; t. IV. p. 193 (Journal); cf., p. 434 (Lefebvre St-Remi): p. 387 (Monstrelet, 11, 66).

15 Ligne de défense des Anglais, Chron., ch. LX, et t. IV, p. 22 (Cagny), p. 83 (J. Chartier), p. 386 (Monstrelet) ; P. Cochon, Chron. norm., ch. XLIX.
La Pucelle frappant les palissades anglaises, etc., t. IV, p. 22 (Cagny); cf. Chron., l l, et t. IV, p. 84 (J. Chartier) ; p. 194 (Journal).

16 Aventure de la Trémouille. — « Le seigneur de la Trémouille qui estoit bien joly et monté sur un grand coursier, voulut venir aux escarmouches » etc. Chron. ch. LX, et t. IV, p. 19 (Journal).
Point de quartier, t. IV. p. 389 (Monstrelet II, 66: il porte le nombre des morts à 300) Les Écossais de l'armée du roi joignaient leurs haines à celles des Français contre les Anglais. (Cf. ibid., p. 388.)

17 Voy. sur la Retraite des Anglais, l'appendice n°38.

18 Beauvais: Chron., ch. LX, et t. IV, p. 190 (Journal).
Compiègne: Chron., chap. LXI, et t. IV, p. 23 (Cagny) ; p. 47 (Berri) ; p. 80 (J. Chartier) ; p. 196 (Journal).
Guillaume de Flavy. Blanche de Nelle, mère de Regnault de Chartres, avait, par un premier mariage, épousé Raoul de Flavy. Guillaume de Flavy, né en 1395, sans être de la famille du chancelier, lui était donc rattaché par quelques liens. Il était devenu son pupille, et avait été élevé sous sa direction. Voyez Anselme, Généal. t. VI, p. 51 et p. 401 A; et Bulletin de la Société de l'Histoire de France (1861), p. 173 : Communication de M. du Fresne de Beaucourt sur Jeanne d'Arc et Guill. de Flavy: « Le dit Guillaume fut escollier à Paris. Messire Regnault de Chartres, chancelier de France, le print de l'escolle et le mit en sa compagnie. » Le passage est tiré du plaidoyer de l'avocat de Flavy dans un procès criminel qu'il soutenait en 1444 contre François de Rieux, neveu et héritier du maréchal. (Registres du Parlement, Procès crim., X, 8857.) Il avait rempli aussi diverses charges auprès de La Trémouille : il avait été sous ses ordres dans une mission politique auprès du comte de Foix en 1427 ; il avait été de sa compagnie dans le voyage du sacre. (Dossier Flavy, actes originaux, 4 et 7 novembre 1427, etc., cités par Vallet de Viriville, Hist. de Charles VII, t. II, p. 156.)

19 Senlis. Mêmes auteurs. L'approche de Vendôme et des deux maréchaux se fit immédiatement sentir à Paris. « Le vendredi 19e jour d'août et les jours en suivans, dit le greffier du Parlement, les présidens et conseillers de céans n'ont guère vaqué à entendre à l'expédition et jugement des procès et à oïr les plaidoieries des causes, par occasion des ennemis qui s'estoient approchés de la ville de Paris, qui avoient occupé plusieurs cités, villes et forteresses environ Paris, sans siége et sans résistance. » (Registres du Parlement, t. XV, f° 17 verso.)

20 1. Voyez sur ces négociations l'appendice n°39.

21 Soumissions des places de l'Ile de France : t. IV, p. 391 (Monstrelet, II, 70). A Abbeville, le maire et les échevins mettent en prison deux hommes qui avaient outragé le nom de la Pucelle, t. V, p. 143. On voit dans Monstrelet (II, 71), combien le duc de Bourgogne, dans le même temps, s'efforçait de se gagner Amiens et les Picards, en leur faisant espérer qu'il interviendrait auprès du régent pour les exempter des impositions et des gabelles.
Départ de Compiègne: t. IV, p. 24 (Cagny).

 

Jeanne d'Arc
Henri Wallon - 5°éd. 1879

Index

Avertissement
Préface

Introduction :

- La guerre de cent ans
- Charles VII et Henri VI
- Le siège d'Orléans

Livre IDomrémy et V...
I - L'enfance de J. d'Arc
II- Le départ

Livre II : Orléans
I - L'épreuve
II - Entrée à Orléans
III - La délivrance d'Orléans

Livre.III : Reims
I - La campagne de la Loire
II - Le sacre
III - La Pucelle

Livre.IV : Paris
I - La mission de J. d'Arc
II - La campagne de Paris
III - L'attaque de Paris

Livre.V :
Compiègne
I - Le séjour sur la Loire
II - Le siège de Compiègne

Livre.VI : Rouen - Les juges
I - Le marché
II - Le tribunal
III - Les procès-verbaux

Livre.VII : L'instruction
I - Les interrog. publics
II - Les interrog. de la prison
III - Les témoins

Livre.VIII : Le jugement
I - L'accusation
II - Les douze articles
III - Les consultations...
IV - La réponse de...

Livre.IX : L'abjuration
I - Le cimetière de St-Ouen
II - La relapse

Livre.X : Le supplice
I - La visite à la prison
II - La pl. du Vieux-marché

Livre.XI : La réhabilitation
I - La mémoire de Jeanne...
II - Le second procès...

Livre.XII : L'histoire

I - Les contemporains...
II - L'inspiration de J.d'Arc




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