Accueil                                                         Admin
27 avril 2024  

 Son histoire

par Henri Wallon

 Les sources

Procès condamnation

Procès en nullité...

Chroniques & textes

Lettres de J. d'Arc

 Compléments

Bibliographie

Librairie numérique

Dossiers

 Recherches

Mises à jour du site

Recherches

 

 ACCÈS CARTES

     Carte de France (1429)

     Carte Nord France (1429)

     Carte environs Domrémy

     Carte environs Orléans

     Carte siège d'Orléans

     Vues Orléans et pont

 

 Interactivité

Contact

Liens johanniques

Sauvez la Basilique

Introduction
La France et l'Angleterre : Le siège d'Orléans - p. 41 à 68

a ville d'Orléans formait une sorte de carré long, comprenant à l'Est, et pour la plus grande partie, l'ancienne ville romaine ; à l'Ouest, l'aucien bourg d'Avignon (Avenum), joint à la ville en 1345 par Philippe de Valois. Le plus grand côté, au Sud, longeait la Loire sur une étendue d'environ mille mètres ; le côté parallèle, au Nord, ne dépassait pas une ligne que l'on pourrait tracer de la place actuelle du Martroi aux dépendances de l'Évêché. Les deux autres descendaient de ces points vers le fleuve, celui de l'Est en ligne droite : c'était le côté de l'enceinte romaine, celui de l'Ouest, par une ligne plus courbe qui enveloppait l'église Saint-Paul : c'était le côté du bourg d'Avignon. La ville était donc loin d'atteindre aux limites qu'elle a aujourd'hui, mais la population s'y acheminait déjà par des faubourgs "les plus beaux du royaume," qui se prolongeaient à l'issue des portes (porte de Bourgogne à l'Est ; portes Parisis et Bannier au Nord ; porte Renart à l'Ouest). Devant la porte du Sud, un pont de dix-neuf arches, qui s'appuyait vers le tiers de sa longueur sur une île aujourd'hui supprimée (motte SaintAntoine et motte des Poissonniers), menait à la rive gauche de la Loire, où s'élevaient le grand couvent des Augustins, et au delà, un nouveau faubourg, dit "Portereau Saint-Marceau."

 

  Réduit à son enceinte, Orléans faisait encore une imposante tête de pont au passage de la Loire. Ses murs, qui, pour les trois quarts de leur étendue, reposaient sur les fondements romains, épais de deux mètres, hauts de six et même de dix au-dessus du niveau de la plaine, étaient bordés d'un fossé large de treize mètres, profond de six, et flanqués de tours à trois étages, qui dominaient la muraille et faisaient une saillie de dix mètres au moins dans les fossés de la place. Les portes, resserrées chacune entre deux de ces tours, étaient en outre défendues par des boulevards, ouvrages en terre, de forme carrée, entourés d'un fossé et d'une forte palissade. Le pont, sur la rive gauche, avait une défense de même sorte : c'était d'abord un pavillon élevé sur la culée même du pont, et séparé de la rive par un fossé où coulaient les eaux de la Loire (on le nommait, des deux tours dont il était flanqué, les Tourelles ou Tournelles) ; et au delà du fossé, un vaste boulevard qui en couvrait les approches, et qu'on appelait le boulevard des Tourelles. Cette forteresse, jointe à la ville, mais séparée d'elle par un pont d'une telle longueur, était bien aventurée. Pour y suppléer, au besoin, on avait élevé un autre bastion à l'endroit où le pont s'appuyait sur l'île de la Loire : la bastille Saint-Antoine. Elle datait, comme les boulevards, de l'an 1417, c'est-à-dire du moment où le vainqueur d'Azincourt, revenu à la conquête de la Normandie, menaçait toute la France. Dès ce jour, les habitants d'Orléans avaient agi comme s'ils étaient les premiers en péril. Au quinzième siècle (de 1400 à 1490), des revenus de la ville, un quart était consacré aux dépenses communes, et les trois autres quarts aux fortifications. Ils en usèrent largement pour mettre leurs murs en bon état, remplir leur arsenal, raffermir leur organisation militaire, et pas une année ne s'était passée sans qu'on ajoutât, par des achats ou des travaux, aux moyens de défense et d'attaque. En 1421, ils avaient pu braver Henri V lui-même, quand il s'avança jusque sous leurs remparts. Ils étaient prêts à soutenir cette autre attaque où se concentrait, cette fois, tout l'effort des Anglais.
  Tout, en effet, dans la marche des Anglais prouvait que c'était là leur fin suprême.

  Salisbury, avant d'approcher de la place, avait voulu s'en assurer la route et les abords. Il avait pris sur la route, par capitulation ou par force, Rambouillet, Rochefort, le Puiset, Thoury, Janville ; et il réduisit de la même sorte les alentours d'Orléans sur la basse Loire, Meun et Beaugency ; sur la Haute Loire, Jargeau et Châteauneuf. C'est alors que, maître du fleuve au-dessus et au-dessous d'Orléans, il fit une première démonstration contre la ville. Il passa la rivière, prit Olivet à une lieue d'Orléans, et envoya quelques coureurs jusqu'aux premières barrières de la place (1).

               

  Les Orléanais tinrent compte de l'avertissement. Ils avaient, par des contributions volontaires, ajouté encore à leurs approvisionnements d'armes et de vivres. Ils tirèrent de leur magasins toutes les machines qui se plaçaient aux murailles en cas de siège, pour en protéger les défenseurs ou repousser les assaillants : mantelets fixes ou mantelets mobiles, percés de meurtrières et faisant parapets ; et les engins tant de l'ancienne que de la nouvelle artillerie : catapultes et ribaudequins (longues arbalètes à lancer des piques) ; bombardes et canons (on en comptait soixante-quinze avant le siège). Ils travaillèrent avec une nouvelle ardeur à leurs tours, à leurs boulevards, à leurs barrières, à leurs fossés, sans que personne fût dispensé de mettre la main à la pioche
ou à la brouette. Bourgeois, artisans, religieux, étudiants (il y en avait beaucoup dans la ville à cause de l'Université), rivalisaient de zèle dans les travaux de la défense. Un privilège (c'en était un dans ces temps de désordre) confiait exclusivement aux habitants la garde de leur ville ; mais c'était le royaume tout entier qu'il y fallait défendre. En ces conjonctures ils n'hésitent point à s'adjoindre tous ceux qui les y pouvaient aider ; et en même temps que plusieurs villes (Bourges, Poitiers, La Rochelle, Montpellier) leur envoyaient des secours en vivres et en munitions, ils ouvraient leurs portes à quiconque voulut bien partager leur fortune. Ils avaient à leur fête, comme lieutenant de leur duc prisonnier, le jeune bâtard d'Orléans (Dunois) (2), celui dont Valentine de Milan, voyant en lui le digne héritier et le vengeur de son mari, disait : "On me l'a volé" et comme bailli du même prince et gouverneur de la ville, un brave chevalier, Raoul de Gaucourt, qui avait combattu à Nicopolis en 1396, et vaillamment défendu Harfleur contre les Anglais en 1415 (3). Si le Orléanais étaient résolus à se défendre, le bâtard d'Orléans ne l'était pas moins à garder dans leur ville l'apanage de son frère ; et Raoul de Gaucourt, retenu depuis la prise d'Harfleur dans les prisons des Anglais, venait d'en sortir après onze ou douze ans avec le désir de prendre sur eux une éclatante revanche.

  La prise d'Olivet, la reconnaissance poussée jusqu'aux Tourelles, avaient démasqué les vues de l'ennemi. Il voulait prendre le pont d'Orléans, non pour passer la Loire, mais pour bloquer la ville. C'est au delà de la Loire qu'il voulait s'établir pour la tenir en échec : tentative téméraire si Charles VII avait eu une armée capable de le combattre ; mais rien ne semblait à redouter du roi. Le 12 octobre 1428, Salisbury ayant passé la Loire vint donc se loger au Portereau, devant le pont. A son approche, les Orléanais en avaient détruit les maisons ; ils avaient en même temps mis le feu au couvent des Augustins, ne pouvant l'occuper et ne voulant pas laisser à l'ennemi une position si forte en face des Tourelles (4). Mais ils ne purent tellement le détruire, que l'ennemi ne trouvât moyen d'en relever les ruines; et en même temps que ses batteries, établies derrière la jetée de la Loire, lançaient des pierres de plus de cent livres sur la ville et détruisaient douze moulins qu'elle avait sur le fleuve, Salisbury, de cette bastille improvisée, attaquait le boulevard des Tourelles par la mine comme par le canon (5).

 

   Le 21 octobre il lui donna l'assaut ; mais tout Orléans s'était disputé l'honneur de le défendre. Les femmes mêmes y étaient accourues. Elles étaient là, versant du rempart sur les assaillants des cendres brûlantes, de la chaux vive, de l'eau bouillante et de la graisse fondue ; et plusieurs s'armaient de lances pour les rejeter dans le fossé. Après un combat de quatre heures, les Anglais se retirèrent pour recommencer leur travail de mine. Ils le poussèrent rapidement, malgré les contremines : et déjà le boulevard ne reposait plus que sur les étais des mineurs ; pour le faire crouler, il ne s'agissait que d'y mettre le feu (c'était encore, malgré l'usage de la poudre, le moyen ordinaire de faire jouer la mine), quand les Orléanais prirent le parti de l'abandonner, ils avaient, on l'a vu, en-deçà des Tourelles, une bastille qui fermait le pont vers la sixième arche à partir de la rive droite : la bastille Saint-Antoine. Dès la veille, prévoyant la nécessité de la retraite, ils avaient construit vers la onzième arche, près de l'endroit où s'élevait une croix, un boulevard en charpente, qui leur servît d'avant-poste, le boulevard de la Belle-Croix : ils rompirent une arche entre le boulevard et la bastille, ne les rejoignant que par un pont volant, afin que les communications de l'un à l'autre pussent être maintenues ou supprimées selon les besoins de la défense. Alors, mettant le feu aux palissades du premier boulevard menacé, ils se retirèrent dans les Tourelles, dont ils levèrent le pont ; et des Tourelles, trop ébranlées elles-mêmes par le canon, et trop découvertes après la perte de leur boulevard pour qu'on y pût tenir encore, dans le boulevard nouveau et dans la Bastille destinés à y suppléer (samedi 23 octobre). (6)

   Salisbury prit les Tourelles (24 octobre) et n'alla point au delà : car ce n'était point par ce chemin qu'il comptait entrer dans Orléans. Comment supposer en effet que les Anglais, maîtres du nord de la Loire, fussent allés, pour prendre la ville, s'établir au sud, ayant à dos toutes les forces des Français ? Comment admettre qu'ayant par le nord toute liberté d'en attaquer directement les murailles, ils eussent entrepris d'ouvrir la brèche par-dessus la rivière, sans autre moyen d'y arriver qu'en forçant un pont parfaitement défendu ? Ce que voulait Salisbury, c'était d'occuper la tête du pont, pour ôter aux Orléanais toute communication avec ces provinces du Midi où était leur espérance. Aussi, pour s'y mieux garder, fit-il rompre les deux premières arches attenantes aux Tourelles : le midi ainsi fermé, il semblait difficile que la ville pût résister longtemps quand on viendrait en force l'attaquer par le nord. Avant de s'éloigner, le soir même de la prise des Tourelles, Salisbury monta au deuxième étage de la forteresse, et il examinait l'enceinte de de la place, quand un éclat de boulet le frappa au visage, et le renversa blessé à mort auprès d'un chevalier tué du même coup. Les Anglais l'emportèrent à Meung en secret, mais non pas de telle sorte que la nouvelle n'en vint à Orléans. Elle s'y répandit avec des circonstances merveilleuses. On racontait que William Glasdale, nommé par Salisbury capitaine des Tourelles, lui en faisait les honneurs et lui montrait Orléans de la fenêtre, disant : "Monseigneur, regardez ici votre ville ; vous la voyez d'ici bien à plein." Salisbury regarda et reçut le coup dans l'oeil. L'attaque était suspendue après la rude affaire de cette journée ; les canonniers étaient allés diner : c'était un enfant qui, rôdant sur les remparts et voyant une pièce abandonnée, avait eu l'idée d'y mettre le feu. Jamais coup visé n'atteignit mieux le but.

   

  Salisbury mourut au bout de trois jours, recommandant à ses capitaines de ne point abandonner l'entreprise. Mais les Orléanais venaient de recevoir des renforts. Le lendemain de la perte des Tourelles, le bâtard d'Orléans (Dunois) rentrait dans la ville avec le maréchal de Boussac ou Sainte-Sévère (8), le Lombard Théode de Valpergue, depuis bailli de Lyon, Jacques de Chabannes (9), sénéchal du Bourbonnais, les seigneurs de Beuil et de Chaumont-sur-Loire, des plus nobles de la Touraine, La Hire et huit cents hommes environ qui venaient s'associer aux périls de la place (lundi 25 octobre). Les Anglais, sans renoncer à l'attaque, jugèrent prudent de la suspendre. Ils achevèrent de mettre en bon état les Tourelles et leur boulevard, et la nouvelle bastille des Augustins. Ils y laissèrent cinq cents hommes sous la conduite de William Glasdale, offïcier de second ordre, à ne voir que l'origine, mais qui ne le cédait à personne en habileté, en courage et en haine des Français ; il jurait, dit-on, qu'à son entrée dans Orléans, il y tuerait tout, hommes et femmes. Les autres se retirèrent dans leurs cantonnements, sur la haute et sur la basse Loire, à Meung et à Jargeau, attendant, pour reprendre le siége dans sa vraie direction, un nouveau chef et des renforts de Paris (8 novembre). (10)

  Les Orléanais, ne se faisant pas illusion sur leur retraite, s'apprêtèrent à les recevoir par où ils devaient venir ; et ils sacrifièrent leurs beaux faubourgs de la rive droite comme ils avaient fait les maisons du Portereau : couvents, églises, tout fut détruit comme autant de places d'armes où l'ennemi n'eût pas manqué de s'établir. En attendant, des deux côtés de la rivière on échangeait des coups de canon. Les Anglais des Tourelles, ravitaillés le ler décembre par Talbot et Scales (11), rouvrirent le feu avec plus de vigueur : munis de pièces de fort calibre, ils lançaient des boulets de pierre de 164 livres jusqu'au cœur de la ville. Les Orléanais firent si bien, qu'ils purent, même à cet égard, leur tenir tête : ils fondirent une bombarde dont les boulets pesaient 120 livres, et qui, avec deux autres canons de grosseur inusitée, appelés, l'un, Montargis, à cause de son origine, l'autre, Rifflard, à cause de ses prouesses, répondaient avantageusement, du pied des murailles, au feu des Anglais. D'autres pièces, beaucoup moindres d'ailleurs, n'en faisaient pas moins bien leur office : un coup, tiré du boulevard de la Belle-Croix contre les Tourelles, en abattit le toit, qui écrasa six hommes dans sa chute. (12)

  Ce boulevard de la Belle-Croix, par sa position comme par l'audace de ses défenseurs, incommodait tout particulièrement les Anglais. Un jour ils tentèrent de le surprendre ; mais on y faisait trop bonne garde. Là s'était établi de préférence un Lorrain, Jean de Montesclère, vulgairement nommé maître Jean, qui manœuvrait un de ces canons longs et légers appelés couleuvrines ; et nul, lui présent, ne se montrait impunément à découvert aux meurtrières des Tourelles. Les Anglais le connaissaient bien ; ils auraient donné beaucoup pour être débarrassés de sa personne, et parfois maitre Jean leur procurait le plaisir de croire que leurs vœux étaient exaucés : il se laissait choir comme s'il eût été frappé lui-même, et on l'emportait dans la ville ; mais il revenait bientôt à l'embuscade, et de nouveaux coups prouvaient aux Anglais que maître Jean n'était pas mort (13).
  Tout cela n'était qu'un prélude.

  L'avant-dernier jour de l'année les Anglais se montrèrent enfin sur la rive droite, pour commencer le vrai siège d'Orléans. Suffolk (14), donné pour successeur à Salisbury, ayant avec lui Talbot, John Pole, son propre frère, Scales, Lancelot de Lisle et les plus braves chevaliers d'Angleterre, vint à la tête de deux mille cinq cents hommes, et s'établit, non sans une vive résistance, sur les ruines de l'église Saint-Laurent, à l'ouest d'Orléans, près des bords de la Loire, où il se fortifia. Pour se relier au corps qui occupait, sur la rive opposée, les Tourelles et la bastille des Augustins, il fit construire, dans une île de la Loire et de l'autre côté du fleuve, deux boulevards formés de fascines et de terre : le boulevard Charlemagne, ainsi appelé de l'île, aujourd'hui supprimée, où il était bâti, un peu au-dessous d'Orléans, et le boulevard du champ Saint-Privé, non loin de l'église de ce nom, mais plus près de la Loire ; et d'autre part, il prolongeait son front d'attaque vers le nord, en élevant le boulevard de la Croix-Boissée, en face de la porte Renart (à l'ouest). Douze cents hommes, amenés le 16 janvier par Falstoff, lui permettaient, de mieux garnir cette ligne d'attaque et de défense.
  En somme, la position des Anglais était loin d'être dominante. Huit cents hommes, qui ne pouvaient que garder les Tourelles ou faire la patrouille sur les bords de la Loire, et trois mille sept cents hommes en bataille, ce n'était pas assez pour forcer une ville comme Orléans ; et on ne s'expliquerait pas cette disproportion entre les moyens et le but, si on ne tenait compte de la nécessité où les Anglais se voyaient d'éparpiller leurs forces, à mesure qu'ils étendaient leurs conquêtes car rien n'était à eux que ce qu'ils occupaient en effet. La ville, de son côté, n'avait point reçu du dehors les renforts que réclamait son importance. On ne méconnaissait point le péril sans doute à la cour de Charles VII. Les états du royaume réunis à Chinon (octobre et novembre 1428) avaient accordé au roi une aide de quatre cent mille francs, spécialement "pour résister aux Anglais, qui étaient à présent à puissance sur la rivière de Loire, pour le service de la ville d'Orléans et autres affaires d'État." Ils le pressaient en même temps d'appeler à lui avec toutes leurs forces les principaux seigneurs du royaume, notamment les comtes de la Marche, de Clermont, de Foix, d'Armagnac ; et le prince lui-même avait fait un traité avec le roi d'Écosse pour en obtenir plus de secours : mais ni l'argent ni les hommes n'arrivaient encore. La ville d'Orléans avait six à sept cents hommes de garnison avant les premières attaques des Anglais ; elle en avait reçu un millier depuis, de telle sorte que sa principale force était toujours dans la bourgeoisie. Selon le recensemeut fait par Gaucourt en septembre 1428, elle comptait trente mille habitants, ce qui suppose cinq mille hommes capables de porter les armes; cinq mille hommes dont trois mille seulement, peut-être, étaient armés : mais c'étaient trois mille hommes aguerris, distribués par corps de métier, et se partageant la défense des portes et des tours ; et les deux mille autres, dans une ville aussi résolue à se défendre, formaient évidemment une réserve prête à remplir les vides qui viendraient à se produire et à répondre  à tous les besoins (16).

  C'est avec ces combattants, et ce fut principalement entre les bastilles de la rive droite et la partie correspondante des murailles, que s'établit la lutte. Chaque jour il y avait quelque alerte, soit que les Anglais assaillissent la ville, soit que les défenseurs d'Orléans se portassent aux boulevards ennemis ; car les Orléanais, assiégés chez eux, étaient assiégeants à l'égard des bastilles anglaises, et ils prenaient même l'offensive plus souvent que les autres. Il semblait que les Anglais, trop peu nombreux encore pour tenter de pénétrer dans la ville, voulussent en lasser les habitants avant de l'envahir ; et leurs canons servaient moins à faire brèche aux murailles qu'à lancer à toute volée leurs boulets sur les maisons des bourgeois. Mais les Orléanais ne s'en émouvaient guère, et le Journal du siège, fidèle écho de la voix publique, s'amuse à raconter les bizarreries du canon. Quelquefois la lutte générale faisait place à des combats singuliers : deux contre deux, six contre six, ou bien à des combats de pages. D'autres fois aussi, il y avait des trèves, mais elles étaient courtes, et il ne fallait pas s'attarder : Lancelot de Lisle, un des principaux chefs anglais, s'en revenant, l'heure passée, d'une conférence avec La Hire, eut la tête emportée d'un boulet (17).
  Ni la défense ni l'attaque n'en pouvaient rester là, et de temps en temps, les secours envoyés à l'un ou à l'autre parti les remettaient aux prises. La ville, n'étant bloquée au nord que sur une moitié à peine de son enceinte, pouvait, comme les bastilles anglaises, recevoir des vivres et des renforts. Les Anglais épiaient ces convois, et les Orléanais ne réussirent pas toujours à les soustraire à leurs attaques : un jour la couleuvrine de maître Jean resta entre leurs mains, et peu s'en fallut qu'il n'y restât lui-même. D'autres fois, c'est aux Anglais que les secours étaient envoyés, et les Orléanais à leur tour, par d'audacieuses sorties, enlevaient et faisaient entrer dans la ville les provisions qui n'y étaient pas destinées (18) ;

   

  Un incident de cette sorte amena entre les deux partis une rencontre qui eut l'importance d'une véritable bataille.
  Vers le commencement de février 1429, Falstoff était revenu à Paris pour en ramener de nouveaux renforts, et, sous leur garde, tout un convoi de munitions et de vivres. Ce n'était pas moins de trois cents chariots avec un millier de gens du commun, marchands et autres, le prévôt de Paris, Simon Morhier, et quinze cents combattants anglais, normands ou picards. On entrait en carême : le convoi se composait surtout de barriques de harengs. L'occasion était excellente pour surprendre les Anglais dans l'embarras de ces voitures, et leur enlever leurs approvisionnements pour prix de la victoire ; mais les défenseurs d'Orléans n'eussent pas suffi à cette entreprise : la cour, à laquelle ils s'étaient adressés plusieurs fois, parut enfin consentir à tenter un effort. Le comte de Clermont, fils aîné du duc de Bourbon, amenait au secours du roi des hommes du Bourbonnais et de l'Auvergne. Avec lui se trouvait à Blois Jean Stuart, connétable d'Écosse, récemment revenu de Terre Sainte, et impatient de se retrouver en présence des Anglais. Ils se concertèrent avec plusieurs autres capitaines, et tandis que ceux-ci, passant par Orléans, allaient marcher au-devant du convoi pour lui barrer le chemin, eux, partant de Blois au nombre de trois ou quatre mille, se devaient rendre au point de la route, où l'on comptait bien le rejoindre : vainqueurs, ils se rabattaient sur la ville assiégée ; et, les habitants se joignant à eux, tout faisait croire que les bastilles anglaises, privées de leurs renforts et attaquées de deux côtés à la fois, n'auraient pas résisté (19)
  Les choses se passèrent d'abord comme on l'avait résolu. Le 8 février, arrive à Orléans William Stuart, frère du connétable d'Écosse, avec mille combattants, dont la belle tenue fit l'admiration de la ville. La nuit suivante, trois cent vingt autres, soit au sire d'Albret, soit à La Hire ; le lendemain, trois cents autres encore, avec le maréchal Gilbert de La Fayette. Tous venaient pour le coup projeté : on les retrouvera dans la bataille. Il importait que le comte de Clermont n'y fût pas moins exact : pour en être plus sûr, le bâtard d'Orléans, avec deux cents hommes, traversa les lignes anglaises et le vint prendre à Blois (10 février). Le 11, ceux d'Orléans se mettent en route ; c'était un corps de quinze cents hommes, à la tête desquels on comptait Guillaume d'Albret, William Stuart, Boussac, les deux Xaintrailles, Verduzan, La Hire. Ils venaient de passer Rouvray-Saint-Denis, quand le convoi des Anglais débouchait d'Angerville. Rien n'était plus facile que de l'attaquer pendant qu'il s'avançait en longue file par la route, de le rompre et de le détruire ou de le prendre; c'était l'avis de La Hire, de Poton de Xaintrailles, et de tous ceux qui venaient avec lui d'Orléans. Mais le comte de Clermont n'était pas encore là : il arrivait (il était à Rouvray depuis la veille !), il ordonnait de l'attendre, disant qu'il amenait trois à quatre mille hommes, avec lesquels on était sûr d'accabler les Anglais. Ils attendirent donc, et laissèrent à Falstolf le temps d'aviser à la situation. L'habile général, se faisant une barrière de ce qui naguère était pour lui un embarras, disposa ses chariots en la forme d'un parc, large par derrière, et n'offrant qu'une longue et étroite issue par devant à qui voudrait l'y forcer. Derrière ses chariots, il se fit un autre retranchement de ces pieux aiguisés dont les Anglais étaient toujours pourvus en marche, et il s'y renferma avec ses hommes d'armes, résolu de vaincre ou de mourir ; car, d'échapper par la fuite, il n'en avait ni l'espoir ni la pensée (1).
  Le retard avait tout compromis ; la précipitation fit tout perdre. Le comte de Clermont approchait ; déjà le bâtard d'Orléans et le connétable d'Écosse, le laissant à Rouvray, avaient rejoint la troupe établie en face des Anglais dans la plaine. Il avait été convenu qu'on resterait à cheval, et qu'on laisserait les gens de trait engager l'attaque des retranchements. Ces derniers s'en acquittèrent fort bien. Ils n'avaient pas seulement l'arc et l'arbalèle ; ils avaient apporté d'Orléans force couleuvrines dont les coups mettaient en pièces les chariots laissés à la garde des archers anglais et des marchands. Comme les archers anglais, au lieu d'être soutenus, étaient reçus derrière les palissades, et qu'il n'en sortait plus que des flèches fort incommodes pour l'assaillant, l'Écossais n'y tint pas : il mit pied à terre ; son frère William Stuart et les chevaliers français, non moins impatients de combattre, firent de même, et ils se portèrent assez confusément vers les barricades anglaises, afin de les forcer. Mais les Anglais, voyant que le principal corps de bataille ne se mettait point en devoir de les soutenir, sortirent en bon ordre, et, tombant brusquement sur eux, les accablèrent, les mirent en déroute. lls allèrent même jusqu'à s'aventurer à les poursuivre dans la plaine, et ils le firent impunément. Vainement La Hire, Poton de Xaintrailles et plusieurs autres, rassemblant soixante à quatre-vingis compagnons autour d'eux, tombèrent-ils sur les vainqueurs dispersés, dont ils tuèrent plusieurs : ils ne furent ni imités ni soutenus. Le comte de Clermont, qui s'était fait armer chevalier ce jour-là, demeura spectateur de la lutte, comme si les Anglais agissaient pour lui, en châtiant ceux qui avaient combattu contre son ordre. Il prit la route d'Orléans, laissant à l'ennemi le champ de bataille, et, dans cette plaine, les corps de trois à quatre cents soldats et des chevaliers les plus braves : Guillaume d'Albret, les deux Stuart, Verduzan, Châteaubrun, Rocbechouart, Chabot (12 février 1429). (21)
  Cette troupe qui devait chasser les Anglais de devant Orléans, dut se garder de leurs bastilles, pour y entrer sans un nouvel échec. Elle n'y vint que pour assister du haut des murailles à l'arrivée toute différente de Falstolf (le 17), ramenant son convoi intact, moins les barriques défoncées sur le champ de bataille, et qui, le jonchant de leurs débris, firent nommer cette journée la bataille des harengs. Le comte de Clermont se trouvait mal à l'aise dans cette ville qu'il avait compromise au lieu de la délivrer. Il partit le lendemain de l'arrivée de Falstolf (18 février) avec Regnault de Chartres, archevêque de Reims, chancelier de France (22) et l'évêque d'Orléans même, disant qu'il allait trouver le roi à Chinon, et requérir de nouveaux secours ; il commençait par emmener de la ville l'amiral Louis de Culan (23), La Hire et plus de deux mille combattants (24).

  Les Orléanais, comptant peu sur le secours du roi, se tournèrent vers le duc de Bourgogne, et lui firent demander, au nom du sang de France, de prendre en garde l'héritage de son cousin le duc d'Orléans. Le conseil d'Angleterre avait promis au duc prisonnier d'épargner son apanage ; les Orléanais réclamaient contre Bedford le bénéfice de cette promesse : menacés de devenir Anglais, ils cherchaient sous le patronage du duc de Bourgogne un refuge dans une neutralité qui était si peu selon leur cœur. Leur situation, en effet, allait empirant. Un instant ils avaient cru trouver contre l'ennemi un auxiliaire dans le fleuve : la Loire grossissant tout à coup avait monté jusqu'aux parapets des boulevards que les Anglais avaient construits dans la rivière ou sur ses bords (boulevards de l'île Charlemagne, du champ Saint-Privé, des Tourelles). Les Orléanais espérèrent qu'ils avaient été minés par les eaux et ne pourraient tenir ; mais les Anglais, à force de travail, avaient conjuré le péril (25).
  Les Anglais gardaient donc la basse Loire ; ils entreprirent de tenir aussi la haute. Ayant rappelé à eux une partie de leurs garnisons de Jargeau et des villes de la Beauce (8 mars), ils commencèrent dès le surlendemain (le 10) une bastille de Saint-Loup, à l'est d'Orléans ; et, tout en prenant position de ce côté jusqu'alors demeuré libre, ils travaillaient à se fortifier sur leur principal front d'attaque. Ils avaient commencé une tranchée, qui, menée de leur boulevard de la Croix-Boissée vers Saint-Ladre d'Orléans, leur devait permettre d'aller à couvert jusque sous les murs de la ville. Les assiégés interrompirent leur travail par une sortie vigoureuse où maître Jean prouva aux Anglais qu'ils n'avaient pas tout pour avoir pris sa couleuvrine : armé d'un autre instrument de même sorte, il leur tua cinq hommes en deux coups, et parmi les cinq, lord Gray. Mais les assiégeants se remirent à l'œuvre, et bientôt ajoutèrent sur ce front deux nouveaux boulevards à leurs défenses : le boulevard des Douze-Pierres ou des Douze-Pairs (vers le 20 mars), et le boulevard du Pressoir-Ars (vers le 9 avril) ; ils nommèrent le premier, Londres, le second, Rouen. Un peu après (15 avril) ils achevèrent une grande bastille au nord entre Saint-Pouair et Saint-Ladre, et la nommèrent Paris (26).

  Ainsi le blocus allait se resserrant, et le moment semblait proche où l'ennemi, maître des principales routes, pourrait, en interceptant les arrivages de vivres, tourner contre la ville le nombre même de ses habitants. Leur résolution tiendrait-elle devant cette épreuve ? Le doute au moins gagnait les esprits dans la foule : on commençait à craindre les trahisons. Un jour, on découvrit dans le mur de l'Aumône d'Orléans, près la porte Parisis, un trou assez large pour donner passage à un homme. Le peuple s'ameuta : coupable ou non, le directeur de la maison dut chercher son salut dans la fuite. Un autre jour, le jeudi saint, sans nul autre indice, le bruit courut qu'on était trahi : chacun se tint sous les armes (27). Ces rumeurs, par les effets qu'elles produisaient, montraient au moins que le peuple n'était pas disposé à se rendre ; et il ne cessait de le prouver par sa vigueur. Les chefs pouvaient bien encore faire entre eux échange de politesses, s'envoyant et recevant tour à tour ce qui leur rendait la vie plus supportable quant aux hommes d'armes, ils n'échangeaient guère que des coups. De moins en moins attaqués dans leurs murailles, ils prenaient plus souvent l'offensive. Ils allaient chercher l'assiégeant dans ses lignes ; et plusieurs fois de hardis coureurs tombèrent à l'improviste sur l'ennemi dans la campagne, et purent même ramener leurs prisonniers dans Orléans (28).
  C'est au milieu de ces incidents divers que l'on vit revenir les députés envoyés au duc de Bourgogne.

  Le duc avait accueilli volontiers le message, et, sans se presser d'ailleurs beaucoup d'y donner suite, il avait emmené les envoyés à Paris, où il voulait en parler lui-même à Bedford. Recevoir sous sa garde la ville d'Orléans, c'était établir son influence au centre de la France, enlever aux Armagnacs la tête de leur parti : mais c'était par le même coup se rendre plus fort vis-à-vis des Anglais, et c'est ce que les Anglais ne voulaient pas. Aussi Bedford n'usa-t-il guère de ménagement pour éconduire son beau-frère. Il déclara qu'il comptait bien avoir la ville à sa volonté, et que les Orléanais lui payeraient ce que lui avait coûté ce siège : ajoutant, sans plus d'égard pour le solliciteur intéressé, "qu'il seroit bien marry d'avoir battu les buissons et que d'autres eussent les oisillons." Le duc de Bourgogne se retira blessé. Il dut renvoyer les députés d'Orléans sans autre réponse ; mais il envoyait avec eux un trompette chargé de rappeler du siège tous ceux de son obéissance (29).

  Les Anglais s'émurent peu de ce rappel, qui pourtant leur enlevait des auxiliaires (mille à quinze cents hommes peut-être) dans un moment où ils n'en pouvaient trop avoir pour compléter leur ligne de blocus. Ils s'en consolaient en pensant qu'ils seraient seuls à garder la conquête : le duc de Bourgogne se retirait à point pour perdre le fruit qu'il aurait pu attendre de son concours ; et, malgré le départ très précipité des Bourguignons, ils se firent de Saint-Jean le Blanc, sur la rive droite, une nouvelle bastille qui devait concourir avec celle de Saint-Loup à la garde de la haute Loire (vers le 2o avril). Quant aux Orléanais, ils se consolèrent aussi en voyant qu'ils restaient à eux-mêmes ; car déjà avait paru celle qui se disait envoyée de Dieu pour les délivrer, celle qui devait associer leur nom au plus beau nom de l'histoire : Jeanne d'Arc, la Pucelle d'Orléans.



                                                


Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879

Ilustrations :
- Vue d'Orléans pendant le siège (reconstitution de M.Lisch)
- Artillerie d'époque (musée des Invalides)
- Vue générale d'Orléans (musée d'Orléans)
- Les Tourelles (dessin de M. Vergnaud-Romagnési)
- Portait de John Talbot
- "La bataille des harengs" - miniature du XV° siècle
- sceaux divers (bibliothèque nationale)
- Portrait de Philippe Le Bon.

Notes :
1 Progrès de Salisbury : Chronique de la Pucelle, ch.30 et 34...Les nobles et tenants-fiefs étaient en même temps convoqués à Chartres, pour observer Ies troupes qui, de Blois, pouvaient inquiéter les opérations de Salisbury. (Ordre du bailli de Rouen 6 novembre 1428, pour le paiement des frais du messager envoyé à cette fin - Archives de France p.153 P.Teulot)

2 Jean, bâtard d'Orléans, était né en 1403, et ainsi n'avait que dix-neuf ans à l'avènement de Charles VII. Attaché de bonne heure à la personne du prince, il fut un des otages que Richemont réclama en garantie des offres qu'on lui faisait pour le ramener au roi. En 1425, il défendait contre les Anglais le Mont Saint-Michel et nous l'avons cité en 1427 à la rescousse de Montargis. Le bâtard d'Orléans sera quelquefois appelé par anticipation Dunois dans notre récit, comme il l'est dans les chroniqueurs qui ont écrit postérieurement à l'époque où il recut du duc d'Orléans son frère, le comté de ce nom (21 juillet 1439). Voir Godefroy, Vie de Charles VII, p. 805.

3 Raoul de Gaucourt était à quatorze ans écuyer tranchant de Charles VI. Aprés tant de vicissitudes dans sa vie militaire, déjà bailli du duc d'Orléans en la capitale de ce duché, il y avait remplacé, en 1427, André Marchand conme gouverneur. II fut en outre conseiller et chambellan du roi, et nous le retrouverons parmi les principaux de son entourage. Voir Lotlin, Recherches historiques sur Orléans, t.I, p.198, et aussi J.Quicherat, note sur sa déposition au Procès de réhabilitnlinn, t.III, p. 16.

4 Voyez I'appendice 3

5 Journal da siiège, Q.t.IV, p.96-98, chronique de La Pucelle chap.35
Les moulins furent remplacés par onze moulins à chevaux établis dans la ville. (Journal du siège)

6 Perte des Tourelles : Journal du siège ; Chronique de la Pucelle

7 Mort de Salisbury, voir les chroniques : Journal du siège, 24 oct.1428, Chronique de la Pucelle, ch.38, Jean Chartier, Robert Blondel, Monstrelet.
Thomas Basin, liv.II, chap.VII "Qui lapis ferramento allisus quo eadem muniebatur fenestru, et in parte divisus; in caput ipsius comitis prope alterum oculorum impegit eumque lethaliter vulneravit"

8 Jean de Brosse, seigneur de Boussac et de Sainte-Sévère, nommé maréchal de France par le crédit de Richemont pour l'avoir débarrassé de Beaulieu (1427). II en sera souvent question dans la suite de cette histoire.

9 C'est le frère d'Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, ce chef des écorcheurs, si fameux dans la seconde moitié du règne de Charles VII.

10 - Arrivée de Dunois, etc...(Journal du siège).
- Gladsdale (Glacidas) : "Et disoit-on que ce siége se gouvernoit plus par lui que par nuls autres, combien qu'il ne fust pas de si grand estat que plusieurs des dessus nommés" (Chartier) ; "de haut courage, plein de toute tyrannie et orgueil" (Chron. de la Pucelle, chap.37) ; "usa souvent de grands menaces, et s'alloit vantant par son orgueil, qu'il feroit tout meurtrir à son entrée dans la ville, tant hommes que femme, sans en espargner aucuns."
- Délibération des Anglais, (ibid., chap.38)

11 - John Talbot, comte de Shrewsbury, né vers 1373, une des figures les plus imposantes d'un temps où l'Angleterre compta de si grands Capitaines
- Thomas Lord Scales, avait paru déjà aux journées de Cravant (Chron. de la Pucelle, chap.4), de Verneuil (ibid., chap.10), etc...

12 - Destruction des faubourgs (Journal du siège, 08/11/1428, 29/12/1428)
- Arrivée de Talbot : (ibid, 30/12/1428)
- Le 8 novembre 1428, La Hire se trouve à Tours, demandant, au nom de Charles Vll, des secours pour la ville assiégée. La municipalité vota un subside qui fut avancé par un bourgeois. (Archives de Tours, cité par Vallet de Viriville)

13 Maître Jean (Journal du siège, 25/12/1428), appendice 4

14 William Pole, comte et plus tard duc de Suffolk, petit-fils du fameux ministre de Richard II.

15 Suffolk, (Chronique de la Pucelle, chap.46), Monstrelet (Il, 63) désigne SuffoIk comme, général capitaine ayant au-dessous de lui Scales, Talbot, Lancelot de Lisle et Gladsdale.
- Boulevard Charlemagne et boulevard du Champ Saint-Privé, du 1er au 6 janvier 1429, (Journal du siège, 06/01/1429), boulevard de la Croix-Boissée (ibid., avant le 16 janvier)
- John Falstolf ou Falstalf, né vers 1399, lieutenant du roi d'Angleterre à Harfleur, après la prise de cette ville, et, depuis la mort de Henri V, grand maître d'hôtel, c'est-à-dire chef de la mission militaire du duc de Bedford.

16 Forces des Anglais : 500 hommes aux Tourelles avec Glasdale, (Q.t.IV, p.102) ; renfort de 300 hommes avec Talbot, 1er décembre 1428 (ibid.p.103). 2.500 hommes avec Suffolk, à Saint-Laurent, 29 décembre, (ibid. p.106) renfort de 1200 hommes avec Falstolf, le 16 janvier 1429, (ibid., p.110)
- Forces des Orléanais : Indépendamment de la population armée, qui pouvait être de 3000 à 6000 combattants, et de la garnison primitive d'environ 600 à 700 hommes : 800 hommes, 25 octobre 1428. (ibid. p. 101) : 200, le 6 janvier 1429, sous l'amiral de Culan (ibid., p.108), Pour les renforls postérieurs, voyez l'indication que j'en donne à leur date et l'appendice n°22
- Etats de Chinon, octobre 1428. Hist.de Languedoc, t. IV, p.472 et 473. Le clergé y participa dans la forme qui lui était propre ; nobles, clercs, étudiants, ouvriers des monnaies, tous les privilégiés durent payer leur part de cette aide. Et en même temps les États sommaient les fendataires de s'armer pour la défense du royaume, selon leurs obligations féodales. (Voir Loiseleur, Compte des dépenses faites par Charles VII pour secourir Orléans, p.64)
- Traité avec le roi d'Écosse, Jacgues 1er, pour le mariage de Marguerite sa fille avec Louis Dauphin de France, 30 octobre 1428. Ce mariage fut célébré à Tours, le 2 juin 1436, en vertu d'une dispense, Ie Dauphin n'ayant même pas alors quatorze ans.

17 Bizarreries du canon : Un boulet tombe sur une table entourée de cinq convives, sans autre effet que de briser le service ; un autre, au milieu de cent personnes réunies, atteint l'une d'elles et lui emporte un soulier. (Q. Procès, t. IV, p.104 et 111)
Combats singuliers : Un jour ce sont deux Gascons qui battent deux Anglais ; un autre jour six Français qui défient six Anglais: les Anglais ne vinrent pas. (Ibid. p.106 et 111)
Combat de pages à coups de pierres : Ies petits Anglais y perdirent leur chef ; les Français leur étendard. (Ibid. p.143 et 144.)
Mort de Lancelot, le samedi 29 janvier (ibid. p.115). Voyez aussi l'appendice n°5.

18 Nouveaux renforts à Orléans : 30 hommes d'armes, le 24 janvier (Q.t. IV, p.114), 26 combattants le 5 février (ibid.)
Convois de vivres, les 3, 5, 10, 12, 25, 31 janvier ; 25 février, 6, 7, 8 mars ; 5, 16, 21 avril - interceptés, 25, 28 janvier et 27 avril (voir le Journal du siège à ces dates)
Affaire de l'île des Moulins (ibid., p.112).
Convois aux Anglais, 7 et 19 avril (voir le Journal du siège à ces dates).

19 Convoi de Falstoff (Q.t.11, p.120 - Journal du siège). Monstrelet dit quatre à cinq cents charettes. La Normandie avait fourni 200 lances et 600 archers (Beaurepaire : Administration de la Normandie sous la domination anglaise p. 69). -Le comte do Clermont (Chronique de la Pucelle, ch.40), Berri p.376 (éd.Godefroy). Charles, comte de Clermont devint Duc de Bourbon après son père qui monrut prisonnier des Anglais en 1434.

20 Arrivée des troupes à Orléans pour l'expédition projetée (Q.t.IV, p.118-120 (Journal du siège).
- Préparatifs de la bataille (ibid., p.120) Chroniques de la Pucelle, Monstrelet.

21 Bataille de Rouvray ou la Détrousse des harengs : Journal du siège, Chronique de la Pucelle, et Monstrelet, aux lieux cités ; Perceval de Cagny ; Chron. de la Fête du 8 mai, t.V, p. 288.

22 Regnault de Chartres, né vers 1380, chanoine, puis doyen de Saint-Pierre de Beauvais en 1408, et archevêque de Reims en 1414 : c'est en cette qualité qu'il se rendit l'année suivante au concile de Constance. Il fut une première fois chancelier de France le 28 mars 1424 ; mais il remit les sceaux au bout de quelques mois pour aller, comme orateur d'obédience, auprès de Martin V. II redevint chancelier le 2 novembre 1428. Nous verrons quelle sorte d'influence il exerça sur cette période de notre histoire. Voir sa vie comme archevêque et comme chancelier dans le Gallia christiana et dans Duchesne, Hist. des chanceliers de France, et sa notice plus abrégée dans un article de la Biographie générale de MM. Didot, signé, comme beaucoup d'autes excellents articles sur les hommes de ce temps, par Vallet de Viriville.

23 Louis de Culan après une longue captivité en Orient, avait été nommé bailli de Melan et amiral de France, en 1422.

24 Le comte de Clermont à Orléans : Voir le Journal du siége, la Chronique de la Pucelle et Monstrelet aux lieux cités. L'auteur de la chronique de la Fête du 8 mai, on l'a vu, dit que les Orléanais, voyant que les fugitifs de Rouvray n'osaient combattre les Anglais les invitèrent à sortir de la ville comme des bouches inutiles (t.V, p.288). Il vaut mieux s'en rapporter au Journal qui dit que les Orléanais se montrèrent mécontents de ce départ. (t. IV, p.130).

25 Ambassade au duc de Bourgogne : Journal du siège, Procès ; Chronique de la Pucelle, chap.61. Avant le siège, les Orléanais avaient déjà, dit-on, cherché à intéresser le duc de Bourgogne en leur faveur. Ils avaient donné 2500 écus à La Trémoille, pour détacher Philippe des Anglais. La Trémouille s'y est-il employé sérieusement ? On veut le croire... car il garda l'argent. Voir Lottin, t.I, p.197, citant Dubois et les comptes de la ville  du 20 avril 1425.

26 Nouvelles bastilles : Procès, t. IV, p.132, 135, 138 et 145 (Journal). - Voyez l'appendice n°6.

27 Trou pratiqué au mur de l'Aumône (9 mars), t.IV, p.134 (Journal)
- Bruit de trahison le Jeudi Saint (24 mars) : "Durant lequel jour courut grant bruit que aucuns dela cité la debvoient trahir et bailler ès mains des Anglois : pour quoy celluy mesme jour et lendemain, veille de sainctes Pasques, et le jour aussi, furent les gens de guerre y estans en garnison et les citoyens et autres y estans retraicts pareillement, toujours en armes et chacun sur sa garde, tant en la ville et sur les murs, cumure ès boulevers d'entour" (ibid., p.141).

28 Echanges de politesses entre les chefs : (22 février) Suffolk fit offrir au bâtard d'Orléans un plat de figues, de raisin et de dattes, en le priant de lui envoyer de la panne noire (sorte de drap) pour faire une robe : politesse fort intéressée sans doute, car dans 0rléans on ne manquait pas encore de vivres, et les Anglais pouvaient bien manquer de drap dans leur camp ; mais le bâtard accueillit l'offre et la demande avec la même bonne grâce (ibid., p.131).
Sorties : Plusieurs fois les Orléannais pénétrèrent assez avant dans les bastilles pour rapporter en trophées des tasses d'argent, des robes fourrées de maître, sans compter les arcs, les flèches et autres instruments de guerre (2 mars et 18 avril), t. IV, p.132 et 147.
Courses dans la campagne : Un jour (12 avril), c'est une troupe qui, sortant de nuit, pénètre jusqu'à Saint-Marceau au Val de Loire, force l'église et y fait prisonniers vingt Anglais qu'elle ramène à Orléans ; un autre jour (20 avril) un capitaine avec vingt hommes d'armes arrive à Fleury-aux-Choux et y surprend les hommes qui, tout récemment avaient amené des vivres aux bastilles anglaises.

29 Retour de l'ambassade envoyée au duc de Bourgogne, Journal. p.146, Monstrelet, II, 58; Chronique de la Pucelle, ch.41; J. Chartier, ch.xxxiv.


 

Jeanne d'Arc
Henri Wallon - 5°éd. 1879

Index

Avertissement
Préface

Introduction :

- La guerre de cent ans
- Charles VII et Henri VI
- Le siège d'Orléans

Livre IDomrémy et V...
I - L'enfance de J. d'Arc
II- Le départ

Livre II : Orléans
I - L'épreuve
II - Entrée à Orléans
III - La délivrance d'Orléans

Livre.III : Reims
I - La campagne de la Loire
II - Le sacre
III - La Pucelle

Livre.IV : Paris
I - La mission de J. d'Arc
II - La campagne de Paris
III - L'attaque de Paris

Livre.V :
Compiègne
I - Le séjour sur la Loire
II - Le siège de Compiègne

Livre.VI : Rouen - Les juges
I - Le marché
II - Le tribunal
III - Les procès-verbaux

Livre.VII : L'instruction
I - Les interrog. publics
II - Les interrog. de la prison
III - Les témoins

Livre.VIII : Le jugement
I - L'accusation
II - Les douze articles
III - Les consultations...
IV - La réponse de...

Livre.IX : L'abjuration
I - Le cimetière de St-Ouen
II - La relapse

Livre.X : Le supplice
I - La visite à la prison
II - La pl. du Vieux-marché

Livre.XI : La réhabilitation
I - La mémoire de Jeanne...
II - Le second procès...

Livre.XII : L'histoire

I - Les contemporains...
II - L'inspiration de J.d'Arc




Légal         Contacts
 
© 2006-2014 - SteJeannedArc.net
1412-2012
Jeanne d'Arc, histoire et dictionnaire