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Chronique d'Enguerrand de Monstrelet - index
L.II-29- [Comment la ville de Brainne en Haynau fu destruite et désolée par les communes de Brabant. — Et aultres matières.]

tem, durant les tribulacions et haynes dessus déclarées entre les ducz de Bourgongne et de Glocestre, se mist sus à très grand puissance Phelippe, conte de Liney et de Saint-Pol (1), frère au duc de Brabant, en sa compaignie le conte de Couversen, seigneur d'Enghien, les seigneurs de Croy et de l'Isle-Adam, messire Andrieu de Valines et le bastard de Saint-Pol et plusieurs autres capitaines de guerre, avecques aulcuns banerès et gentilz hommes, et environ de trente à quarante mille communes, comme dit est dessus. Lesquelz le dessusdit conte de Saint-Pol mena devant Brainne-le-Conte ou pays de Haynau. En laquelle ville estoient environ deux cens Anglois des gens du duc de Glocestre, avec la communaulté d'ycelle. Si furent layens asségiez de tous costez, et très fort combatus par les engiens qu'ilz avoient là amenez sans nombre. Pour quoy, après que lesdiz asségiez eurent veu la grand puissance de leurs ennemis par l'espace de huit jours, commencèrent à traictier, et en fin furent d'accord, par ainsi que les Anglois » qui dedens estoient, yroient sauves leurs vies et aulcune partie de leurs biens. Et la ville, avec les habitans, demourroient en l'obéyssance du duc de Brabant, en faisant serement à lui ou à ses commis, moyennant qu'ilz payeraient certaine somme d'argent, en rachetant leur ville et leurs biens. Après lequel traictié ainsi fait, et que lesdiz Anglois furent prestz à tenir leur sauf conduict pour eulx en aler, entrèrent les communes dessusdictes, en très grand nombre, dedens ycelle ville par plusieurs lieux, et occirent grand partie d'iceulx Anglois, avec aulcuns bourgois de la ville, et prirent, ravirent et fustèrent les biens, et puis boutèrent le feu en plusieurs lieux et maisons, tant finablement que la ville fut toute arse et désolée. Ainsy et par ceste manière rompirent et enfraindirent, lesdictes communes, ledit traictié que avoient fait leurs capitaines. Et ne fu, pour prières et pour menaces, que de ce on les peust faire retarder. Dont les dessusdiz seigneurs et nobles furent très mal contens. Nientmains aulcuns d'yceulx Anglois furent sauvés et renvoyés, sauves leurs vies, ainsy que promis leur avoit esté, par le moyen des seigneurs et nobles dessusdiz. Et alors estoit en la compaignie du conte de Saint-Pol, audit siège de Brainne, Pothon de Saincte-Treille, Renauld de Longueval et aulcuns aultres, à tout leurs gens, tenans la partie du roy Charles.

  Item, après que ladicte ville de Brainne fu du tout dérobée, comme dit est, se tint l'ost des Brabançons ou propre Heu où ils estoient. Et adonc, par le moyen des lettres envoyées par le duc de Glocestre et le duc de Bourgongne l'un à l'autre, et le jour accepté comme dit est de combatre de leurs personnes pardevant le duc de Bethfort, estoit la guerre mise comme en suspens entre le duc de Glocestre et le duc de Brabant, et ne devoient plus, ne leurs gens, porter dommage l'un à l'autre, ains se attenderoient à celui qui aurait victoire de ladicte journée. Et sur ce propos se deslogèrent ledit conte de Saint-Pol et ses gens de devant Brainne, pour retourner en Brabant. Et pour tant que le duc de Glocestre, avec sa femme et toute sa puissance, tant Anglois comme Hennuyers, estoit à Songnies (2), eurent les Brabançons grand doubte de estre aulcunement envays d'yceulx, et pour ce, tous les nobles se mirent avec leurs princes en ordonnance et chevaulcbèrent par ordre tous armés, prestz comme se ilz deussent entrer en bataille. Et aussi firent aler lesdictes communes en belle et grande ordonnance, et ainsy se départirent de devant Brainne. Mais quand ilz eurent chevaulchié une partie de leur chemin, ilz oyrent nouvelles par une partie de leurs arière coureurs qu'ilz avoient laissiez derrière, que les Anglois estoient sur les champs. Laquelle chose estoit véritable. Car aulcuns des capitainnes du duc de Glocestre, à tout huit cens ou mille Anglois, se mirent sus par le congié dudit duc pour veoir yceulx Brabançons deslogier, et tant approchèrent les parties l'un l'autre qu'ilz se povoient bien tout plainement veoir. Mais il y avoit bonne espace et fossés entre ycelles parties. Toutefois, ledit conte de Saint-Pol fist mectre ses gens en ordonnance sur une montaigne, c'est assavoir ses gentilz hommes et archiers. Et pareillement se y mirent yceulx Anglois. Et entretant y eut plusieurs coureurs tant d'un costé comme d'aultre, qui escarmuchèrent très fort les ungs contre les aultres, et tant qu'en ce faisant, de chescune partie en y eut aulcuns mors et navrés et portés jus de leurs chevaulx, non mie en grand nombre. Et demourèrent en l'estat que dit est, chascune partie, en bataille, par très longue espace et jusques, chascune desdictes parties contendans que ses compaignons ennemis s'en fussent partir premiers. Et entretant qu'ilz étoient ainsy en bataille comme dit est, vinrent certaines nouvelles au conte de Saint-Pol de par le duc de Bourgongne, de la journée acceptée entre lui et le duc de Glocestre, et aussy que la guerre devoit cesser entre ycelles parties. Après lesquelles nouvelles venues, comme dit est, et qu'il estoit desjà bien tard, vers la nuit, se commencèrent à retraire les Anglois dessusdiz devers leur seigneur le duc de Glocestre, qui estoit à Songnies. Et d'autre part, le conte de Saint-Pol et les siens se départirent et alèrent logier à Hal et à l'environ, auquel lieu ilz firent faire très bon guet.

  Or est vérité que la plus grand partie des communes de Brabant dessusdictes, avecques aulcuns nobles du pays, comme Wesemale et aulcuns aultres, doubtans l'envaye et bataille desdiz Anglois, s'estoient départis de avec ledit conte de Saint-Pol, en fuiant par grand desroy en leur pays, laissans par les champs leurs armeures cheyr sans nombre, avec leurs chars et charettes et aultres habillemens de guerre. Jà soit qu'ilz feussent de trente à quarante mille hommes desdictes communes, si en demourait assez peu avec leurs chefz, et ne tint pas à eulx que à ce jour ledit conte de Saint-Pol et les aultres seigneurs et capitaines qui estoient avec luy, ne receussent grand deshonneur et grand dommage.

                                      

  Item, le XXVIe jour de février de cest an, ouquel le premier mars se devoit rendre la ville et chastel de Guise, avoit tant traictié messire Jehan de Luxembourg avec Jehan de Proisi, gouverneur d'ycelle, que ladicte ville et chastel luy furent rendus audit XXVIe jour de février, avant que le jour assigné fust venu. Et pareillement luy fu bailliée et délivrée la forteresce direction. Et fu par ces moyens du tout obéy par toute la contée de Guise. Dont il despleut grandement à Renier d'Angou (3), duc de Bar, qui d'ycelle contée estoit seigneur et vray héritier. Et par ainsy, ceulx qui s'estoient assamblés pour estre à la reddicion d'ycelle au premier mars, tant Anglois comme Picars, quand ilz sceurent les nouvelles d'ycelle reddicion, retournèrent en leurs propres lieux. Et le dessusdit de Luxembourg rendi les ostaiges aux François qui estoient dedens, lesquelz, à tout bon sauf conduict, s'en alèrent où bon leur sambla. Et lors fu commis à Guise, nouvel gouverneur, messire Daviot de Poix.

  Item, après ce que Phelippe, conte de Saint-Pol, avec les nobles de Brabant se furent retrais à Brouxelles depuis le siège de Brainne, et que les Picars se furent mis en plusieurs fors sur les marches de Haynau, le duc de Glocestre, sa femme en sa compaignie, à tout son armée, ala de Songnies à Mons, où il trouva la contesse de Haynau douaigière, avec laquelle et plusieurs nobles, conclud de retourner en Angleterre, à tout ses Anglois, adfin de lui préparer de sa personne pour combatre le duc de Bourgongne, comme par leurs lettres ci dessus escriptes estoit conclud et accordé par eulx deux. Et lors, sur le point de son département, fut requeste faite au duc de Glocestre, tant par sa belle mère, contesse de Haynau, comme par les nobles et bonnes villes du pays, qu'il volsit laissier la duchesse Jacqueline, qu'il disoit sa femme, leur dame et héritière. Lequel leur accorda, moyennant qu'ilz promirent et jurèrent sollempnellement audit duc de Glocestre, qu'ilz le garderaient et deffenderoient contre tous ceulz qui nuire ou grever le vouldroient. Et par espécial le jurèrent et promirent, les bourgois et habitans de la ville de Mons, dedens laquelle elle demoura. Et adonc, ledit duc de Glocestre et sa femme, départans l'un de l'autre en grans gémissemens, se départi, à tout quatre ou cinq mille combatans anglois, de Saint-Ghilain, et ala gésir celle première nuit à Ynins emprès Bohaing. Et après, par Vy en Artois et au dehors de Lens, ala en plusieurs jours jusques à Calais, en passant, lui et ses gens, paisiblement, en prenant vivres, sans faire nul desroy. Et remena avec luy ou pays d'Angleterre, Alyenor de Cobatre, laquelle il eut depuis espousée. Et l'avoit amenée d'Angleterre avec sa femme ou pays de Haynau ; est assavoir avec la duchesse Jaqueline de Bavière.

  A l'issue de cest an alèrent à Romme devers nostre saint père le pape, les ambassadeurs du roy Charles, desquelz le principal, l'évesque de Lionne en Bretaigne (4). Lesquelz ambassadeurs firent de par ledit roy toute obéyssance audit pape Martin ; et il les receut liement. Car par avant, ledit roy Charles s'estoit assenti à Benedict (5) avec les Espagnolz et Arragonnois.

                                                 


Source : La chronique d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)

Notes :
1 Philippe de Saint-Pol qui est né le 25 juillet 1404, mort à Louvain le 4 août 1430, comte de Saint-Pol et de Ligny (St Pol sur Ternoise - 62).

2 Soignies.

3 René d'Anjou.

4 St Pol de Léon.

5 Benoit XIII.




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