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28 mars 2024  

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Thomas Basin - Index

e fut une vie bien agitée que celle de Thomas Basin. Le docte évêque nous en a décrit les vicissitudes dans une autobiographie qu'il nous a laissée sous ce titre : Sommaire de la pérégrination et des domiciles au nombre de quarante-deux, de Thomas Basin, d'abord évêque de Lisieux en Normandie, maintenant archevêque de Césarée en Palestine, dans sa marche à travers le désert de la vie, vers la vraie terre promise ; écrit à Utrecht en mai 1488.
  Basin avait alors soixante-seize ans. Un autre de ses opuscules personnels
qui porte le titre d'apologie nous fait encore mieux pénétrer dans le fond de cette existence. En voici les principales péripéties. Thomas Basin naquit la même année que celle dont il devait défendre la mémoire, en 1412, à Caudebec, d'une famille de riches bourgeois. Ce fut de bonne heure que le petit Thomas prit le chemin de l'exil. Les Anglais envahissaient la Normandie en 1415. Le père de l'enfant se retira avec sa famille, d'abord à Rouen, et successivement à Vernon, à Falaise, à Saint-James Beuvron, à Rennes, et enfin à Nantes. Il rentra à Caudebec en 1419.
  Thomas montrait pour l'étude un goût et des dispositions précoces; pour les favoriser, son père l'envoya à l'âge de douze ans, sous la conduite d'un précepteur, à l'Université de Paris. Avant l'âge, l'adolescent pouvait aspirer à la maîtrise ès arts ; par dispense, il obtint ce degré à dix-sept ans. Il se rendit à la suite à Louvain pour y étudier le droit civil, alla le continuer à Pavie, et en revint licencié. Après le droit civil, il s'appliqua au droit canonique à Louvain, prit ses degrés, et vint passer quelque temps à la cour pontificale sous Eugène IV.
  Rentré en Normandie, il ressentit tant de douleur à la vue de l'oppression et de la tyrannie anglaise, qu'il résolut de repartir pour l'Italie. Les chemins par la France n'étaient rien moins que sûrs ; Thomas résolut de s'y rendre par la Hollande et l'Allemagne. Dans la traversée de Caudebec à Amsterdam, le vaisseau qu'il montait fut poursuivi par des corsaires, si bien que le commandant n'eut d'autre ressource que de se jeter dans la Tamise et de remonter à Londres. Une maladie mortelle y retint durant deux mois le jeune canoniste, qui, guéri, n'eut rien de plus pressé que de reprendre son itinéraire vers l'Italie. Arrivé à Florence, il y assista à la réconciliation des Grecs avec l'Eglise romaine, s'attacha au cardinal d'Otrante envoyé comme nonce en Hongrie, et, après huit mois, rentra à Rome avec son protecteur. Eugène IV nomma le jeune ecclésiastique à un canonicat vacant dans l'Église de Rouen. Basin y était à peine installé, qu'il fut invité à venir professer le droit canon à l'Université de Caen, récemment fondée. Durant six ans, il occupa cette chaire avec une réputation toujours croissante, qui lui valut l'unanimité des suffrages du chapitre de Lisieux, lorsque, en 1447, vint à vaquer le siège épiscopal de cette ville. Nicolas V ratifia l'élection, et Basin ceignait la mitre à trente-cinq ans. Il connaissait les devoirs de sa redoutable charge; il s'appliqua à les remplir dignement. Dans un siècle où trop de prélats foulaient aux pieds la loi élémentaire de la résidence, Basin sortit rarement de son diocèse, et toujours pour affaires majeures. Ce n'était pas une résidence oisive; il avait l'oeil sur tous les intérêts de son église. S'il veillait avant tout aux intérêts spirituels, il ne négligeait pas les intérêts temporels, auxquels son titre de comte de Lisieux l'obligeait de donner un soin spécial.
  On en eut des preuves à la conquête de la Normandie par Charles VII. Lisieux fut une des premières places occupées ; le cœur de l'évêque était pour la cause française; il ne fallait pourtant pas s'attirer l'animadversion des Anglais, qui avant de se retirer se fussent vengés d'une défection trop précipitée. L'évêque négocia avec tant d'habileté que Lisieux redevint français, sans exactions, comme sans effusion de sang. Il fut le premier évêque normand qui reconnut Charles VII. Basin ne se contenta pas de sa soumission personnelle ; il contribua beaucoup au prompt retour de la province entière, tant par son exemple que par ses négociations et par un plan de conquête fort loué du roi et des généraux. Il méritait l'honneur, qui lui fut accordé, de haranguer le roi à son entrée à Rouen.
  Le titre de conseiller royal récompensa de si hauts services. Ce ne fut pas pour l'évêque de Lisieux une raison de quitter son troupeau ; en dix-sept ans d'épiscopat, il ne vint que deux fois à Paris.
  On sent que l'âme de l'évêque était profondément révoltée par la vue de l'oppression et des exactions exercées sur les multitudes. S'il reconnaît que les armées permanentes ont été une nécessité, afin de refouler l'invasion et de comprimer le brigandage, son regard lui fait voir dans l'avenir les périls qu'elles recèlent. Il voit le pouvoir central, maître de cette force irrésistible, confisquer à son profit les libertés locales et individuelles, et épuiser les peuples d'impôts, pour entretenir cet instrument de tyrannie. Aussi en aurait-il voulu la dissolution, avec la fin des nécessités qui en avaient autorisé la formation.
  Pareilles vues n'étaient pas celles du monarque que l'on appelle justement le fondateur, ou le restaurateur de l'unité nationale. Louis XI voulait abaisser cette féodalité qui, par ses alliances avec l'envahisseur, avait mis en si grand péril l'existence de la France, durant la guerre de cent ans. Des esprits même bien intentionnés pouvaient, selon qu'ilsétaient plus frappés par le besoin d'unité ou la crainte du despotisme, souhaiter ou redouter l'accroissement du pouvoir royal. Basin était de ceux qui le redoutaient; il est permis de croire que ce fut le motif qui le fit adhérer à la ligne dit bien public, avec un désintéressement que n'avaient pas tous les confédérés. La ligue fut vaincue ; l'évêque de Lisieux, pour échapper aux rigueurs du vainqueur, se réfugia à Louvain.
  Louis XI ayant publié une amnistie en 1465, Basin crut pouvoir aller reprendre le gouvernement de son diocèse. Dans cette vue, il se rendit à la cour que le roi tenait tantôt à Bourges, tantôt à Tours. L'audience qu'il sollicita ne lui fut accordée qu'après une attente de six mois. Loin de lui permettre de rentrer dans sa ville épiscopale, Louis XI l'envoya présider la cour souveraine du Roussillon récemment annexé à la France. Perpignan, à cause de ses chaleurs, était alors regardé comme meurtrier pour les Français du Nord. Basin y remplit, durant quatorze mois, à la satisfaction de tous, ses fonctions de premier magistrat, si bien que l'évêché d'Elne étant venu à vaquer, le chapitre lui demanda d'accepter le titre et les fonctions de pasteur du diocèse. Loin de vouloir répudier sa première épouse, l'évêque normand, selon l'esprit des saints canons, était en instances pour la revoir et se dévouer à ses besoins. Le crédit de l'évêque d'Avranches, Bochard, un autre apologiste de la Pucelle, avait fini par obtenir l'autorisation demandée, et l'exilé se mettait en devoir de rentrer, lorsqu'il apprend que les dispositions du roi sont changées, et qu'un courrier vient à sa rencontre, muni d'un ordre lui intimant de rester à Perpignan.
  Sans l'attendre, Basin quitte la ville, se dirige vers le Dauphiné, s'efforce de dépister le messager, et atteint Genève, où le duc de Savoie tenait alors sa cour. Le courrier le poursuit, perd sa trace, revient sur ses pas, finit par l'atteindre à Genève, et lui signifie le commandement dont il est le porteur.
  Basin, craignant qu'on n'en veuille à sa vie, reste au-delà de la frontière ; habite successivement Bâle, Louvain, Trèves; mais durant ce temps le temporel de la mense de Lisieux avait été saisi, et les frères de l'évêque, chargés par lui de l'administration, jetés dans les cachots. Ils en sortirent après un an de détention, à la condition d'aller raconter à leur frère tout ce qu'ils avaient souffert, et ce qu'ils étaient menacés de souffrir encore. Louis XI mettait en jeu ces moyens barbares pour obtenir la démission de l'évêque de Lisieux; il arriva à ses fins. Le prélat persécuté se rendit à Rome auprès de Sixte IV, renonça à son évêché de Normandie, et reçut en échange le titre d'archevêque de Césarée de Palestine, in partibus infidelium.
  C'était en 1474. Après quelque temps de séjour à Trèves, l'archevêque de Césarée habita successivement Louvain, Liège, Utrecht, Bréda, et finit par se fixer à Utrecht, oii il vécut jusqu'à sa mort, arrivée le 2 décembre 1491. Les plus grands égards entourèrent Basin sur la terre étrangère; et c'était justice.
  Son exil fut studieux. Le Breviloquium, l'Apologie, oeuvres écrites pour sa justification, ne sont pas tous ses opuscules; il en à composé d'autres; mais son principal ouvrage, c'est l'Histoire de Charles VII et de Louis XI. Il y raconte des événements dont il fut le contemporain ; quelques-uns auxquels il a pris part.

  Cette histoire a été écrite à Utrecht, cinquante ans après les événements, dans le long exil auquel Louis XI condamna Basin. N'ayant pas été signée par son auteur, elle a été longtemps attribuée à un certain Amelgard, dont, d'ailleurs, l'on ne sait rien. Quicherat a eu l'honneur de la restituer à son véritable père ; il a donné une édition en quatre volumes des oeuvres de Thomas Basin...
  L'évêque de Lisieux a dû écrire son Histoire d'après ses souvenirs personnels. Quoique contemporain des faits, s'il en connaît la substance, il est peu exact dans les détails, du moins pour l'histoire de Jeanne d'Arc. A ce point de vue, loin de dire comme Siméon Luce, qu'il est, avec Pie II, celui qui a écrit avec plus de justesse sur la Pucelle, il est vrai d'affirmer qu'il n'y a pas de chroniqueur contemporain de l'héroïne qui ait commis autant d'erreurs sur le matériel des faits.
  Ainsi il fait conduire Jeanne à Chinon par Baudricourt ; elle aurait attendu trois mois avant d'être admise en présence du roi ; la première bastille emportée à Orléans aurait été le fort des Tourelles; c'est de Charles VII que serait venue l'initiative du voyage pour le sacre à Reims et le couronnement à Saint-Denis ; Basin place après l'attaque contre Paris, la campagne dans l'Ile-de-France et la soumission de Compiègne, de Senlis, de Beauvais; il n'a pas l'air de soupçonner ce qui a fait échouer cette attaque qu'il insinue avoir été imprudente. Toujours attaché de coeur à la cause nationale, ayant beaucoup contribué à la conquête de Normandie, le prélat normand fut assez réservé et assez prudent pour vivre honoré sous la domination anglaise, puisqu'il fut d'abord professeur à l'Université de Caen fondée par Bedford, et élevé ensuite sur le siège de Lisieux. On s'explique par là qu'il n'ait connu, et surtout qu'il ne se soit rappelé, lorsqu'il écrivait, que le gros des faits.
  Quoique après le recouvrement de Rouen il ait eu en mains le procès de condamnation, il n'avait cependant sous les yeux que le questionnaire de Pontanus, lorsqu'il composait son Mémoire pour la réhabilitation ; c'est ce qu'il déclare lui-même. Il ne connaissait pas les informations faites à Domrémy et à Orléans, qui sont postérieures à son écrit. Malgré les nombreuses inexactitudes des détails, les pages de Basin sur la Pucelle ont de la valeur pour des points plus importants. Il tenait de Dunois la révélation des secrets : la source est excellente ; Basin insiste sur ce point et donne de précieux développements sur la durée du premier entretien et l'impression du roi; il insiste encore sur la terreur que la Pucelle ne cessa d'inspirer aux Anglais. Vivant parmi eux, il avait été bien en état de la constater. L'on n'a rien de meilleur dans les Chroniques sur l'inique procès. La passion des juges, l'admiration provoquée par les réponses de l'accusée, le tableau de sa vie angélique, l'injustice de la condamnation, sont autant de témoignages précieux à recueillir de la part d'un personnage aussi grave que Thomas Basin.
  Son appréciation de la vie de la Pucelle, modérée de forme, entourée des restrictions nécessaires pour ne pas blesser les susceptibilités toujours vivantes des Anglais et plus encore des Bourguignons, ne laisse pas de doute sur la conviction où était l'évêque de la divinité de la mission de la Pucelle, alors surtout qu'on rapproche son appréciation de celle qu'il émet dans son Mémoire, où il déclare qu'elle lui paraît presque évidente. Parmi les multiples réponses qu'il donne à ceux qui se scandaliseraient de la fin de la céleste envoyée, il faut noter celle qu'il tire de l'ingratitude du roi et de la nation, et de la corruption des moeurs de l'époque. Basin, qui avait vécu en Italie, était dans le mouvement de la Renaissance. Il vise dans son style à la période cicéronienne, qui en histoire ne favorise pas l'exactitude, pas plus qu'elle n'est un signe de sincérité, quoique celle de Basin nous semble à l'abri du soupçon.

  La présente édition latine et sa traduction sont de Charles Samaran (1933), fondée sur un manuscrit revu et complété par Thomas Basin lui-même, manuscrit que Jules Quicherat n'avait pas connu. Il s'agit du manuscrit de Göttingen de la main de deux copistes, avec des corrections et additions de la main de l'auteur. Il fut découvert en 1892 par W.Meyer dans l'Académie des sciences de Göttingen.

ndlr : nous avons ajouté de nombreux chapitres avant 1429 en raison de l'intéressante description de la situation de la France à l'arrivée de la Pucelle.

                             

chapitres :

...
L.I- chap.XIV - Traité de paix entre Charles VI, roi de France et Henri, roi...
L.I- chap.XV-
Comment Jean, duc de Bourgogne, fut tué à Montereau...
L.I- chap.XVI- Prise de Meaux et de Melun par le roi d'Angleterre ; Mort...
L.II- chap.I- Comment Charles VII, après la mort de son père, prit le...
L.II- chap.II-
Causes d'une si grande dévastation du royaume de France.
L.II-chap.III- Combat de Verneuil entre Français et Anglais.
L.II-chap.IV- Comment ce malheureux combat fut de quelque utilité au...
L.II-chap.V- Comment après la défaite subie à Verneuil, les Français...
L.II-chap.VI- Dévastations et pillages commis dans la malheureuse France.
L.II-chap.VII- Le siège d'Orléans par les Anglais.
L.II-chap.VIII- Combat dans la plaine de Beauce entre les Français et les...
L.II-chap.IX- Jeanne la Pucelle - Comment elle alla vers le roi de France
L.II-chap.X- Comment le roi admit Jeanne la Pucelle à converser avec lui...
L.II-chap.XI- Comment, sous le commandement de Jeanne la Pucelle...
L.II-chap.XII- Comment les Français, sous le commandement... Beauce.
L.II-chap.XIII- Comment Charles fut sacré roi de France à Reims...
L.II-chap.XIV- Comment plusieurs villes françaises passèrent des Anglais...
L.II-chap.XV- Siège de Compiègne par les Anglais et les Bourguignons...
L.II-chap.XVI- Condamnation de Jeanne la Pucelle-Elle est brûlée à Rouen.
L.II-chap.XVII- Comment les Français firent lever le siège de Compiègne...

                          
                       


Source : "Histoire de Charles VII" par Thomas Basin - éd. et traduction Ch.Samaran - 1933.
Présentation de la chronique par J.-B.J. Ayroles - t.I & III de "La vraie Jeanne d'Arc".


Les chroniques

Index


Les chroniqueurs "français" :
- la geste des nobles français
- la chronique de la Pucelle
- le journal du siège d'Orléans
- la chronique de Jean Chartier
- la chronique de Perceval de Cagny
- la relation du greffier de La Rochelle
- la chronique de Tournay
- l'histoire de Charles VII de Thomas Basin
- la chronique du héraut d'armes Berri
- le registre delphinal de Thomassin
- la chronique de Richemont
- le miroir des femmes vertueuses
- la chronique fête du 8 mai
- l'abbréviateur du procès
- doyen de St-Thibaud de Metz

Les chroniqueurs "anglo-bourguignons" :
- La chronique de Monstrelet
- La chronique des Cordeliers de Paris
- Gilles de Roy
- Le Bourgeois de Paris
- La chronique de P. Cochon
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- La chronique de Chastellain
- Le registre du parlement de Paris
- Les mémoires de Lefèvre de Saint Rémi

Les chroniqueurs étrangers :
- la chronique de Windecke
- la chronique de Morosini
- les mémoires de Pie II



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