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Chronique d'Enguerrand de Monstrelet - index
L.I-269 - [Comment le roy Charles, VIe de ce nom, ala de vie à trespas, et de son obsèque et enterrement.]

n ces propres jours le roy Charles de France s'acoucha malade dans son hostel de Saint-Pol dedens Paris. Lequel, le XXIIe jour du mois d'octobre, le jour des Onze mille Vierges, rendi à Dieu son esprit. Et furent à son trespas tant seulement, son premier chambellan, son confesseur et son aumosnier, avecques aucuns de ses officiers et serviteurs, en petit nombre. Et bien après, le alèrent veoir en son lit les seigneurs de son conseil, de la chambre du parlement et des comptes, l'Université de Paris et plusieurs coliéges, les eschevins, bourgois et habitans d'icelle ville, et aucuns autres. Et là, par ses serviteurs fut mis en ung sarcus de plomb et porté moult réveremment par chevaliers et escuiers en la chapelle de sondit hostel, en laquelle il fut vingt jours entiers, jusques à ce que le duc de Bethford, régent, fut retourné dedens Paris. Et durant les vingt jours dessusdiz furent chantées et célébrées messes en icelle chappelle en la forme et manière qu'on faisoit ou vivant dudit Roy, par ceulx de sadicte chappelle, et en après par iceulx estoit fait le service. Et aloient tous les jours les quatre ordres mendians de Paris, les ungs après les autres, faire service pour lui, et pareillement les chanoines et coliéges chascun à son tour. Et d'autre part lui fut fait ung noble service de part l'Université de Paris. Et depuis, les quatre nacions de l'Université lui en firent ung particulièrement, et généralment tous les coliéges de Paris et toutes les parroisses lui en firent ung particulièrement.
  Le Xe jour de novembre, le corps dudit Roy fut porté de son hostel de Saint-Pol en l'église de Nostre-Dame de Paris, les processions de toutes les églises alans au devant dudit corps par ordre et chascun en son degré, et puis les prélatz au dextre costé, c'est assavoir les évesques de Paris, de Chartres et de Thérouenne, les abbez de Saint Magloire, de Saint Germain et de Sainte Geneviefve. Et au senestre costé aloit l'Université, les Recteur et docteurs, aussi près du corps comme les prélatz. Et portoient, ledit corps, ses chevaliers et ceulx de son escuierie. Et après suivoient les maistres d'ostel et escuiers d'escuierie au costé destre, et au senestre estoient les prévostz de Paris, et des Marchans et les sergens d'armes entre deux, et au plus près du corps estoit son premier varlet de chambre. Et ceulx de la court de parlement portèrent le drap par dessus le corps. Et au plus près du chef estoit son premier chambellan, et les autres ensuivant. Après lesquelz suivoient les pages du roy, et ung petit ensuivant, aloit le duc de Bethford, anglois, qui estoit régent de France. Et n'estoit icellui corps acompaigné de nul des princes de son sang, sinon du duc de Bethfort. Laquelle chose estoit moult piteable à veoir, actendu la grant puissance et prospérité en quoy ce noble roi Charles avoit esté veu durant son règne. Et après ledit duc, suivoient le chancelier de France, les maistres des requestes, les seigneurs des comptes, secretaires, notaires, bourgois, et le commun de Paris en grant multitude. Et estoit le corps sur une lictière moult noblement, par dessus lequel estoit ung paile de drap d'or à ung champ vermeil bordé d'asur semé de fleurs de lis d'or. Et par desus le corps avoit une pourtraicture faicte à là semblance du Roy, portant couronne d'or et de pierres précieuses moult riches, tenant en ses mains deux écus, l'un d'or et l'autre d'argent, et avoit en ses mains blans gans bien garnies d'aigneaulx à pierres (1). Et estoit icelle figure vestue d'un drap d'or à ung champ vermeil, à justes manches, et ung mantel pareil, fourré d'ermines. Et si avoit unes chausses noires, et ungs solers de veloux d'asur semé de fleurs de lis d'or. Et en tel estat, comme dit est, fut porté à grant honneur jusques dedens l'église Nostre-Dame de Paris, dedens laquelle chanta la messe pour ledit roy défunct, le patriarche de Constantinoble. Après laquelle messe et tout l'office achevé moult honorablement, ledit roy fut porté à Saint-Denis. Et le portèrent les gens de son escuierie, jusques à une croix qui est en my chemin de Paris à Saint-Denis. A laquelle croix le chargèrent les mesureurs et porteurs de sel en Paris, chascun une fleur de lis à sa poitrine, et le portèrent jusques à une croix qui est emprès Saint-Denis, à laquelle vindrent à l'encontre de lui l'abbé dudit lieu de Saint-Denis, ses religieux et tout le clergié de la ville en procession, avec les bourgois et le peuple, qui avoient grant foison torches et luminaires. Et de là, en chantant et recommandant son âme à Dieu, fut porté jusques en l'église de Saint-Denis. Et toujours, durant celle alée, estoient le duc de Bethford et les autres dessus nommez emprès le corps. Et lui venu en icelle église de Saint-Denis, fut de rechef le service fait par ledit patriarche, mais il y eut une nuit entre lès deux services. Et ne fut nul là estant qui alast à l'offrande, si non le duc de Bethfort. Et pour vray y eust bien, aux deux services, vingt mille livres de cire alumée, et à l'aumosne seize mille personnes, lesquelles eurent chascune trois blans, monnoye royale. Et après que le service fut fait et achevé en icelle église de Saint-Denis et que le Roy fut mis en sépulture emprès ses prédécesseurs de France, icellui patriarche fist la benéicion, comme il est de coutume. Et adonques les huissiers d'armes dudit roy qui estoient là présens, rompirent leurs petites verges et les gectèrent dessus la fosse, et puis mirent leurs maces en bas ce dessoubz dessus. Et lors le roy-d'armes de Berry acompaigné de plusieurs héraulx et poursuivans cria dessus la fosse : « Dieu vueille avoir pitié et mercy de l'âme de très excellent, très hault et puissant prince, Charles, roy de France, VIe de ce nom, naturel et souverain seigneur. » Et après ce, cria de rechef le dessusdit roy d'armes : « Dieu doint bonne vie à Henry, par la grâce de Dieu roy de France et d'Angleterre, nostre souverain seigneur. » Lequel cry acompli, les sergens d'armes dessusdiz redrécèrent leurs maces, les fleurs de liz dessus, en criant tous à une voix, Vive le roy! Vive le roy! Vive le roy! Et toutes ces besongnes ainsi faictes, tous les seigneurs retournèrent dedens Paris. Ouquel lieu avoit esté ordonné pour la garde d'icelle, à tout foison de gens d'armes, messire Guy le Bouteiller et le bastard de Thien, chevaliers. Et avecques ce avoient commis plusieurs capitaines sur les champs, à tout leurs gens, pour garder les passages contre les Daulphinois, afin qu'ilz ne feissent nulles entreprises et dommages.
  En oultre, ledit duc de Bethford, seul et pour le tout, demoura régent et gouverneur dudit royaume de France, pour et ou nom de son nepveu, le jeune roy Henry, quant à ce qui estoit en son obéissance.
  Ainsi et par ceste manière fina sa vie ce très noble roy Charles, ou quarante deuxiesme an de son règne, lequel, en grant partie d'icellui, eut de grandes tribulations par les divisions que eurent l'un contre l'autre les plus prouchains de son sang. Dieu par sa doulce pitié et miséricorde vueille avoir mercy de son âme. Amen.

   

                           Cy fine le premier volume de la Cronique de Enguerrand de Monstrelet.

                                                 


Source : La chronique d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)

Notes :
1 Anneaux à pierreries.




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