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Chronique d'Enguerrand de Monstrelet- index
L.II-73 - Si comme le roy de France s'en retourna en Touraine et en Berry.

e XXe jour de septembre de cest an, se parti le duc de Bourgongne de la ville de Hesdin avec sa seur, femme du duc de Bethfort, grandement acompagnié de leurs gens. Et s'en alèrent au giste à Dourlens et lendemain à Corbie, où ilz furent aulcuns peu de jours, attendans les gens d'armes, qui là venoient de toutes pars. Duquel lieu de Corbie ilz alèrent à Mondidier et puis de là à Castenoy (1), et toutes les gens d'armes se logèrent à l'environ. Desquelz il y povoit avoir de trois à quatre mille combatans. Et eulx partans de Castenoy, s'en alèrent passer la rivière d'Oise au Pont Sainte-Maxence, et de là, par d'emprès de Senlis, alèrent au giste à Louvres en Parisis. Sy faisoit ledit duc chevaulcher ses gens en bonne ordonnance, et menoit messire Jehan de Luxembourg l'avant garde, et ledit duc conduisoit la bataille. Auprès duquel estoit tousjours sa dessusdicte seur, montée sur ung bon cheval trotier, et avec elle estoient huit ou dix de ses femmes, montées sur haquenées. Et le seigneur de Saveuses et aulcuns aultres, avec certain nombre d'hommes d'armes, chevaulchoit tout derrière, par manière de arrière garde.

  * Si fut ledit duc moult regardé des François, qui estoient en grand nombre, de pied et de cheval, au dehors de la ville de Senlis. Et y venoient seurement armés comme bon leur sambloit, par le moyen des trèves qui estoient entre les parties. Car celui duc, armé de plain harnas (2), sinon de la teste, séoit sur ung tres bon cheval, et estoit moult gentement habillié, sept ou huit de ses paiges après lui, chascun monté sur bons coursiers; Devers lequel duc et sadicte seur vint premiers l'archevesque de Rains, chancelier de France, à plains champs, au dehors de la dessusdicte ville de Senlis, faire révérence. Et assez brief ensuivant y vint Charles de Bourbon, conte de Clermont, accompaignié de soixante chevaulcheurs ou environ. lequel venu jusques assez près dudit duc, ostèrent leurs chapperons et enclinèrent de leurs chiefs l'un l'autre, en disant aulcunes parolles de salutacions, non mie en embrassant l'un l'autre par manière de grand amour et joieuseté, ainsi que ont accoustumé de faire si prouchains de sang qu'ilz estoient l'un à l'autre. Après laquelle salutacion, ledit de Bourbon ala baiser sa belle seur de Bethfort, qui estoit assez près au dextre lez de son frère le duc de Bourgongne. Si firent aucune briève recongnoissance. Et tantost retourna devers son beau frère le duc de Bourgongne, duquel, quand alors, on ne vit point d'apparence qu'il y eust grand amour ne désir d'avoir grand parlement avec ycelui conte de Clermont, son beau frère. Ains, sans chevaulchier l'un avec l'autre, ne faire long convoy, se départirent en prenant congié l'un à l'autre en propre lieu où ilz estoient. Et retournèrent lesdiz Charles de Bourbon et chancelier dedens la cité de Senlis, à tout leurs gens. Et ledit duc de Bourgongne, comme dit est, et sa seur, s'en alèrent au giste à Lou-vres. Duquel lieu lendemain ilz se partirent en alant vers Paris, où desjà estoit retourné de Normendie le duc de Bethfort. A la venue duquel furent faites grandes accolés et joieuses récepcions de l'un à l'autre. Si furent, assez près de Paris, toutes les gens du duc de Bourgongne mis en bataille par bonne ordonnance, où ilz furent grand espace, tant que les fouriers eussent esté dedens ladicte ville pour ordonner les logis. Et après, yceulx princes et la duchesse entrèrent dedens ladicte ville, et généralment toutes les gens d'armes. A la venue duquel duc de Bourgongne fut faite grand joie des Parisiens. Si y crioit-on Noël par tous les quarefours où il passoit. Et convoia ledit régent et sa femme jusques à l'ostel des Tournelles, et puis s'en ala logier en son hostel d'Artois (3).

  Et aulcuns jours ensuivans, furent entre yceulx princes et ceulx de leur conseil tenus pluiseurs grans concilies sur les affaires de la guerre, qui estoient moult pesans. Et entre les aultres choses fut par les Parisiens requis au duc de Bourgongne qu'il lui pleust à entreprendre le gouvernement de la ville de Paris, qui moult avoit à lui grande affection, et estoient de présent tous prestz de maintenir sa querelle et de feu son père; disant oultre, qu'il estoit nécessité qu'il accordast leur requeste, considéré les affaires que avoit le régent, tant en Normendie comme ailleurs. Laquelle chose ledit duc de Bourgongne fist et leur octroia de entreprendre la charge jusques après Pasques ensuivant. Mais ce fut très envis.

  Si conclurent les dessusdiz ducz de Bethfort et de Bourgongne, que vers Pasques, à la saison nouvelle, se monteroient sus, chascun à tout grand puissance, pour reconquerre les villes qui s'estoient tournées contre eulx en la marche de France et sur la rivière d'Oise.

  Après lesquelles conclusions, le duc de Bethfort, avec sa femme et ses Anglois, se départit de ladite ville de Paris. Et ledit duc de Bourgongne commist capitaine de Paris le seigneur de l'Isle Adam, à tout petit nombre de gens. Et à Saint-Denis, au bois de Vissaines (4), au pont de Charenton, et ès autres lieux nécessaires auprès de ladicte ville, ordonna capitaine de ses gens. Et après qu'il eust sousjourné dedens ycelle ville de Paris l'espace de trois sepmaines, prenant congié premiers à la royne de France, mère du roy Charles, s'en retourna par les chemins dont il estoit venu, en son pays d'Artois, et de là en Flandres. Avec lequel se départirent pluiseurs bourgois de Paris de leur dicte ville, et aultres gens marchans.


                             


                                                 


Source : La chronique d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)

Notes :
1 Lisez Le Quesnoy (Somme, arrondissement de Roye).

2 Harnois.

3 Cet hôtel était situé rue Mauconseil.

4 Vincennes.





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