Accueil                                                         Admin
14 octobre 2024  

 Son histoire

par Henri Wallon

 Les sources

Procès condamnation

Procès en nullité...

Chroniques & textes

Lettres de J. d'Arc

 Compléments

Bibliographie

Librairie numérique

Dossiers

 Recherches

Mises à jour du site

Recherches

 

 ACCÈS CARTES

     Carte de France (1429)

     Carte Nord France (1429)

     Carte environs Domrémy

     Carte environs Orléans

     Carte siège d'Orléans

     Vues Orléans et pont

 

 Interactivité

Contact

Liens johanniques

Sauvez la Basilique


Chronique d'Enguerrand de Monstrelet - index
L.I-247 - [Comment le duc Phelippe de Bourgongne se logea devant Saint-Riquier et depuis s'en parti pour aler combatre les Daulphinois qui venoient à l'encontre de lui.]

tem, après les besongnes dessusdictes et que le Pont de Remy fut conquis et du tout désolé comme dit est, le duc Phelippe de Bonrgongne se party de là et ala loger dedens Abbeville, et partie de ses gens se logèrent ès faubxbourgs et autres lieux. Et de là, à la fin du mois de juillet, ala devant Saint-Riquier et se loga dedens le chastel de la Ferté, lequel paravant, avec le chastel de Drugi et les faulxbourgs, avoient esté mis en feu comme dit est. Si se logèrent ses gens ès autres lieux. Et fut messire Jehan de Luxembourg logé à la porte Saint-Jehan du costé de Auxi, et le seigneur de Croy, aucuns jours ensuivans, se loga auprès de la porte Saint-Nicolas vers Abbeville. Et à la porte du Héron, hault vers le Crotoy, n'y eut point de logis, pour quoy ceulx du dedens povoient saillir chascun jour durant le siège, tant de cheval comme de pié, tout à leur plaisir. Et cependant ceulx des bonnes villes dont dessus est faicte mencion, vindrent en grant nombre en l'aide dudit duc, et après que les logis furent prins comme dit est, les asségans commencèrent moult fort à faire leurs approches pour grever leurs adversaires. Si povoit ledit duc avoir en sa compaignie, tant de hommes d'armes comme archers et arbalestriers, à compter ceulx des bonnes villes, de cinq à six mille combatans. Et d'autre part lesdiz Daulphinois soubz la conduite duseigneur d'Offemont, Pothon de Saincte-Treille, Verduisant, et autres capitaines, povoient estre dedens icelle ville de douze à quatorze cens hommes. Car avecques ceulx qu'ils avoient amenez, messire Jaques de Harecourt leur avoit baillé de ses meilleurs gens. Si se mirent de tout leur cuer et puissance à défendre et résister aux entreprinses de leurs adversaires. Et au regard des saillies qui furent faictes par les diz Daulphinois, il seroit trop long et ennuieulx à les racompter chascune à par soy. Mais en vérité ils en firent plusieurs, où ils gaignèrent plus qu'ils ne perdirent. Et entre les autres, de ceulx qui furent prins à icelles de la partie dudit duc, fault nommer aucuns des plus principaulx. C'est assavoir messire Emond de Bomber, Henry La-lemant, Jehan de Crevecuer, ung nommé d'Anelet, et aucuns autres gentilz hommes. Et, cependant, les engins que avoit fait dresser ledit duc contre ses ennemis rompirent et effondrèrent en plusieurs lieux les portes et murailles avecques les maisons d'icelle ville. Et à l'opposite, lesdiz asségez gectoient leurs engins parmy l'ost dudit duc. Pour quoy, tant d'un costé comme d'autre, y eut plusieurs hommes occis et navrez durant ledit siège. Et aussi messire Jaques de Harecourt envoioit souvent aucuns de ses gens dedens ladicte ville devers ledit seigneur d'Offemont, pour lui et ses gens exorter qu'ils se tenissent et que brief ilz auraient secours pour lever ledit siège. Car il avoit envoié ses messages en plusieurs lieux tant en Champagne, Brie, Valois, comme à Compiengne et autres lieux, à ceulx qui tenoient la partie du Daulphin, afin qu'ils se assemblassent ou plus grant nombre que faire se pourrait, pour venir vers lui à combatre le duc de Bourgongne. A laquelle requeste et mandement se assemblèrent lesdiz Daulphinois en très grant nombre vers Compiengne, pour eulx mectre à chemin.
  Et ce temps durant, le duc de Bourgongne et ses capitaines, continuant son siège devers ladicte ville de Saint-Riquier, oy certaines nouvelles que ses adversaires s'estoient assemblez et venoient pour eulx joindre et assembler avecques messire Jaques de Harecourt et les autres. Et ce fut le xxixe jour du moys d'aoust. Et aussi, ledit duc fist partir de son ost, environ le jour failli, Phelippe de Saveuses et le seigneur de Crevecuer, à tout cent vingt combatans, pour aller à Abbeville passer la rivière de Somme, et de là en Vimeu, enquerre diligemment de l'estat et venue des dessusdiz Daulphinois, et leur pria et commanda bien instamment qu'ils feissent bon devoir de lui faire savoir des nouvelles véritables d'iceulx, disant en oultre que, à tout son ost, les suivrait sans délay. Lesquelz de Saveuses et de Crevecuer, en accomplissant la charge qu'ils avoient, chevauchèrent par nuit jusques à Abbeville, et repeurent leurs chevaux clertain espace, et puis, eulx partans de là, alèrent oudit pays de Vymeu. Et, ce pendant, ledit duc de Bourgongne, le plus secrètement qu'il peut, fist descendre, cueillir et trousser les tentes de son siège avec toutes les autres bagues quelconques, et ateler chars et charectes, et puis tirer vers Abbeville, après qu'il eut fait bouter le feu par tous les logis. Et lui, là venu, qui volt boire et menger, faire le pot, tout à cheval, car il ne voult point souffrir que ses gens se logassent, pour tant que de heure à autre actendoit nouvelles de ses gens qu'il avoit envoies oultre. Lesquels, chevauchans ou pays oultre le Vimeu en tirant vers Oisemont, entre le point du jour et soleil levant, approuvèrent et virent iceulx Daulphinois qui en belle ordonnance s'en venoient moult roidement en tirant vers le passage de la Blanquetaque (1). Si en furent prins aucuns de ceulx qui chevauchoient à l'escart, par les gens desdiz Saveuses et Crevecuer, par quoy la vérité de leur entencion fut lors avérée et descouverte. Et sur ce, par iceulx fut tantost et incontinent envoyé devers ledit duc de Bourgongne, qui estoit à Abbeville comme dit est, pour le faire haster afin qu'il trouvast ses ennemis avant qu'ils feussent passez la rivière. Lequel duc oyant lesdictes nouvelles fut moult joyeux, et fist diligemment tirer ses gens aux champs, et chevauchèrent après iceulx Daulphinois moult vigoreusement; et laissa tous ses arbalestriers et ceulx des bonnes villes audit lieu d'Abbeville. Lesquels Daulphinois avoient desjà apperçeu les gens du duc de Bourgongne qui encores les aguetoient et poursuivoient, et pour ce, le plus tost qu'ils porent tirèrent au passage de Blanquetaque, pour passer et aler avecques messire Jaques de Harecourt, qui estoit, à tout ses gens, de l'autre costé de la rivière vers Saint-Riquier. Durant lequel temps les gens du duc renvoièrent de rechef messages devers lui pour le faire haster. Lequel duc, qui estoit moult désirant d'assembler avecques iceulx, chevaulcha, à tout son ost, moult fort quanque chevaulx porent troter, pour les rataindre, Et commencèrent iceulx Daulphinois à passer la rivière. Mais quant ils virent ledit duc venir après eulx, à tout sa bataille ordonnéement, ils muèrent leur propos et retournèrent aux pleins champs pour venir contre lui, chevaulchans en bonne ordonnance, monstrans semblant de venir combattre ledit duc et sa puissance, combien qu'ils feussent en petit nombre au regard de lui. Et s'estoit bouté avecques eulx, Pothon de Saincte-Treille, lui douziesme, qui toute la nuit estoit venu dudit lieu de Saint-Riquier pour estre à ceste besongne. Et lors les deux parties chevauchans comme dit est l'un contre l'autre, chascun d'eulx commencèrent à veoir pleinement la puissance de son adverse partie. Et adonc, pour ce que les gens dudit duc chevauchèrent bellement, furent envoiez plusieurs héraulx et poursuivans pour les faire haster. Et ainsi chevauchèrent les deux parties assez bonne espace, toujours approuchans l'un l'autre, et messire Jaques de Harecourt, qui estoit à l'autre costé de la rivière, à tout ses gens, voiant icelles parties ainsi chevaucher l'un contre l'autre, ne s'efforça pas de passer la rivière pour aider à ses gens que lui mesmes avoit mandez, ains s'en retourna au Crotoy dont il estoit parti le matin.

                                                 


Source : La chronique d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)

Notes :
1 Blanquetade, village et gué fameux entre Saint-Valery et Abbeville.




Les chroniques

Index


Les chroniqueurs "français" :
- la geste des nobles français
- la chronique de la Pucelle
- le journal du siège d'Orléans
- la chronique de Jean Chartier
- la chronique de Perceval de Cagny
- la relation du greffier de La Rochelle
- la chronique de Tournay
- l'histoire de Charles VII de Thomas Basin
- la chronique du héraut d'armes Berri
- le registre delphinal de Thomassin
- la chronique de Richemont
- le miroir des femmes vertueuses
- la chronique fête du 8 mai
- l'abbréviateur du procès
- doyen de St-Thibaud de Metz

Les chroniqueurs "anglo-bourguignons" :
- La chronique de Monstrelet
- La chronique des Cordeliers de Paris
- Gilles de Roy
- Le Bourgeois de Paris
- La chronique de P. Cochon
- La chronique de Jean Wavrin
- La chronique de Chastellain
- Le registre du parlement de Paris
- Les mémoires de Lefèvre de Saint Rémi

Les chroniqueurs étrangers :
- la chronique de Windecke
- la chronique de Morosini
- les mémoires de Pie II



Légal         Contacts
 
© 2006-2014 - SteJeannedArc.net
1412-2012
Jeanne d'Arc, histoire et dictionnaire