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14 octobre 2024  

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La chronique de Georges Chastellain - index

eorges Chastellain fut appelé par ses contemporains la perle, l'étoile des historiographes. Personne, disait-on, ne maniait mieux la langue française : une si haute renommée ne sauva cependant pas ses ouvrages d'un oubli plus que séculaire. Durant longtemps on ne connut du fécond écrivain qu'un de ses écrits les moins étendus : Recollection des merveilles avenues en notre temps.
  Buchon exhuma, en 1825, les fragments d'une Chronique dont Chastellain est l'auteur, et la reproduisit dans son Panthéon littéraire. L'attention était éveillée. D'autres manuscrits furent découverts, assez pour que, en 1865, M. Kervyn de Lettenhove ait pu former huit volumes in-octavo des œuvres de l'écrivain flamand. Encore en reste-t-il d'autres à retrouver, si elles ne sont pas à jamais perdues.
  Le docte éditeur, dans la notice pleine d'érudition mise en tête de la publication, nous apprend que Georges Chastellain naquit à Alost en 1405, d'une famille noble. Un goût précoce pour l'étude le retint à l'Université de Louvain, jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans. Il s'éprit alors de l'amour des voyages et des aventures, fut quelque temps au service du duc de Bourgogne, et passa en France après le traité d'Arras. Il y vécut dix ans, lié avec les plus hauts personnages de la cour, honoré de nombreux bienfaits de la part de Charles VII. Rentré dans les États de son souverain, il fut accueilli avec faveur par le duc Philippe, qui lui confia d'honorables emplois, le chargea de plusieurs ambassades, et lui conféra le titre de conseiller.
  Chastellain, dégoûté du monde, renonça à la vie publique et se retira à Valenciennes. Le duc le logea dans le château de La Salle le Comte, qu'il y possédait, lui constitua d'abord une rente quotidienne de 18 sols 11 gros, bientôt plus que doublée par une pension annuelle, allouée à condition qu'il mettrait par escript choses nouvelles et morales, en quoy il est expert et cognoissant, et aussi par manière de Chroniques les faits dignes de mémoire. Chastellain reçut le titre d'indiciaire, c'est-à-dire d'historiographe. Chastellain mérita sa pension. Il écrivit avec de longs détails l'histoire de Philippe le Bon et celle de son fils Charles le Téméraire jusqu'au siège de Neuss. Malheureusement on n'en a retrouvé que des fragments qui font beaucoup regretter l'ensemble. L'on ne se trompait pas en saluant dans Chastellain le premier écrivain français de son temps. Il a le relief de Saint-Simon avec moins de dureté.
  Ce que l'on possède sur la libératrice part du retour de la Pucelle à Lagny jusqu'à son supplice. Le Fèvre de Saint-Rémy, dont la Chronique très défavorable à la Libératrice sera citée dans le livre suivant, envoyait à Georges Chastellain le canevas des faits. C'est à Saint-Rémy qu'il faut attribuer le conte inventé sur ce qui précéda la sortie de Compiègne. Un historiographe officiel du duc de Bourgogne ne pouvait pas se prononcer contre le brigandage de Rouen. Chastellain essaye de le justifier, et dans son vain essai donne des détails précieux à enregistrer. Personne n'a parlé avec plus de splendeur de l'intrépidité, de la magnanimité de la jeune fille, de la place qu'elle tenait dans son parti et dans le parti ennemi. Le témoignage est doublement précieux, parce qu'il est celui d'un adversaire, et aussi parce que, d'après Pontus Heuterus, Chastellain avait vu la Pucelle...

chapitres :
- L.II, chap. 11 - Comment le duc se logea devant Compiègne à grant puissance.
- L.II, chap. 12 - Comment la Pucelle combattit et déconfit Franquet d'Arras.
- L.II, chap. 14 - Comment la Pucelle issit dehors Compiegne à l'encontre des Bourguignons, et comment elle fut prise en ceste envahye.
- L.II, chap. 47 - Comment Jehanne la Pucelle fut jugiée et arse à Rouen.

                                                 


Source : introduction de J.B.J. Ayroles, "la vraie Jeanne d'Arc", t.III, p.459.

Notes :
Introduction de
Quicherat :
"Dans le prologue de ses mémoires, Jean Lefèvre dit qu'après en avoir achevé la rédaction, il les envoya, à titre de renseignement, « au noble orateur Georges Chastellain, pour aulcunement en son bon plaisir et selon sa discrétion les employer ès nobles histoires et chroniques que luy faict. » Ce qui nous reste du témoignage de Chastellain sur Jeanne d'Arc prouve qu'il usa largement de la communication du vieux hérault de la Toison d'or. Son récit de la sortie de Compiègne est le même, sauf quelques additions, empruntées la plupart à Monstrelet. Il est encore à noter que son chapitre de la mort de Jeanne d'Arc est la répétition de celui de Monstrelet, c'est-à-dire une reproduction pure et simple du manifeste lancé par le duc de Bethford. Ainsi quoique Chastellain ait suivi les guerres du temps de la Pucelle, quoiqu'il ait eu l'occasion de la voir elle-même plusieurs fois, comme cela est attesté par Pontus Heuterus, il est démontré aujourd'hui que ce qu'il pouvait savoir de particulier sur elle, ne concernait pas la dernière année de sa vie.
Georges Chastellain, quoique né dans le comté d'Alost, au fond de la Flandre, n'en fut pas moins considéré de son temps comme le plus habile écrivain qui eût jamais manié la langue
française. Philippe le Bon, avec qui il avait été élevé, l'attacha au service de sa personne par divers offices de cour, auxquels il ajouta la charge d'historiographe ou indiciaire, mot nouveau, qui fut créé exprès pour Georges Chastellain, le titre consacré de chroniqueur ayant paru indigne de son talent. On n'a que des lambeaux de la colossale histoire que l'illustre écrivain bourguignon composa dans l'exercice de ses fonctions littéraires. Le seul règne du duc Philippe le Bon occupait six grands volumes. Tout s'en est perdu à l'exception d'environ deux cents chapitres qui appartenaient au commencement et à la fin de l'ouvrage. M. Buchon les a recueillis et donnés au public dans le Panthéon littéraire, en 1838. Depuis lors je retrouvai à la bibliothèque d'Arras et fis connaître par des extraits un nouveau fragment manuscrit (n° 256 des manuscrits d'Arras) dont la bibliothèque laurentienne de Florence possède le double (n° 176). C'est de ce fragment qu'est tiré le morceau reproduit ici conformément au texte d'Arras.




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