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Chronique de Perceval de Cagny - index
12 - Comment le Roy après son sacre print son chemin à venir devant Paris |
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a Pucelle avoit intencion de remetre le roy en sa seigneurie, et
son royaulme en son obéissance. Et pour ce, lui fist entreprendre
après la délivrance de la conté de Champaigne,
le voyage a venir devant Paris, et en y venant fist bien grant conquestes.
Et le samedi XXIII° jour dudit mois, le roy vint disner, souper
et gesir en la cité de Soissons. Et là fut receu et
obey le plus honnourablement que les gens d'église, bourgeois
et autres gens de la ville peurent et sceurent faire ; car le tout
estoit moult poure à cause de la destruction de la ville
qui avoit esté prinse sur les Bourgoignons à la désobéissance
du roy.
Le vendredi [XXIX° jour du dit mois] le roy et sa
compaignie fut tout le jour devant Chasteau-Tierry, ses gens presque
tout le jour en bataille, espérant que le duc de Bethford
les deust venir combatre. Au vespre la place se rendit et y fut
le roy logié jusques au lundy premier jour d'aoust ensuivant.
Ce jour, le roy geut à Monmirail en Brie.
Le mardy II ° jour dudit mois d'aoust, vint à
giste en la ville de Provins et y fut receu le mieulx que faire
se pout. Et y séjourna jusques au vendredi V ° jour ensuivant.
Le dimenche VII ° jour, le roy fut à disner, souper et giste
en la ville de Coulommiers en Brie. Le mercredi X ° jour dudit
mois, le roy et sa compaignie furent à giste en la ville
de la Ferté Milon. Le jeudi ensuivant, le roy fut à giste en la
ville de Crespy en Valoys. Le vendredi ensuivant furent à giste
à Laingni-le-Sec. Le samedi ensuivant le roy tint les champs tout
le jour près Dammartin-en-Gouelle, cuidant que les Englois les venissent
combatre ; mais ilz ne vindrent point. Ou temps que le roy mist
à venir son chemin dudit lieu de Rains audit lieu de Dammartin-en-Gouelle,
la Pucelle fist moult de dilligences de réduire et metre plusieurs
places en l'obéissance du roy. Et ainssi en fut ; car plusieurs
en furent par elle faictes francoises.
La Pucelle avait l'intention de remettre le roi en sa seigneurie, et le
royaume en son obéissance. Pour cela, après la délivrance du comté de
Champagne, elle le fit mettre en voyage afin de venir vers Paris, et en
s'y rendant il fit de bien grandes conquêtes.
Le samedi XXIIIe jour dudit mois, le roi vint dîner, souper et coucher
en la cité de Soissons. Il y fut reçu et obéi le plus honorablement que
purent et surent le faire les gens d'Église, bourgeois, et autres gens de la
ville, car tout y était très pauvre par suite du sac auquel elle avait été
abandonnée, par désobéissance au roi, lorsqu'elle fut prise sur les Bourguignons.
Le vendredi XXIXe du même mois, le roi et son armée furent tout le
jour devant Château-Thierry, et ses gens presque tout le jour en ordre
de bataille, dans l'attente que le duc de Bedford devait venir les combattre.
Sur le soir la place se rendit, et le roi y séjourna jusqu'au lundi, premier
jour d'août.
Ce jour le roi coucha à Montmirail-en-Brie.
Le mardi IIe jour du même mois d'août, il vint prendre gîte en la ville
de Provins, où il fut reçu le mieux que faire se put. Il y séjourna jusques
au vendredi suivant, Ve jour du mois.
Le dimanche, VII, le roi vint dîner souper et coucher à Coulommiers-en-Brie. Le mercredi, X du mois, le roi et sa compagnie vinrent prendre gîte en la ville de La Ferté-Milon.
Le lendemain jeudi, ce fut à Crépy-en-Valois, et le lendemain vendredi à Lagny-le-Sec.
Le lendemain, samedi, le roi tint les champs tout le jour près de Dammartin-en-Gouelle, pensant que les Anglais viendraient le combattre;
mais ils ne vinrent pas.
Pendant le temps que le roi mit à faire son chemin de Reims à Dammartin-en-Gouelle, la Pucelle fit grande diligence pour réduire plusieurs
places et les mettre en l'obéissance du roi. Il en fut ainsi ; par elle, à la
suite de ses démarches, plusieurs furent faites françaises.
Sources : Jules Quicherat - "Bibliothèque
de l'école des Chartes, t.II, 2° série, p.143
- 1845-46" et "Procès de condamnation et de réhabilitation
de la Pucelle" t.IV, p.1 à 37.
Illustrations :
- Vue générale de Soissons vers 1910 ("La grande
histoire illustrée de Jeanne d'Arc" - H.Debout - 4°
éd.1922).
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