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L'auteur du Brevarium historiale

a merveilleuse histoire s'enrichit presque chaque année de quelque nouveau document, qui en confirme l'authenticité et le céleste caractère. Un des plus beaux est bien celui que M. Léopold Delisle a publié en octobre 1885 dans la Bibliothèque de l'école des chartes. Il gisait inconnu dans un manuscrit de la bibliothèque du Vatican où le comte Ugo Balzani le signala, la même année 1885. Le savant et patriotique directeur de la Bibliothèque nationale s'est hâté d'en faire jouir tous les amis de la libératrice, en même temps que sa sagacité nous donnait sur l'auteur des détails pleins d'intérêt que je vais lui emprunter.
  En 1429 vivait à Rome, à la cour de Martin V, un ecclésiastique qui avait publié vers la fin de l'année précédente, ou même dans les deux premiers mois de 1429, un abrégé de l'histoire du monde : Breviarium historiale.
  Il prend à la création et finit au moment même où il livre son manuscrit aux copistes. On connaît sept de ces exemplaires manuscrits. L'abrégé de l'histoire universelle fut assez estimé pour que, en 1474, vingt ans après l'invention de l'imprimerie, un chanoine de Poitiers le fit jouir du bénéfice de la nouvelle invention, et le fit imprimer à Poitiers. Il ne donna pas le nom de l'auteur qu'il ignorait peut-être, et il ne pouvait reproduire l'œuvre que d'après les textes lancés dès la fin de 1428, ou dès les premières semaines de 1429. Il ne pouvait pas y être question de la Pucelle, qui arrivait à Chinon le 6 mars 1429 et délivrait Orléans le 8 mai de la même année; mais l'auteur de la chronique universelle ajouta un chapitre à l'exemplaire qu'il s'était réservé; il y consigna le récit de la merveille qui se passa en France aussitôt après l'émission de son oeuvre ; récit circonspect, où l'on trouve cependant des détails fort intéressants, parfaitement en harmonie avec le caractère connu de la Pucelle. C'est ce chapitre qu'a publié M. Léopold Delisle.
  Ce clerc était Français. Les Anglais sont pour lui adversarios nostros et la Pucelle nostra Puella. Ce qui le prouve encore mieux, c'est l'accent avec lequel dans son abrégé il parle de la France... Quant au clerc de la cour de Martin V, il suffit de voir avec quel accent il raconte les malheurs de la France en 1428, pour deviner un Français. Je traduis quelques phrases du texte latin cité par M. Léopold Delisle.

  « Sous le Pontificat de ce Pape (Martin V), la fleur et le lis du monde, le royaume de France, ce royaume opulent entre les plus opulents, devant lequel l'univers s'inclinait, a été jeté bas par le tyran Henri, cet envahisseur, cet injuste détenteur de l'Angleterre elle-même. Tel est son état qu'on ne peut pas en croire ses yeux, quand ils nous montrent à quel degré d'humiliation en est momentanément réduit un royaume autrefois si haut, si puissant que la langue peut à peine l'exprimer » Après avoir parlé des traîtres qui ont fait cause commune avec l'envahisseur, ou qui s'accommodent de sa domination, l'auteur continue :

  « Qu'ils portent le stigmate des parjures, ceux qui ont foulé aux pieds leurs serments; qu'ils soient mis au nombre des traîtres ceux qui ont préparé la ruine de leurs concitoyens. Qu'à travers les âges, l'infamie s'attache aux destructeurs de leur patrie ! qu'ils aient les yeux crevés, qu'ils périssent de mort violente les ennemis de la gloire de leur pays, ceux qui l'ont livré à l' étranger ! »


La colère, la compassion éclatent dans le morceau tout entier. Mais l'espérance survit à tous les désastres, comme elle survit dans les coeurs qui aiment ardemment. Voilà pourquoi le digne clerc écrit encore :

« Le très chrétien prince, le roi Charles, a beau être abandonné par les siens ; le ciel remettra entre ses mains l'étendard de la victoire; le tout-puissant qui donne de vaincre lui sera propice et lui accordera secours.... pourvu cependant qu'il s'humilie, et qu'il l'implore avec un coeur pur. »

  Qu'on juge des transports d'un tel Français, lorsque quelques semaines,
ou quelques mois après qu'il avait publié ces pages, l'avènement de la Pucelle justifiait et dépassait ses espérances, il reprit son manuscrit; il y fit l'addition suivante, dont j'emprunte en grande partie la traduction à M. Léopold Delisle. (2)


Traduction

  Me adhuc in urbe Romana degente, post hujus operis compillationem, inter alias que supervenerunt in orbe novitates, uti dietim evenerunt, una est tam grandis, tam alta, sic invisa, quod a mundi origine nec legitur similis. Ideo, huic addendo operi quid modicum, de ipsa fabor.
  Ingressa est enim regnum Francorum puella quedam, Johanna nomine, nec ante ingressa, nisi cum propinquum foret illud regnum ruine totali et casui, et dum sceptrum dicti regni debebat exteris, unius puelle actus et opera potius censenda sunt divina quam humana. Suam enim in actibus bellicosis strenuitatem mallo silentio tegere quam minus vere aut non plene edissere. Delectat tamen inserere quid avisatum est super credulitate ei prestanda. (Ponantur hic motiva.)

(Espace vide de onze lignes.)

  Secundo acceptum dicere aliquid super hoc quod ipsa veste utitur
virili, pro quo triplex veritas inseritur.

(Espace vide de neuf lignes.)

  Supradicte puelle gloriosissime bella et conflictus per amplius mirabiliores apparebunt, si mulierum actus bellicosi, quos tam sacro in codice quam historiis Gentilium denotati sunt, in medium deducantur. Reffert quippe sacer codex, Judicum quarto, quod Debbora, que populum judicabat Israelliticum, Barach convocavit, precipiens ei quod secum tolleret decem milia pugnatorum, et ipsa traderet noningentos currus falcatos et totum exercitum regis Jabini ; cui respondit Barach quod, nisi ipsa pergeret cum eo, ipse non progrederetur ; quod et factum est, totusque ille exercitus in ore gladii fuit deletus. Non tamen legitur quod ipsa Debbora aliquid manualiter egerit.
  De Judith autem, sui libri capitulo XIIII, legitur quod Oloferni, principi milicie regis Nabuchodonosor, urbem Jerosolimitanam obsidenti, suoque in stratu jacenti, nimia ebrietate sopito, caput amputavit, et secum ad urbem portavit; suspensoque dicto capite jussu dicte Judith super muros urbis, precepit viris Jerusalem ut unusquisque arma caperet, et grandi cum strepitu ac ulutatu insequerentur Assirios; quod et fecerunt usque ad suorum finium estremitatem. Nec aliud nisi ut premissum est egit Judith.
  De Hester autem legitur, XIIII, XV et XVI sui libri capitulis, quod, cum vestes deposuisset regias, fletibus et luctui apta suscepit indumenta, et pro unguentis variis cinere et stercore implevit caput; sicque suum afflixit corpus jejuniis quod potiri meruit, regis in conspectu, gratiam ut edictum mortis, adversus populum judaycum promulgatum, prorsus tolleretur, et quod liceret Judeis suis uti legibus.
  In historiis et Gentilium reperitur quod Panthasilea cum mille puellis, quarum cura potentissima erat armis bellicis insudare, in suffragium regis Priami venit, ubi sic viriliter concertavit quod, uno animo irruentes in Mirmidones, ex ipsis plurimos trucidarunt, et de Grecis plusquam duo millia, prout historia reffert Trojana.
  An autem nostra puella equiparetur supradictis, seu supergrediatur dictas mulieres, liquere potest ex suis actibus strenuissimis et virtuosissimis ac bellicosissimis, quorum solum exordium tangam, nec ultra extendam calamum ratione jam dicta.
  Existente enim eivitate Aurelianensi obsessa per hostes regni, et propter diutinam obsessionem adeo angarita, quod civibus preter Deum nullus auxiliari poterat, hec puella, que numquam aliud noverat quam peccorum custodiam, paucissimis cum bellatoribus associata, sic strenue, sic viriliter dictam agressa est obsidionem, inextimabiliter pugnatorum agmine constipatam, quod infra triduum totum illum exercitum aut continuit aut fugavit. Revera humanitus impossibile reputabatur, visa exercitus pompa, robore pugnatorum, dictorum fortitudine armatorum, concordia animorum, specie juvenum, residuum orbis quod ipsa triduo egit in uno mense agere posse. Sed unde hoc, nisi ab illo in cujus facultate est concludi multos in viam paucorum, et non est differentia liberare in multis et in paucis ? Te igitur Deum, regem omnium regum, collaudo quod humiliasti sicut vulneratum superbum, et in virtute brachii tui continuisti adversarios
nostros.
  Si de aliis circumstantiis queratur, hujus puelle etas annorum XVII, fortitudo et aptitudo corporalis, quam in sustinendis his laboribus habet, ita ut nulli sit secunda quantumcumque robusto virili vel his assueto; imo nullus qui valeat aut velit in diligentia eam subsequi. Nullum emolumentum temporale querit; sed cum multa sibi donantur, nichil impendit, sed ea redonat; responsa ejus brevissima et simplicia; in facto sue legationis prudentissima, vita honestissima, sobria, in nullo superstitiosa nec sortilega, licet nonnulli emuli veritatis eam asseverent sortilegam.
  Quod autem nullatenus superstitiosa aut sortilega sit patere potest ex distinctione signorum que flunt per bonos, que tripliciter ab illis que fiunt per malos secernuntur. Primo ex virtutum operantis efficatia, quia signa facla per bonos divina virtute fiunt, in illis etiam ad que virtus active nature se nullo modo extendit. Secundo ex utilitate signorum, quia signa per bonos facta sunt et flunt de rebus utilibus; signa autem per malos facta sunt de rebus nocivis et vanis, sicut quod volant in aere, et reddunt membra hominis stupida, et hujus modi, et hanc differentiam assignat beatus Petrus in Itinerario Clementis. Tertia diffferentia est quantum ad fines, quia signa bonorum ordinantur ad hedificationem fidei et bonorum morum, sed signa malorum sunt in manifestum nocumentum fidei et honestatis.
  Attente igitur quod dicta puella dietim, priusquam missam audiat, confitetur, et semel in ebdomada devotissime suscipit eucharistie sacramentum, quanquam sui actus vires transcendunt feminei sexus; et pro re utili millitat et equa, puta pro regni Francorum pacificatione, unde sequetur fidei sublevatio, que, visis suffrages olim per dictum regnum fidei et ecclesie impensis, sic utique non decidisset, si in tot bellorum incursibus immersum non fuisset : unde oportet necessario concludere a Deo et non sortilege procedere, ut aliqui autumant, sicut supradicti emuli veritatis.
  Quid plura ? Dicta puella a Francorum rege unum donum sibi dari impetravit. Quod et rex spopondit. Et ipsa petiit tunc regnum sibi dari. Quo[d] rex admiratus, post tractus temporis, illi dedit et ipsa acceptavit, voluitque sibi litteras per quatuor regis secretarios confici et recitari sollemniter. Quo facto, rex remansit aliquantulum admiratus. Et ipsa circumstantibus ait : « En hic est pauperior miles sui regni ! » Et post pusillum temporis, coram dictis notariis, tanquam donataria regni Francie, illud remisit Deo omnipotenti. Post autem alium temporis tractum, Dei jussu, ipsum regem Karolum de regno Francie investivit, et de omnibus voluit litteras sollemniter confici.


                                                         


Traduction de Léopold Delisle :

  Pendant que je demeurais à Rome, après l'achèvement de ce travail, parmi les nouveaux événements qui sont survenus dans l'univers, il s'en est produit un si grand, si considérable et si inouï qu'il ne paraît pas en être arrivé de pareil depuis l'origine du monde. Je ferai donc une addition à mon ouvrage pour en dire quelques mots.
  Une pucelle, nommée Jeanne, est entrée dans le royaume de France ; elle y est seulement arrivée quand le royaume était à la veille d'une ruine complète et au moment où le sceptre de ce royaume devait passer dans une main étrangère. Cette jeune fille accomplit des actes qui paraissent plutôt divins qu'humains. J'aime mieux passer sous silence sa bravoure à la guerre que d'en parler inexactement et insuffisamment. Il me plaît cependant de marquer ici les moyens employés pour s'assurer qu'on devait avoir confiance en elle.

Ici, onze lignes sont restées en blanc dans le manuscrit. (1)

  En second lieu, reprend l'écrivain, je veux parler des habits d'homme dont Jeanne tient à se servir. Sur quoi trois points sont à faire remarquer.

Ici nouveau blanc de neuf lignes.

  Les guerres et les combats de ladite très glorieuse pucelle paraîtront encore plus merveilleux, si je rappelle ici les exploits belliqueux des femmes que nous trouvons racontés dans l'histoire sainte et dans les histoires des Gentils. La sainte Écriture rapporte, au chapitre IV des Juges, que Débora, qui jugeait le peuple d'Israël, ordonna à Barac de prendre avec lui 10,000 combattants et promit de faire tomber en son pouvoir 900 chars à faux et toute l'armée du roi Jabin. Barac ne voulut tenter ce coup de main qu'accompagné de Débora. Elle y consentit, et toute l'armée ennemie fut exterminée. Il n'est pas dit cependant que Débora ait donné de sa personne dans le combat.
  Le chapitre XIV du livre de Judith nous apprend que l'héroïne, profitant du sommeil d'Holopherne, coupa la tête de ce capitaine, envoyé par Nabuchodonosor pour assiéger Jérusalem; elle fit exposer cette tête sur les murs de la ville, et elle ordonna aux habitants de prendre les armes, de s'élancer en poussant des cris et des hurlements, et de poursuivre les Assyriens, qui furent ainsi rejetés au delà des frontières du pays. Judith n'en fit pas davantage.
  Quant à Esther, nous lisons, aux chapitres XIV-XVI de son livre, qu'ayant déposé les habits royaux, elle prit des vêtements de deuil, se couvrit la tête de cendre et d'ordure et livra son corps aux macérations et aux jeûnes, pour toucher le cœur du roi, qui rapporta un édit promulgué contre le peuple juif et autorisa les Israélites à vivre conformément à leurs lois.
  On trouve, enfin, dans les livres des Gentils que Penthésilée, avec un millier de filles adonnées aux exercices militaires, vint au secours du roi Priam, et qu'elle et ses compagnes combattirent si vaillamment qu'elles taillèrent les Myrmidons en pièces et qu'elles massacrèrent plus de 2.000 Grecs, comme le rapporte l'histoire troyenne.
  Que notre pucelle égale ou même dépasse toutes ces femmes, c'est ce qui est rendu évident par des actes extraordinaires de bravoure, de courage et d'intrépidité dont je rapporterai seulement le commencement, sans aller plus loin par les motifs ci-dessus énoncés.
  La ville d'Orléans était assiégée par les ennemis du royaume; la longueur du siège l'avait réduite à une telle extrémité que les habitants ne pouvaient plus espérer de secours qu'en Dieu. C'est alors que cette jeune fille, qui n'avait encore connu que la garde des troupeaux, accompagnée d'un très petit nombre de gens de guerre, attaqua avec une telle impétuosité l'armée assiégeante, composée d'une innombrable quantité de combattants, qu'en trois jours toute cette armée fut condamnée à l'inaction ou mise en fuite. A voir le brillant appareil de cette armée, la force des combattants, le courage des gens d'armes, la bonne entente des chefs et l'ardeur de la jeunesse, on eût pensé que les forces réunies de l'univers n'auraient pas pu faire en un mois ce que la Pucelle accomplit en trois jours. A qui l'attribuer, sinon à celui qui peut faire tomber une grande foule sous les coups de quelques hommes, et pour qui le salut d'un grand nombre ne présente pas plus de difficultés que le salut d'un petit nombre ? C'est donc à vous, mon Dieu, roi de tous les rois, que je rends grâce d'avoir humilié le superbe en le brisant, et d'avoir maîtrisé nos adversaires par la force de votre bras.
  La Pucelle est âgée de dix-sept ans ; la force et l'adresse dont elle est douée lui font supporter les fatigues avec autant et plus de vaillance que les hommes les plus robustes. Elle ne recherche aucun avantage temporel. De l'argent qu'on lui donne, elle ne dépense rien, elle en fait des cadeaux ; ses réponses sont brèves et simples ; elle est très prudente au fait de sa mission (in facto sue legationis prudentissima). Ses moeurs sont irréprochables ; elle est sobre, nullement superstitieuse, ni adonnée aux sortilèges, quoique les envieux l'en aient accusée.
  Qu'elle soit exempte de superstition et de sortilège, c'est ce qu'on reconnaîtra aisément à trois caractères qui empêchent de confondre les miracles accomplis par les bons avec ceux des mauvais. Les premiers, quand même ils paraissent dépasser les forces de la nature humaine, s'opèrent avec le secours de la puissance divine ; ils ont toujours une véritable utilité, tandis que les autres aboutissent à des maux ou à des futilités, comme quand on vole dans les airs ou qu'on plonge les membres d'un homme dans l'engourdissement. Un dernier caractère des vrais miracles, c'est qu'ils ont pour but le développement de la foi et l'amélioration des moeurs.
  Or, il faut remarquer que ladite Pucelle se confesse tous les jours avant d'entendre la messe; elle communie chaque semaine; ses actions dépassent, il est vrai, les forces de son sexe ; mais elle combat pour une cause utile et juste, puisque c'est pour pacifier le royaume de France, ce qui entraînera le relèvement de la foi, qui, à en juger par l'expérience des siècles passés, n'aurait pas tant souffert si la France n'avait pas été entraînée dans un tourbillon de guerres désastreuses. Il faut donc nécessairement conclure que les succès de la Pucelle sont dus à la volonté divine et non pas à des sortilèges, comme le prétend la jalousie.
  Que dire de plus ? Un jour, la Pucelle a demandé au roi de lui faire un présent. Cette prière fut aussitôt agréée. Jeanne ne demanda rien de moins que le royaume de France. Le roi, étonné, fit le cadeau après un instant de réflexions. Jeanne l'accepta, et s'en fit faire, par les quatre secrétaires du roi, une charte dont il fut donné une lecture solennelle. Le roi en était un peu ébahi, et Jeanne, en le montrant à l'assistance, tint ce propos : « Voilà le plus pauvre chevalier de son royaume ! » Presqu'en même temps, par-devant les mêmes notaires, elle livra au Dieu tout-puissant le royaume de France qu'elle venait de recevoir en don. Puis, au bout d'un instant, obéissant à un ordre de Dieu, elle investit le roi Charles du royaume de France ; et de tout cela elle fit dresser un acte solennel. (2)


                                                 


Sources : Texte original latin et traduction : Léopold Delisle, "Bibliothèque de l'École des Chartes", t.XLVI, 1885.
Présentation : J.B.J.Ayroles, "La vraie Jeanne d'Arc, t.I, p.53 et suiv.

Notes :
1 L'écrivain se proposait évidemment d'y indiquer les épreuves auxquelles le conseil du roi avait soumis Jeanne dans les villes de Chinon et de Poitiers. L'intention de l'auteur est clairement exprimée par la note Ponantur hic motiva, qu'il a mise en tête du blanc. (Delisle)

2 Il n'y a pas à se méprendre sur la date et le caractère d'un tel témoignage. Il a été écrit à Rome, aussitôt après qu'on apprit dans cette ville la nouvelle de la délivrance d'Orléans, et avant qu'on y sût le sacre du roi à Reims, c'est-à-dire dans l'été de l'année 1429. L'écrivain était assurément un Français, puisqu'en parlant de Jeanne d'Arc et des Anglais il emploie les expressions nostra puella et adversarios nostros.
L'ouvrage qu'il venait d'achever, et auquel il éprouva le besoin d'ajouter cette note supplémentaire, est une chronique universelle, qui commence à la création du monde et qui s'arrête à l'année 1428. Nous en connaissons sept manuscrits, quatre à la Bibliothèque nationale, deux au Vatican et un à Genève.
(Voir ici l'article complet de Delisle).




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